Créé il y a vingt-sept ans, April est un spécialiste de la santé et de la prévoyance, particulièrement présent auprès des TPE et PME. Parce qu’il revendique une politique innovante, le groupe présidé par Bruno Rousset a su s’adapter rapidement aux dispositifs imposés par l’ANI. Entretien.

Décideurs. Comment votre groupe a-t-il intégré les nouveaux enjeux auxquels l’ANI a donné naissance ?

 

Bruno Rousset. Parce que nous avons à cœur de proposer des produits innovants et une haute qualité de service à nos clients, nous devions impérativement nous préparer en amont du décret sur les contrats-socles et le contrat responsable. Nous avons ainsi mis en place de nouveaux process pour accélérer le time-to-market de nos offres. Cela nous a permis d’être les premiers à lancer sur le marché un produit « ANI compatible », seulement trois semaines après la publication du décret. D’autre part, parce que la couverture des salariés et celle des dirigeants ne sont pas les mêmes, nous avons également imaginé des offres packagées pour ces deux populations.

Pour répondre aux nouveaux enjeux de l’ANI, nous avons aussi renforcé notre réseau de courtiers de proximité spécialisés en assurance collective, en passant des 3 000 intermédiaires que nous avions historiquement au sein de notre réseau à plus de 7 000. Cette capillarité du réseau sur le territoire, combinée à la proximité client, une valeur chère au groupe, constituent de vrais avantages concurrentiels.

 

Décideurs. Quels sont selon vous les challenges de demain ?

 

B. R. Je dirais que nous avons un challenge majeur, celui d’être capable d’apporter des solutions adaptées en maintenant une haute qualité de service, en somme, être irréprochables dès le départ. Face à la complexité de la généralisation de la prévoyance et à une concurrence tarifaire forte, particulièrement sur le contrat socle, l’un de nos défis est de fidéliser notre portefeuille de clients actifs. D’autre part, la mise en place des contrats dans les petites entreprises qui ne sont pas encore équipées, et peu informées, n’est pas évidente. D’autant que les dispositifs qui bénéficient d’une taxation réduite sont les contrats responsables, peu adaptés financièrement aux TPE.

 

Décideurs. April a lancé deux nouvelles offres dédiées aux branches de l’immobilier et des hôtels/cafés/restaurants ?

 

B. R. Il existe un grand nombre de conventions collectives mais nous avons naturellement choisi de nous positionner sur celles qui regroupaient les effectifs les plus importants d’entreprises et de salariés : pour l’immobilier, 33 000 entreprises et 140 000 salariés, 93 000 TPE et 590 000 salariés pour la restauration. Dix-sept branches bénéficient ainsi d’offres conventionnelles chez April. Ce positionnement est pertinent dans la mesure où, à l’échéance des accords de branche, le marché sera largement ouvert. Je précise que le groupe April a beaucoup œuvré pour que l’entreprise retrouve sa liberté dans le choix de son partenaire pour l’assurance santé-prévoyance.

 

Décideurs. Quelles seront les incidences de la fin des clauses de désignation sur les acteurs du marché ?

 

B. R. Le marché est en pleine mutation. Historiquement, les mutuelles étaient tournées vers les particuliers mais l’on observe déjà des mouvements de concentrations en vue d’un positionnement plus marqué sur le segment des entreprises. Les institutions de prévoyance, quant à elles, ont longtemps travaillé en proximité avec les branches professionnelles, et ont été jusqu’ici les grands bénéficiaires des clauses de désignation. Aujourd’hui, elles n’ont pas la capillarité sur le terrain et devront faire face à la concurrence des mutuelles et des assureurs. Dans cette dernière catégorie, April fait de l’accompagnement des TPE/PME sa priorité. Nous avons, à ce titre, beaucoup investi sur les plateformes de gestion pour faciliter les processus de souscription.

 

Propos recueillis par Julie Atlan

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