Pour le secrétaire administratif général du syndicat de police : « Le seul responsable de la récidive, c'est le récidiviste »
Décideurs. Alliance ne semble pas porter dans son coeur la réforme pénale de Christiane Taubira.
Denis Jacob. Cette nouvelle loi, à la fois dictée par une idéologie angélique et par la volonté de réduire la surpopulation carcérale sans construire de nouvelles prisons, aura des répercussions désastreuses sur la sécurité de nos concitoyens en laissant libres des individus dangereux qui continueront sans nul doute leurs activités délictuelles ou criminelles durant leur « peine de probation ». La philosophie même du texte qui prône le « tout sauf la prison », est en complète contradiction avec les nécessités de lutte contre une délinquance qui se durcit au fil des ans.

Décideurs. Partagez-vous l’avis de Christiane Taubira qui considère que « la prison est l’école de la récidive » ?
D. J. Pour nous, le seul responsable de la récidive est le récidiviste, et il convient donc de le punir de plus en plus sévèrement au fil des récidives, et non de le choyer en lui cherchant toujours des excuses.
Si le taux de récidive augmente depuis des années, c’est que la réponse pénale apportée est de plus en plus faible et aucunement dissuasive pour les délinquants.
La seule réponse possible à la récidive se trouve dans l’exemplarité de la peine et en aucun cas dans des pseudo peines de probation qui ne seront considérées comme des sanctions que par les magistrats qui les prononceront.

Décideurs. Qu’observez-vous sur le terrain ?
D. J. Depuis des années, nous ne cessons d’alerter les pouvoirs publics sur la dégradation de la sécurité des personnes et des biens dans notre pays.
Les violences envers les personnes et les violations perpétuelles de la loi, qui s’érigent en mode de subsistance et en « mode de vie », se développent en raison de la réponse pénale inadaptée et de la non-exécution réelle des peines prononcées : diminuer encore le nombre ou la durée des incarcérations ne fera qu’aggraver la situation.
Il existe aujourd’hui dans notre pays des délinquants multirécidivistes condamnés à des dizaines de reprises sans jamais avoir fait un jour de prison.
Dans le système pénal actuel, les peines prononcées ne sont plus en adéquation avec la gravité des faits commis. De plus, les individus condamnés à moins de deux ans de prison - la majorité des condamnations - ne vont jamais en prison en raison des aménagements quasi automatiques de peine et ceux condamnés à plus de deux ans effectuent en moyenne la moitié de la peine prononcée : Ce sont les trop basses peines prononcées et le trop généreux système d’aménagement et de remises de peines, qui conduisent les délinquants à la récidive.

Décideurs. Quel nouveau rapport envisager entre police et justice? 
D. J. Les policiers et gendarmes, dont le nombre de blessés en service augmente chaque année en raison du sentiment d’impunité qui se développe chez les délinquants, sont totalement hostiles à toute réforme pénale qui va dans le sens d’une diminution des peines de prison pour les récidivistes.
Sans appui de la justice, les policiers et les gendarmes ne pourront continuer longtemps à combattre seuls la montée de la délinquance. Or, depuis des décennies, les réformes de la justice se succèdent sans réel fil conducteur, au gré des changements de gouvernements ou des mouvements de l’opinion publique. Plus récemment, l’Europe nous a également contraints et nous contraindra encore à modifier certaines lois. Le législateur s’inspire librement de tel ou tel autre pays pour décider d’une modification de notre système pénal sans jamais avoir de vision globale de la chaîne pénale. Les lobbys de certains magistrats, d’avocats ou du milieu associatif, largement relayés par certains médias, exercent des pressions fortes sur les gouvernements successifs, entraînant réformes inachevées sur réformes incomplètes en déstabilisant le fragile équilibre de la chaîne pénale.
Si le renforcement des droits de la défense et le sort des condamnés semblent être la constante de chaque réforme, ceux-ci ne sont pris en compte qu’au préjudice du droit des victimes et des prérogatives des enquêteurs.

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