Érigées en symbole de l’écologie par un certain nombre d’acteurs privés, les éoliennes sont au cœur de l’un business les plus lucratifs au monde. Une réalité trop peu connue que Jean-Louis Butré, le président de la Fédération environnement durable, pointe du doigt.

Décideurs. Quel est le problème autour des éoliennes ?

Jean-Louis Butré*. Tout d’abord, il faut bien comprendre que les éoliennes ne produisent pas d’électricité de façon permanente puisqu’elles sont tributaires du vent. Ces machines sont également problématiques sur le plan économique. Depuis qu’elles ont vu le jour en 2011, on nous dit qu’elles seront rentables. Elles ne le sont toujours pas et continuent d’être subventionnées par l’État. Par ailleurs, nous ne fabriquons pas d’éoliennes en France, nous sommes donc contraints de les importer. Or, chacune coûte trois millions d’euros. Nous disposons pourtant déjà d’un système de production d’énergie exploitable en France.

Les arguments en faveur des éoliennes, sur le plan écologique notamment, seraient donc faux ?

Ils sont fallacieux. Aucune électricité générée en France ne produit aujourd’hui de CO2. On fait comme si les énergies renouvelables pouvaient remplacer les centrales nucléaires. Or, tous les spécialistes savent que c’est impossible. On peut vouloir implanter un million d’éoliennes, mais si le soir venu il n’y a pas de vent, alors il n’y aura pas d’électricité. Nous serons donc obligés de prévoir des sources de remplacement qui, elles, seront polluantes, comme les centrales à gaz. Dire que les éoliennes sont des solutions écologiques est un pur arguments marketing.

« On fait comme si les énergies renouvelables pouvaient remplacer les centrales nucléaires. Or, tous les spécialistes savent que c’est impossible »

À qui profite ce système ?

Parmi ceux qui tentent d’en profiter, se trouvent de petites sociétés qui investissent dans l’éolien. Comme elles bénéficient de la garantie de l’État de pouvoir vendre leur électricité à un prix exorbitant, les banques acceptent de leur prêter des fonds. Elles fonctionnent donc entièrement sur l’emprunt. Ce système a permis à certains de faire fortune. Les consommateurs, de leur côté, sont les grands perdants puisqu’ils subissent l’augmentation du prix de l’électricité. En Australie du Sud par exemple, où sont installées beaucoup d’éoliennes, certaines études démontrent que si la pauvreté s’accentue, c’est directement à cause de l’augmentation du prix de l’électricité.

« L’investissement en matière d’éoliennes est, au niveau mondial, plus important que celui de l’automobile »

Pourquoi l’État ne s’empare-t-il pas de cette question ?

Depuis 2001, aucun gouvernement n’a eu le courage politique de dire ce qu’on allait faire des centrales nucléaires. Aucune décision n’est prise. Au départ, il y a une volonté de faire de l’écologie. Mais il s’agit en réalité d’un business colossal. L’investissement en matière d’éoliennes est, au niveau mondial, plus important que celui de l’automobile. Aujourd’hui, personne ne sait qui sont les acteurs de cette affaire. Il y a une grande opacité et à chaque fois que des organismes tentent de se renseigner, ils se heurtent à un mur. Certains profitent de ce système pendant que d’autres en sont victimes. Ce n’est plus de l’écologie, c’est de l’écolo-business.

Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

Qu’ils arrêtent d’écouter et de croire les lobbies, notamment les industriels, l’Agence de maîtrise de l’énergie ou le Syndicat des énergies renouvelables. On a l’impression que ces derniers font la loi, et qu’il n’existe aucun contre-pouvoir. Les mesures votées lorsque Ségolène Royal était ministre de l’Écologie ne protègent pas les citoyens. Les éoliennes, par exemple, bénéficient d’une loi spéciale en matière de permis de construire. Une machine de 235 mètre de haut peut être installée sans autorisation, alors qu’il en faut une pour construire une simple cabane de jardin. Aujourd’hui, tout est fait pour accélérer la mise en œuvre des éoliennes. 

« Ceux qui les critiquent sont considérés comme des assassins, catalogués comme des anti-progrès  »

Quels sont les risques pour les riverains ?

Les infrasons, qui se propagent autour des éoliennes rendent malades certains riverains, notamment ceux qui ont une sensibilité particulière au niveau de l’oreille interne. Ils ne peuvent plus dormir, ils ont des nausées. On ne doit pas les ignorer. Il est indispensable qu’un état des lieux soit fait, ce n’est pas le cas.

Pourquoi avez-vous tant de difficultés à vous faire entendre ?

Les éoliennes ont été érigées en symbole de l’écologie. Ceux qui les critiquent sont considérés comme des assassins, catalogués comme des anti-progrès. Nous nous battons contre l’un des lobbies les plus puissants au monde. C’est David contre Goliath.  

Propos recueillis par @CapucineCoquand

* Auteur de Éolien, une catastrophe silencieuse, Éditions L’Artilleur, 15 euros, 157 pages.

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