Revendiquer une organisation horizontale dans laquelle chaque adhérent participe à l’élaboration d’un projet politique, fait-il d’En Marche ! un mouvement « libéré » ? Décryptage.

Un parti politique dirigé par ses membres pour ses membres. Tel est l’idéal revendiqué par les militants d’En Marche !. « On a l’impression de pouvoir véritablement participer à la création d’un mouvement politique », confie Marion, une adhérente. Une volonté de replacer le citoyen au cœur de la vie publique qu’Emmanuel Macron revendique depuis un an. La preuve : dès le mois de mai 2016, celui-ci lançait une opération de porte-à-porte sur l’ensemble du territoire national. « Le but ? Non pas convaincre mais écouter, comprendre les espoirs des Français afin de dresser un diagnostic du pays », peut-on lire sur le site d’En Marche !. Doit-on voir derrière ce mouvement une organisation politique, moins verticale et par conséquent plus libérée ? Serait-il ainsi plus fidèle aux attentes de ses militants que les partis traditionnels ? Emmanuel Macron serait-il un véritable leader politique ? Certains en doutent et ne voient dans l’ancien banquier qu’un opportuniste passé maître dans l’art de la communication et du marketing. Impossible désormais de nier l’attractivité de ce nouveau mouvement – comptant plus de 260 000 adhérents – et son mode de fonctionnement bien différent de celui des autres partis politique.

 

Contributions locales

« Si En Marche ! fonctionne aujourd’hui, c’est grâce à son organisation horizontale », estime Marion. Et pour cause : les militants participent activement à l’élaboration du projet politique. Dans le cadre des comités locaux, ils débattent, proposent, suggèrent. « J’ai moi-même présenté un thème au comité du 14e arrondissement de Paris qui a donné lieu à un café-débat, explique-t-elle. Celui-ci a réuni une trentaine de personnes et abouti à des propositions concrètes. » Les contributions locales sont « remontées » au « QG » d’En Marche ! puis analysées par des experts. « Ils nous envoient ensuite un retour global de toutes les propositions faites sur un même thème dans les différents comités », poursuit la marcheuse. Preuve de l’importance cruciale de ces comités, Emmanuel Macron les revendique comme les « marques d’une réappropriation de la parole publique »« En les rejoignant, les adhérents participent activement à la vie du mouvement », peut-on lire sur le site d’En Marche !.

 

Bon père de famille

Un mode de fonctionnement horizontal qui bouscule les codes politiques et séduit bien au-delà des clivages classiques. Certains Français auparavant engagés au sein des partis dits « citoyens » (comme Nous Citoyens !) ont même rejoint la grande marche d’Emmanuel Macron. Tel un bon père de famille, l’ancien banquier écoute et s’assure de la cohérence des actions menées. La définition même d’un leader ? C’est en tout cas ce que revendiquent ses sympathisants. Emmanuel Macron n’aurait, selon eux, rien d’un dirigeant autoritaire et directif. « Il a véritablement à cœur de valoriser les talents qui l’entourent, explique un autre militant. Il ne nous donne pas d’ordre. Il apporte une vision d’ensemble. »

 

Conjoncture favorable

Alors, véritable renouveau politique ou simple stratégie marketing ? Pour Virginie Martin, politologue et présidente du Think Tank Different, Emmanuel Macron profiterait surtout d’une conjoncture favorable. « Il répond à un mouvement contestataire », estime-t-elle. Pas question pour cette dernière de voir avec En Marche ! un mouvement politique libéré : « Emmanuel Macron dit vouloir redonner du pouvoir au peuple, mais il est le seul à en avoir dans son parti, car il est le seul à pouvoir concilier les points de vue de ses différents soutiens ». Une analyse pragmatique qui ne semble pas entacher l’engouement des militants. Ils sont 14 000 à avoir candidaté auprès de la direction du mouvement en vue d’obtenir la bannière En Marche ! aux législatives.

Capucine Coquand

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