Xavier Bertrandsecrétaire général de l'UMP

Xavier Bertrand
secrétaire général de l'UMP

 

Décideurs. Quel bilan tirez-vous des dernières élections régionales ?

Xavier Bertrand.
Les régionales sont des élections de mi-mandat qui interviennent dans un contexte de crise. La droite ne détenait qu’une seule région en métropole. Martine Aubry avait pronostiqué une France toute rose. Ces élections ont été une victoire pour la gauche, même si nous progressons légèrement et que le «?grand chelem » prédit par la gauche ne s’est pas réalisé. Je veux également rappeler l’autre fait marquant : l’abstention, qui a atteint un taux record. Or tous les abstentionnistes n’étaient pas de droite, mais a concerné tous les partis

Décideurs. Sur quelles nouvelles bases l’UMP peut-elle retrouver l’engouement de 2007 ?

X. B.
Personne ne peut faire comme si la crise n’existait pas. Il faut tout mettre en œuvre pour accélérer la sortie de crise. Pour cela, nous devons continuer les réformes essentielles pour transformer notre pays. Par ailleurs, je veux accélérer et accentuer la modernisation de l’UMP : si j’ai quitté le gouvernement, c’est pour consacrer toute mon énergie à ma famille politique. Ensuite, la formule « travailler plus pour gagner plus » garde toute sa pertinence. La valeur travail reste une valeur fondatrice. C’est la raison pour laquelle nous allons continuer à alléger la fiscalité qui pèse sur le travail. Le RSA, la suppression des droits de succession, de la taxe professionnelle, ainsi que la défiscalisation pour les salariés qui effectuent des heures supplémentaires participent à promouvoir la valeur travail. Le service minimum est aussi une illustration de cela : même quand il y a une grève dans les transports, cela n’empêche plus les Français de se rendre au travail.


Décideurs. La France rose et l’abstention ne témoignent-elles pas d’un désir des Français de freiner la politique en mouvement du président ?

X.B.
Je n’ai pas du tout cette lecture de la situation. Les Français n’ont pas dit « non » aux réformes, ils veulent avant tout des résultats. Ils souhaitent que nous poursuivions la lutte contre les violences et contre la délinquance, et également que nous prenions en compte le « travailler mieux ». Ils aspirent à une plus grande démarche qualitative. Je réfute catégoriquement l’idée selon laquelle la France n’aime pas la réforme. Elle n’y est simplement pas habituée.


Décideurs. Comment parvenir, en période de crise, à endiguer l’endettement public qui ne cesse de croître ?

X. B.
Il faut que chacun prenne conscience que nous dépensons au-dessus de nos moyens depuis trente ans et qu’il faut engager des réformes en matière de dépenses publiques. Une action sur la dette de la France s’impose car nous ne devons pas laisser un tel poids reposer sur nos enfants ; ce ne sera pas à eux d’être courageux à notre place.
Tout le monde parle de partager les richesses. Or pour les partager, il faut avant tout les créer.
Nous devons améliorer la qualité des dépenses publiques : par exemple, la règle du un-sur-deux pour le non-remplacement dans la fonction publique est indispensable. Je propose également d’établir une nouvelle règle budgétaire inscrite dans la Constitution ou dans une loi organique, afin de limiter les déficits. Il nous faut l’engager rapidement pour qu’elle puisse être mise en œuvre avant la fin de cette décennie.
L’exemple de la Grèce nous montre qu’il vaut mieux conduire les réformes que de se les faire imposer.


Décideurs. L’ouverture opérée par Nicolas Sarkozy à gauche, au centre et vers l’aile villepiniste ne risque-t-elle pas in fine de faire la stratégie de ses adversaires ?

X. B.
La logique de l’ouverture est de mettre fin au sectarisme. Je suis fier d’appartenir à une majorité qui n’est pas sectaire. Le Parti socialiste est sectaire. Pour preuve, aucune personnalité de droite ou du centre n’a été présente dans ses rangs au niveau des régions qu’il dirige. Depuis trois ans, nous réformons, et à l’origine de certaines mesures, il y a des hommes et des femmes issus de cette ouverture. Le revenu de solidarité active mis en place par Martin Hirsch en est le meilleur exemple, et il symbolise aussi la valeur travail.


Décideurs. Les récents résultats aux élections régionales ont libéré les voix de
certains membres de l’UMP et du Nouveau Centre. La majorité souffrirait-elle ?

X. B.
Les stratégies personnelles n’intéressent pas ! Nous devons tous être concentrés sur les réformes qui répondent aux attentes et aux inquiétudes des Français. L’emploi, la sortie de crise, les retraites, la réforme des collectivités locales continuent d’être nos priorités !


Décideurs. Et si l’homme qui avait fait voter la limitation au double quinquennat, surprenait tout le monde et ne se représentait pas en 2012 ?

X. B.
Je vois régulièrement Nicolas Sarkozy et je peux vous assurer qu’il n’évoque jamais l’échéance 2012.

Mai 2010

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