Stanislas Guerini, candidat La République en marche, livrera la bataille des législatives à Paris dans la 3e circonscription. Le portrait de l'un de ces nouveaux visages qui pourraient participer au profond renouvellement de l’Assemblée nationale.

Entrepreneur : s’il n’y avait qu’un mot pour résumer Stanislas Guerini, ce serait celui-là. En Marche ! est sa seconde aventure entrepreneuriale, sa start-up politique au côté d’Emmanuel Macron qu’il rejoint dès 2015. La première entreprise qu’il a cofondée dans les produits et services liés aux énergies renouvelables, Watt & Home, basée à Grenoble, poursuit elle aussi son développement.

 

Premier mouvement

Stanislas a toujours été un passionné d’économie, et un gros travailleur. Cela lui ouvrira les portes d’Henri IV, puis d’HEC. Là-bas, il « adore littéralement tout » : les années BDE, l’engagement humain, le campus, et bien sûr, la spécialisation Entrepreneuriat. Une seule ombre au tableau, le déclin de la diversité sociale, avec dix fois moins de familles ouvrières qu’il y a vingt ans : « Les nombreuses bourses ne suffisent pas à organiser l’égalité des chances. Il faut viser l’égalité réelle des chances. » Le voilà qui s’engage en politique, et pour son stage, il choisit non pas une banque ou un fonds d’investissement, mais bien un mouvement politique, social et européen : « À gauche en Europe », le premier mouvement préfigurant Terra Nova d'Olivier Ferrand. 

Il apprend beaucoup par l’échec. À gauche en Europe soutiendra Dominique Strauss-Kahn et se fera balayer par Ségolène Royal et ses cohortes citoyennes incarnées par Désirs d’avenir. La leçon est précieuse : un mouvement politique doit être participatif et viral, sinon il n’est rien. Il confie qu'« avec En Marche !, nous avons su en tirer les leçons, soutenant quelques valeurs et orientations claires, tout en suscitant mesures et propositions issues de l’intelligence collective. » 

Ce premier engagement politique lui apportera aura aussi une indéfectible affection européenne. « L’Europe a apporté la paix, la stabilité monétaire, les échanges éducatifs et économiques, ainsi que la capacité à tenir tête aux Russes, à la Chine ou aux USA. Il ne faut être ni  “eurobéat” ni “francobéat”. L’Europe doit être améliorée par le sens critique des europhiles, et la France peut tirer beaucoup de l’Europe. »

 

Continuité

Après ce stage dans un think tank, place à la création d’entreprise. Il gribouille business plan après business plan, mais c’est en rencontrant le Grenoblois Jean Pascal Emelien que que l’aventure prendra forme : Watt & Home est lancé. Avec un objectif : « rendre les énergies renouvelables accessibles au grand public ». Le démarrage est impeccable : levée de fonds, produits bien accueillis, chiffre d’affaires supérieur aux prévisions… Puis vient le temps des difficultés : en 2010, le gouvernement réduit brutalement et massivement le soutien aux renouvelables. Toute l’industrie plonge, 10 000 emplois y sont supprimés, alors que la France perçait dans les leaders mondiaux du photovoltaïque. Watt & Home perd 25 % de son chiffre d’affaires, mais survit en faisant preuve d’agilité et en puisant dans ses fonds propres. Stanislas en retiendra l’importance criante de la continuité dans l’action publique…

Il travaille à Grenoble, mais sa vie personnelle est à Paris, ainsi que ses amis en politique. Stanislas décide donc de passer le flambeau de directeur général à un successeur, et de rallier la capitale. Il trouve un poste de direction chez Elis, grand groupe de blanchisserie industrielle, qui détecte et valorise son apport intrapreneurial. Dans ce vaste groupe de
21 000 salariés, il a pour mission de développer une stratégie d’entreprise orientée client. Pour y parvenir, il découvrira la clé des grands changements : « infléchir la culture d’entreprise pour réussir les grandes transformations ». Une leçon qui pourrait lui servir dans de futures expériences étatiques ou dans le vaste mouvement qu’est devenu En Marche !…

Sa rencontre avec Emmanuel Macron se fait en deux temps. Un premier RDV de trente minutes, en 2014, esquisse les liens qui les unissent. Mais l’engagement viendra en 2015, par un ami commun, Ismaël Emelien, qui l’enrôle dans la task-force qui pose discrètement les fondations d’En Marche !. Quand en avril le mouvement est lancé, les chiffres d’adhésions sont énormes et au-dessus de toutes les attentes. À tel point que les acteurs extérieurs doutent de leur véracité…

 

Avenir

Comment explique-t-il ce succès ? « Nous n’avions pas encore de programme, mais nous avions un fantastique leader et cinq valeurs fondamentales et différenciantes : l’Europe, sans ambiguïté, contrairement à la droite et la gauche ; l’émancipation par le travail (une valeur oubliée par la gauche) ; le fait de mettre à égalité la liberté et l’égalité ; le progrès, face aux conservatismes, et enfin, la bienveillance. Le succès doit beaucoup à l’ambition d’innover : à chaque étape, nous nous posions la question “comment faire différemment ?”. L’autre clé a été d’équilibrer l’initiative de chacun, la liberté locale et la coordination centrale. Nous avons choisi de laisser beaucoup de liberté aux comités locaux, dès lors que de bons référents locaux avaient été choisis. » 

L’avenir de Stanislas, référent sur Paris, apparaît logiquement dégagé, alors que la vague En Marche ! est très puissante dans la capitale, et qu’il peut en être crédité. Pour organiser le dialogue entre le pays et le gouvernement, il veut jouer deux rôles. Dans le mouvement, et à l’Assemblée nationale, où il faudra éviter deux écueils : ni godillot, ni frondeur. « Je veux rester utile à l’action du Président comme aux citoyens », précise Stanislas Guerini. S’agissant du rôle d’En Marche !, sa vision d’entrepreneur décèle dans cette myriade décentralisée d’intelligence collective un fantastique incubateur à projets, qui permettra de faire émerger des solutions, puis de les faire changer d’échelle. « Le mouvement En Marche ! doit rester l’avant-garde du changement. »

 

DM

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