Porté par des sondages à la hausse, le président de Debout la France espère tirer son épingle du jeu avec des propositions économiques concrètes. Son slogan : « L’effort de tous au service de tous ».

Décideurs. Quelles seront vos priorités en matière économique si vous êtes élu en 2017 ?

Nicolas Dupont-Aignan. Nous sommes actuellement dans une guerre économique. Nous devons nous munir d’une bonne défense et d’une attaque solide. Il s’agit d’abord de mettre fin à la concurrence déloyale en supprimant la directive travailleur détaché pour que tout salarié européen en France, paye les cotisations sociales du pays. Nous contrôlerons par ailleurs les importations, comme le font tous les pays du monde. Et pour permettre à ceux qui le souhaitent d’acheter français, nous mettrons en place des mesures d’étiquetage visant à informer le consommateur de la part du fabriqué en France de chaque produit. Une mesure qui va de pair avec un système d’achat public français, à l’image du Buy American Act. Chaque collectivité aura ainsi l’obligation d’acheter français pour une part de ses commandes publiques.

 

Décideurs. Un programme très protectionniste….

N. D.-A. Pas seulement. Nous devons nous doter d’une belle attaque et mettre en place des mesures libérales ciblées pour relancer le pouvoir d’achat et doper nos PME.

 

Décideurs. C’est-à-dire ? 

N. D.-A. Je commencerai par nommer à Bercy un patron de PME, capable de défendre le tissu économique français. L’Allemagne a su valoriser ses petites entreprises et placer les banques au service de l’économie. De notre côté, nous faisons l’inverse. Dans mon programme, je propose de mettre en place des bonus fiscaux (division par deux de l’impôt sur les sociétés) pour les PME qui produisent et investissent en France. Une mesure qui existe dans certains États américains et qui fonctionne. Pour doper la création d’entreprise, je préconise aussi un allègement des charges sociales pendant cinq ans pour le premier emploi. Enfin, je prévois d’exonérer de tout ISF les fonds investis dans les PME françaises.

 

 « Nous devons arrêter d’arroser le sable et lutter aussi contre la fraude sociale. »

 

Décideurs. Comment contrebalancer ces baisses d’impôt ?

N. D.-A. Les mesures que nous proposons ne sont pas très coûteuses. Elles seront d’ailleurs principalement financées par la lutte contre la fraude fiscale. Nous devons d’ailleurs arrêter d’arroser le sable et lutter aussi contre la fraude sociale. Une mesure qui me permettrait d’ailleurs d’augmenter les salaires nets…

 

 

Décideurs. Comment ?             

N. D.-A. En luttant efficacement contre la fraude et l’assistanat (RSA versé sans vérification, aide médicale d’État pour les étrangers en situation irrégulière, fraude à la carte Vitale…), nous baisserons les charges salariales et augmenterons les salaires nets. Une mesure progressive : chaque euro gagné sur la fraude sera rendu aux salariés par une baisse des charges, jusqu’au plafond fixé à 10 %.

 

Décideurs. Quelles mesures comptez-vous mettre en place pour favoriser le développement des entreprises innovantes ?

N. D.-A. Je suis très sceptique quant aux mesures trop ciblées. J’ai par ailleurs du mal à définir une entreprise innovante, car l’innovation irrigue toutes les entreprises. Nous avons besoin de mesures fiscales simples et de prêts à taux zéro financés par des fonds publics. Cela ne concernerait que des projets bien définis et étudiés dans le cadre d’un pôle de compétitivité.

 

Décideurs. Vous prônez par ailleurs l’actionnariat salarié, pouvez-vous nous en dire plus ?

N. D.-A. Je souhaite encourager les sociétés participatives. Ainsi, lorsque 2 % du capital est détenu par les salariés, l’entreprise sera exonérée de 1 % d’impôt sur les sociétés. Toutes les études prouvent que les fonds salariés permettent de meilleurs résultats économiques. Les employés doivent s’approprier leur entreprise. C’est l’idéal de participation gaulliste.

 

Décideurs. Un idéal prôné par une grande partie de la classe politique…

N. D.-A. Tous ceux qui ont accepté de signer les traités européens ne peuvent pas se revendiquer gaullistes. En mettant la France sous tutelle, ils ont trahi la nation.

 

Décideurs. Quant à vous, certains vous assimilent à l’extrême droite…

N. D.-A. Ils se trompent complètement ! Mes électeurs viennent aussi bien du centre que de la gauche. Ceux qui me situent à la frontière de l’extrême droite ne comprennent pas que le clivage se situe aujourd’hui entre ceux qui défendent les intérêts de la France et ceux qui prônent la globalisation. L’opposition droite-gauche est révolue. La preuve : Nicolas Sarkozy pourrait parfaitement choisir Emmanuel Macron comme Premier ministre.

 

 

Propos recueillis par Capucine Coquand

@CapucineCoquand

 

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