Le procès du frère et maître à penser de l’auteur des attentats de Toulouse et Montauban, accusé de complicité d’assassinat, débute lundi 2 octobre à Paris, entre colère et frustration.

Comprendre ce qui a poussé Mohammed Merah à assassiner sept personnes, et blesser six autres, avant d’être lui-même abattu par le Raid en 2012. Tel est le principal enjeu du procès de son frère, Abdelkader Merah  ̶  accusé de « complicité d’assassinat et tentatives d’assassinat commis en relation avec une entreprise terroriste »  ̶  qui s’est ouvert lundi 2 octobre au Palais de Justice de Paris. « Analyser son parcours et l’influence qu’il a pu avoir sur Mohamed Merah permettra de mieux cerner ce processus de fanatisation qui se développe dans certaines familles », estime Thibault de Montbrial, avocat de nombreuses parties civiles dans des dossiers terroristes et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.

Un véritable tournant

Un procès historique ? Sans doute. Pour la première fois, une cour d’assise examinera les circonstances d’un attentat djihadiste. « La tuerie de Toulouse marque un véritable tournant. C’est la première étape du terrorisme contemporain, poursuit l’avocat. Pour les services de renseignement, il marque la bascule entre les anciennes menaces et les nouvelles. » L'enjeu est à la fois public et judiciaire. « Nos règles doivent recevoir application, quel que soit l’accusé qui est jugé, sinon nous ne sommes plus dans une civilisation digne de ce nom », rappelait l’avocat d’Abdelkader Merah, le ténor du barreau de Paris Éric Dupont-Moretti sur les ondes de RMC il y a quelques mois, précisant que les éléments de l’enquêtes ne sont pas de nature à condamner son client. « Il n’y a rien, ou très peu de choses dans le dossier. On l’a renvoyé aux assises par défauts », expliquait celui qui, depuis le début du procès, limite toute intervention médiatique. Le frère de Mohamed Merah sera jugé en même temps qu’un autre délinquant, le Toulousain Fettah Malki. Celui-ci a d’ores et déjà reconnu avoir fourni un pistolet mitrailleur et un gilet pare-balles à Mohamed Merah.

Frustration

Du côté des 232 parties civiles constituées, l’heure est à la frustration. « Ce procès est une mascarade pour se donner bonne conscience », lançait le père de l’une des victimes. Latifa Ibn Ziaten, auteur très médiatisée de plusieurs ouvrages au sujet de la mort de son fils, l’un des militaires assassinés par Mohamed Merah, espère de son côté que « la lumière sera faite sur cette affaire ». « Je ne sais pas ce qu’on pourra en attendre », explique la mère d’une autre victime. Le procès se poursuivra jusqu’au 3 novembre.

 

@CapucineCoquand

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