À l’instar de Manuel Valls l’année précédente, Emmanuel Macron a oeuvré à séduire lors de l'université du Medef 2015. Mais le ministre n’a pas hésité à rappeler au patronat le nécessaire partage des responsabilités pour sortir l’économie de sa langueur.

« Les entreprises anglaises ont créé trois millions d’emplois en cinq ans. » Difficile de passer derrière le bilan sans demi-teinte de Matthew Hancock, ministre britannique de la Réforme de l’État. Et pourtant. Personnalité la plus attendue de la journée, c’est une standing ovation qui a été réservée à Emmanuel Macron lors du discours de clôture. Après avoir défendu les dernières réformes du gouvernement, le ministre de l’Économie s’est engagé sur la continuité du déploiement du pacte de responsabilité et du CICE « prévue jusqu’en 2017 ». Chantre d’un parti socialiste libéral, l’homme de Bercy n’a pas hésité à s'attaquer aux fondamentaux de son parti dont les sacro-saintes trente-cinq heures : « La gauche a cru que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. » Déclaration évidemment récompensée d’une salve d’applaudissements, renouvelée lorsque l’homme, tel un Kennedy français, interpelle son auditoire « Ne vous demandez plus ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour notre économie. » Un discours audacieux au terme duquel le ministre appellera les patrons à oser investir davantage : «?Ma responsabilité en tant que ministre de l’Économie est de lever les blocages qui vous empêchent d’embaucher, d’investir, de prendre des risques. Votre responsabilité est de vous saisir de ce qu’il y a sur la table. »


Formidable Medef


Et il fallait au moins cela pour rassurer les entrepreneurs réunis sur le campus d’HEC. Placées sous le signe d’une « Formidable jeunesse », les conférences donnaient l’occasion aux « anciens » de manifester leur intérêt pour la nouvelle génération... même si une seule tribune leur donnait officiellement la parole. Najoua Elatfani, présidente du Club XXIe siècle, a été l’une des rares benjamines à s’exprimer, déclarant : « Une jeunesse sans espoir est une jeunesse en déshérence. » Et les priorités des entreprises sont claires : le développement de l’apprentissage et la réforme urgente de l’école élémentaire. « En France, il y a trois fois plus de subventions publiques pour l’apprentissage qu’en Allemagne, mais moins d’apprentis », déplore Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne. Patrick Pouyanné, directeur général de Total, revendique un plan exemplaire : « Total embauchera 5 000 apprentis sur les trois ans ». Sur le terrain social, l’unanimité s’est portée vers l’exigence d’un choc de simplification du code du travail. « À force de vouloir protéger tout le monde, on tue l’initiative » a martelé le numéro un de Total.


Si la situation fragilisée de la France planait dans les esprits, l’Afrique s’est aussi invitée dans les débats. Dominique Ouattara, « première dame » ivoirienne, et Lionel Zinsou, premier ministre du Bénin, étaient présents pour rappeler l’urgence d’agir. « Quand ils ne travaillent pas, les jeunes hésitent entre les révolutions arabes et le terrorisme islamiste intégriste » s’est alarmé le premier ministre. Pour le reste de cette université d’été, les sempiternelles revendications du patronat ont émaillé les discussions : appels à la baisse des charges sociales, allègement de la fiscalité, etc. Mais c’est sur un engagement que Pierre Gattaz, qui rêve de voir Emmanuel Macron à l’Emploi, a clos l’événement : « Vous pouvez compter sur le Medef et sur les entreprises pour saisir les opportunités qu’offrent les réformes. » Le début d’une grande histoire ? 


S.S.S.


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