Ne l’oublions jamais
Les 7 et 9 janvier 2015 – il y a moins d’un an – la rédaction de Charlie Hebdo et les clients d’un supermarché casher – entre autres victimes – étaient pris pour cible par un commando terroriste. Dix-sept morts plus tard, nous étions tous Charlie, frappés au cœur et unis contre la folie assassine de quelques-uns. Les mois ont passé. Et nous avons oublié. Nous avons oublié qu’une force étrangère nous avait déclaré la guerre, que ces prétendus soldats du Califat mettaient tout en œuvre pour nous abattre.
Le 13 novembre 2015 – il y a moins d’un mois – 130 personnes ont été assassinées. 130, cela peut paraître abstrait. Leaders League, qui édite notre magazine, emploie aujourd’hui 130 salariés. Je me suis alors imaginé nos 130 collaborateurs, morts dans une salle de concert ou devant une terrasse du 10e arrondissement. Un exercice, pour prendre la pleine mesure du crime qui venait d’être commis, pour ne plus oublier.
Désormais nous savons
L’objectif poursuivi par « l’État islamique » est clair : étendre par la terreur sa mainmise théologique. Pas uniquement dans le monde arabe. Mais aussi chez nous, Français, qui depuis des décennies, laissons l’araignée tisser sa toile, dressant une portion indéterminée de la population contre l’autre. Avant nous doutions, désormais nous savons.
Certains affirment que nous avons payé le 13 novembre le tribut d’une politique étrangère islamophobe. Faut-il rappeler aux experts autoproclamés de la géopolitique les faits d’armes de l’ennemi ? La liste, aussi longue qu’odieuse, ne trouve d’équivalent qu’au XXe siècle, au cœur d’une Europe pliant sous la domination nazie. Laisserons-nous, comme nos ancêtres, enfler une tumeur meurtrière à nos portes ? Ou devons-nous au contraire opérer quand le rapport de forces militaire joue en notre faveur ?
Les 13 et 14 février 1945, l’US Air Force et la Royal Air Force incendiaient la ville de Dresde et avec elle, environ 30 000 civils. C’est l’un des bombardements les plus meurtriers de la Seconde guerre mondiale. Si la France et ses alliés hésitent, si nous capitulons devant la peur des représailles, nous en serons réduits un jour à d’aussi funestes extrêmes. Et cela nous ne devons jamais l’oublier.
Pierre Netter