Des mois de campagne n’auront pas suffi aux deux prétendants à susciter une adhésion forte et massive. De quoi s’interroger sur la portée d’une victoire qui, de toute évidence, tiendra davantage aux défauts du perdant qu’aux qualités du gagnant.

Après des mois de campagne et de meetings, de couvertures médiatiques et de décryptages en tout genre, le suspense touche à sa fin. D’ici quelques heures, le monde entier connaîtra le nom du nouveau président de la première puissance mondiale. Comme il se doit, chaque camp revendique déjà la victoire même si, côté sondages, l’écart semble se creuser de plus en plus en faveur d’Hillary Clinton, personne n’excluant toutefois l’éventualité d’un revirement soudain – à la faveur des swing states – en faveur du candidat républicain.

Mais quelle que soit l’issue du scrutin, une majorité – écrasante celle-là –- est d’ores et déjà connue. Celle des Américains qui se disent « dégoûtés » par cette élection présidentielle : 84 % à en croire un sondage du New York Times…  Une quasi-unanimité qui, à quelques heures du résultat final, suscite certaines interrogations.

 

Victoire par défaut

 

Car, outre le fait qu’elle sanctionne de façon claire et sans appel des mois d’attaques « sous la ceinture », de menaces et de critiques virulentes de la part des deux adversaires, cette proportion massive de « disgusted » en dit long sur la portée définitive du résultat de cette nuit.

« Le problème avec cette élection est qu’elle aura été marquée par un taux de défiance et une absence de crédibilité incroyables »

Et sur le fait qu’au final aucun des deux favoris ne sera réellement parvenu à susciter une adhésion massive de son camp, et qui plus est, à créer un élan national. « Le problème avec cette élection est qu’elle aura été marquée, tout au long de la campagne, par un taux de défiance et une absence de crédibilité incroyables », relèvel’économiste Marc Touati pour qui le constat ne se résume pas à la faiblesse des débats souvent pointée du doigt, mais tient aussi au profil des deux candidats, ni l’un ni l’autre n’ayant réussi à convaincre pleinement et à faire consensus. Au point que le prochain président risque fort d’être élu par défaut. Non pas pour ses propres qualités ou celles de son programme mais en raison des handicaps de son adversaire. Et d’un côté comme de l’autre, ceux-ci ne manquent pas.

 

Trop radical, incontrôlable, excessif pour l’un ; pas assez transparente, charismatique ou empathique pour l’autre et, en commun, une même faiblesse sur le plan du programme économique. Pas de quoi susciter un élan de ferveur nationale dans les prochaines heures. Juste de quoi élire un président pour les quatre prochaines années.

 

Caroline Castets

@CaroCastets1

 

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