En Europe, les partis les plus europhiles sont ceux qui progressent le plus. Tel est le principal enseignement du scrutin du 26 mai.

À l’échelle de l’UE, les grands vainqueurs des élections européennes sont l’Europe, l’ALDE (groupe qui comportera LREM) qui passe de 68 sièges à 109 sièges , ainsi que les Verts, qui passent de 52 à 77 sièges. 

Les grands perdants sont le PPE, formation alliant les droites européennes, qui passe de 217 à 175 sièges ainsi que la formation Sociaux & Démocrates (de 186 sièges à 148 sièges). L’alliance des partis de gauche et de centre gauche chute de 191 à 159 sièges. Les partis nationalistes et populistes voient leur progression annoncée entravée. Même s’ils se rapprochent, ils ne seront pas en mesure de peser ou de former une majorité.

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L’Europe gagne trois matchs

La première des victoires, est la suivante : l'élection a attiré les citoyens vers les urnes. L’abstention a baissé en France comme dans toute l’Europe. Pas évident pour une campagne qu’on a dit éclipsée par le grand débat. La deuxième victoire pour l’Europe est discrète mais certaine : les partis europhobes s’adoucissent rapidement et glissent vers un simple euroscepticisme; les formations populistes ou nationalistes ont retiré de leur programme la sortie de l’Euro ou de l’Union. Les quelques listes qui avaient mis la sortie de l’Euro ou de l’UE au menu ont été sanctionnées, à l’exception de celle de Nigel Farage. Ainsi, les deux listes françaises défendant le Frexit (l’UPR de François Asselineau et Les Patriotes de Florian Philippot) n’ont pas fait le plein. A eux deux, ils font moins de voix que le parti animaliste.Idem au Benelux. Enfin, la progression des listes eurosceptiques et populistes est contenue : elles sont stables en progression faible. Certaines régressent, comme en Autriche ou aux Pays-Bas.

Les Verts : une progression historique

Grâce à de très bon scores dans plusieurs pays, notamment en Allemagne (22%) et en France (13,7%), les écologistes vont pouvoir envoyer un groupe parlementaire conséquent. 

La progression est remarquable, notamment sur les jeunes Européens. Le vote des “jeunes” pour les Verts dépasserait les 35%, notamment en Allemagne. Toutefois, dans de nombreux pays du sud et de l’est de l’Europe, les Verts n’ont pas franchi la barre des 5%. 

Les centristes et libéraux désormais faiseurs de roi 

Alors que s’érode fortement le poids des formations traditionnelles que sont le PPE (droite) et les sociaux-démocrates (centre gauche), l’ALDE prend un rôle clef, en voyant progresser son score, qui passe la barre des 100 sièges (109). 

Au sein de l’ALDE, la formation française LREM représentera près du quart des parlementaires et aura donc un rôle prépondérant. La tête du groupe pourrait logiquement lui revenir, surtout si le président actuel de l’ALDE, le Belge Guy Verhofstadt prenait la présidence du Parlement européen, ce qui se murmure comme une option réaliste.

Le Parlement européen comptant 751 sièges, il faut 376 sièges pour acquérir une majorité. L’alliance PPE - S&D ne suffira pas. Il faudra le triptyque ALDE - PPE - S&D pour valider les projets réglementaires et les budgets européens. Si une telle alliance à trois voyait le jour, l’appui des Verts ne sera pas nécessaire. 

Les partis europhiles sont ceux qui progressent le plus

A noter aussi qu’une alliance entre partis modérés sans l’un des trois partis que sont l’ALDE, le PPE et le S&D ne suffirait visiblement pas à franchir la barre des 376 votants. Enfin, il n'aura echappé à personne que les Verts et l’ALDE sont parmi les partis les plus europhiles et sont aussi ceux qui progressent le plus. 

Les partis populistes et nationalistes font pshitt

Annoncés comme possibles grands gagnants, les nationalistes n’ont pas remporté leur pari. Certes, ils consolident leur position et rappellent qu’ils auraient pu s’effondrer avec le reflux de la crise financière. Selon les pays, ils améliorent leur score (Hongrie, Italie…), refluent (Autriche), ou se maintiennent à leur niveau (Allemagne, France…).

En conclusion, l'Union européenne et l'envie d'Europe sortent renforcées de cette élection, qui a permis de retisser un lien plus fort avec les électeurs. La montée en puissance de l’Europe sociale, mais aussi la menace du populisme, comme celle des blocs chinois, russe et américain ou du terrorisme ont été mobilisatrices. Reste à déterminer les dirigeants que l’Europe se choisira désormais dans les prochaines semaines à la Commission, au Parlement, au Conseil ou à la BCE. Les négociations peuvent commencer.

Pierre-Etienne Lorenceau

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