C’est un projet extrême au sens propre comme au figuré. Ce mardi 19 janvier le spécialiste français de l’Internet des objets a lancé sa fondation baptisée Sigfox Foundation. Première mission : améliorer la sécurité des expéditions en Antarctique en collaboration avec le Secrétariat polaire belge. Tout un programme.

« Qui peut le plus, peut-il aussi le moins ? » C’est la question posée ce matin par Christophe Fourtet, co-fondateur avec Ludovic Le Moan de Sigfox, le spécialiste français de l’Internet des objets (IOT). Pour y répondre le duo d’entrepreneurs a lancé de son siège parisien sa fondation, Sigfox Foundation. Cinq ans après sa création, la start-up désormais estampillée « Licorne » ambitionne de mettre l’Internet des objets (IOT) au service des causes humanitaires. Et à écouter la responsable de la fondation, Marion Moreau, ex-journaliste chez Frenchweb, elles sont nombreuses. De la protection des forêts ravagées par les incendies à la détection de maladies rares en passant par la sauvegarde des 20 000 rhinocéros encore vivants dans le monde, il semble que le réseau éco-responsable à très longue portée développé par Sigfox puisse « aider des territoires et des populations dotés de très peu de moyen », affirme Xavier Drilhon, le directeur général délégué recruté en juin dernier. Cette capacité à agir pour changer le monde, le duo Fourtet-Le Moan la conceptualise dans la force du « Power of Low ». Plus concrètement expliquent-ils : « C’est un paradigme unique rendu possible par l’envoi de petits messages, des signaux faibles via des capteurs connectés, autonomes sur plusieurs années, dans le but de sauver des vies et protéger des zones en danger ».

 

Pour se donner les moyens de leurs ambitions, les fondateurs ont créé un fonds de dotation qu'ils ont personnellement abondé, mais qui devrait prochainement recevoir le soutien financier de grands industriels et mécènes français et étrangers. La « fondaction », comme aime à la définir Marion Moreau suscite déjà l’intérêt. À l’instar de celui manifesté par les Nations Unies. « Les discussions ne sont pas encore engagées », tempère la responsable de Sigfox Foundation qui aspire à démontrer sur le terrain la capacité de l’IOT à résoudre de véritables problèmes via le développement d’objets connectés peu coûteux. « Il est temps de passer à des solutions déployées en masse et d’arrêter les effets d’annonce », scande Ludovic Le Moan. Message reçu.

 

« C’est un rêve technologique ! »

Pour sa première mission, la fondation s’est associée avec le Secrétariat polaire belge et la start-up Sensolus qui conçoit des solutions pour des réseaux longue distance en très bas débit. Objectif : améliorer la sécurité des expéditions Belare ((Belgian Antarctic Research Expeditions) conduites à partir de la station Princesse-Elisabeth en Antarctique. Un vaste projet qui consiste à équiper les techniciens et chercheurs de quarante-cinq trackers GPS reliés au réseau Sigfox. Une première technologique qui permet de suivre en temps réel leurs déplacements pendant les opérations à haut risque.

« Dans cet environnement désertique, les conditions sont souvent difficiles, explique Chiara Montanari en duplex de la station polaire Princesse-Elisabeth. Ces trackers améliorent significativement notre sécurité, ils sont légers et consomment peu d’énergie. » « C’est un rêve technologique ! Il n’y a pas de mot de passe ni de carte Sim. Les balises ont une duré de vie de cinq ans avec trois piles AA », surenchérit Kristoff van Rattinghe, P-DG de Sensolus. « C’est écologique au sens étymologique du terme », se félicite M. Fourtet en attendant les premiers résultats qui rendront compte en mars prochain de l’apport de la technologie IOT dans le cadre de la mission Belare.

 

Dans la droite ligne de ce projet, Sigfox Foundation devraient annoncer de nouvelles missions courant 2016. Certaines entreprises pourraient par exemple choisir de supporter des projets comme ce gilet de sauvetage connecté. D’autres s’investiront dans des causes. En moyenne, « le budget est de quelques centaines de milliers d’euros », indique M. Le Moan qui parie sur des ambassadeurs issus de la société civile pour doper la notoriété de sa fondation. Parmi eux, Géraldine Le Meur, cofondatrice de la conférence Le Web, qui a récemment intégré le conseil d’administration de la structure. « Elle apportera son réseau et permettra de faire connaître la fondation au niveau international », assure le CEO. Sociologues, climatologues, artistes, anthropologues devraient venir grossir les rangs des soutiens. « Il y a des causes qui n’attendent pas et c’est aussi important que de développer notre entreprise », justifie l’un des fondateurs avant d’ajouter en plaisantant à demi-mot : « Quand on sera vieux, et qu’on ne saura plus quoi faire de notre temps, on sera content d’avoir une fondation qui donne du sens à ce que l’on a construit. » Et le duo Fourtet-Le Moan n’est pas le seul à se réjouir. La plupart des collaborateurs ont répondu présent à l’appel du « Power Of Low » en acceptant pro bono de soutenir les projets de la structure. Un engagement qui se fait l’écho de la capacité d’empowerment de cette start-up dont la devise se vérifie plus que jamais avec le lancement de Sigfox Foudation : « One network a billion of dreams ».

 

Émilie Vidaud

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