Au-delà de son apparente simplicité, la Danoise fait plier les plus grosses multinationales. La centriste pourrait devenir présidente de la Commission européenne, un poste pourtant promis au PPE.

Magrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence est sans contestation possible une femme de pouvoir. La presse américaine la surnomme la « dame de fer » ou encore la « femme qui fait trembler Google ». Son parcours a également servi de source d’inspiration à la série Borgen qui met en avant une première ministre du Danemark. Voilà qui pose un personnage.

Pourtant, cette centriste née en 1968, affectionne la sobriété. Fille de pasteurs luthériens, mariée à un professeur de mathématiques, mère de trois filles, elle passe ses vacances sur l’Ile d’Oléron où elle possède une maison. La carrière politique de cette francophone commence dans son pays natal. Engagée au sein du parti-social-libéral (Radikale Venstre), elle occupe le poste de ministre de l’Éducation et des affaires ecclésiastiques de 1998 à 2001. En 2011, son parti retrouve sa place au gouvernement et Magrethe Vestager est nommée ministre des Affaires économiques puis occupe le ministère de l’Intérieur. En 2014, à la Commission européenne présidée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, elle occupe le poste ô combien sensible de commissaire européenne à la Concurrence.

Un poste stratégique puisqu’elle doit se frotter aux multinationales américaines telles qu’Apple, Google, Amazon, Starbucks ou encore Facebook qui évitent les taxes et peuvent se trouver en situation de monopole. Sa ligne de conduite est la suivante : l’UE est assez forte pour se faire respecter des plus grosses entreprises, Gafa y compris. Ainsi, en 2016, elle demande à Apple de rembourser 13 milliards d’euros de taxes que le géant de la Silicon Valley aurait dû régler à l’Irlande. Un an plus tard, elle inflige à Google 2,42 milliards d’euros d’amende pour abus de position dominante.

Selon elle, l'UE est assez forte pour être respectée des Gafa

Mais il serait injuste de considérer la Danoise comme une « obsédée des Gafa ». Elle s’est également opposée avec succès au russe Gazprom accusé de vendre du gaz en dessous du prix du marché à certains États membres de l’UE. Même si elle revendique un « patriotisme européen », de nombreuses entreprises du Vieux Continent ont vu certains projets enterrés par la commissaire. Ainsi, en février 2019, elle met son veto à la fusion entre Alstom et Siemens qui aurait « réduit de manière significative la concurrence, augmenté les prix et fait reculer l’innovation ». De la même manière, en juin, elle s’oppose au mariage entre l’allemand TyssenKrupp et l’indien Tata Steel. Selon elle, l’opération aurait conduit à une hausse du prix de l’acier.

Les dernières élections européennes de mai 2019 vont entraîner un changement de têtes à la Commission européenne. Et Magrethe Vestager devra céder son siège. Elle pourrait, pourquoi pas, aller plus haut. Le PPE de droite est le parti majoritaire dans l’UE et selon une règle non écrite, c’est son « Spitzenkandidat » qui doit présider la Commission. Mais le parcours de l’allemand Manfred Weber (il n’a jamais été ministre dans son pays) déplaît à de nombreux pays dont la France. Conséquence : le profil de la commissaire à la concurrence deviendrait un recours de choix pour une UE en quête d’un dirigeant charismatique capable de croiser le fer contre les grands de ce monde.

Lucas Jakubowicz

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