Députée européenne depuis 2009, Karima Delli revient sur l’urgence climatique et défend le bilan de son groupe parlementaire qui compte 52 élus.

Décideurs. Lors des élections européennes, l’abstention est traditionnellement élevée. Comment convaincre les abstentionnistes ?

Karima Delli. Pour trouver des réponses concrètes aux enjeux sociaux, climatiques et énergétiques nous n’avons pas le choix, il faut passer par l’Union européenne. Le message est donc simple : la construction européenne se fera quoi qu’il arrive. Voulons-nous qu’elle se fasse sans nous ? Si la réponse est non : votons !

Toutefois la tentation de l’abstention et les accusations de structure technocratique sont compréhensibles. Les Français sont passionnés par les enjeux européens. Ils sont près de 70% à s’être déplacés pour aller voter dans le cadre du référendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe en 2005. Ils se sont exprimés mais n’ont pas eu le sentiment d’avoir été écoutés. J’encourage tous les électeurs à reprendre le fil de la discussion.

Les sujets liés à l’immigration ou à la politique nationale sont mis en avant dans la campagne. C’est moins le cas pour l’écologie. Partagez-vous ce sentiment ?

Oui. Mais j’observe une mobilisation très forte de la jeunesse avec la marche pour le climat. Plus largement, c’est une société écologique qui se met progressivement en place. Les Français aiment l’écologie. Penchons-nous sur nos habitudes alimentaires, notre mode de vie, notre rapport au travail et comparons-les avec ce qu’ils étaient il y a dix ans. La prise de conscience est flagrante et il n’est pas exagéré de dire que l’écologie est en train de remporter la bataille intellectuelle. L’écologie est enthousiasmante, positive et créatrice d’emplois. Nos concitoyens réalisent cela. Nous ne sommes pas condamnés à des scores à un chiffre !

D’autres partis se proclament écologistes, voire présentent d’anciens membres d’EELV sur leurs listes. C’est particulièrement le cas pour les élections européennes de 2019. N’avez-vous pas peur d’une récupération de l’écologie ?

Si cette tendance s’observe, c’est bien la preuve que l’écologie occupe une place centrale dans le débat public. Mais attention, mener une politique verte ce n’est pas s’acheter une bonne conscience la veille des élections ou parler d’environnement pour essayer de grapiller des électeurs. Faire de l’écologie, ce n’est pas se contenter de mesurettes. Les partis qui se prétendent désormais écolos ont-ils réduit suffisamment le CO2 ? Ont-ils interdit le glyphosate ? La réponse est non, évidemment.

"Mener une politique verte, ce n'est pas s'acheter une bonne conscience la veille des élections"

Nous autres, Verts européens sommes les seuls à être cohérents sur tous les sujets. Nous sommes 52 députés nous votons tous la même chose. En matière d’environnement, ce n’est pas le cas dans les autres groupes.

Les autres groupes politiques au Parlement européen n’ont pas conscience de l’urgence climatique ?

Elle est prise en compte. Mais il y a encore trop peu d’actions concrètes et pour qu’elles se mettent en place, cela demande énormément de temps. Il faut se battre pour une PAC qui ne subventionne pas de pesticides alors que ces derniers, c’est scientifiquement établi, tuent des agriculteurs. Heureusement, il est possible d’agir concrètement à l’échelle européenne.

Justement quelles sont les grandes avancées obtenues par les écologistes au cours de la dernière législature ?

Nous disposons d’un bilan concret et chiffré que nous avons mis à disposition du grand public. Ce sont les Verts par exemple qui ont lancé la commission d’enquête sur le diesel Gate. Les avancées en termes de droits de travailleurs détachés, de diminution du CO2 pour le camion, de politiques ferroviaires sont à mettre à notre actif. Nous avons également fait en sorte de financer les start-up actives dans la mobilité durable, notamment via le prix européen des start-up de la mobilité.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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