La majorité présidentielle multiplie les messages, alternant vœux d’évolution sociétale et promesses d’apaisement
Une semaine après le « Jour de colère », la « Manif pour tous » reprenait de la voix, dimanche 2 février. En dépit de l’entrée en vigueur – il y a huit mois - de la loi Taubira, celles et ceux qui s’opposent aux réformes du cadre familial traditionnel n’ont rien perdu de leur vigilance.

Théorie du genre, PMA, GPA. Avérée ou fantasmée, ces rumeurs enflamment les esprits encore plus vite qu’elles ne se propagent sur Internet. Si la puissance résiduelle du mouvement né il y a un an impressionne les observateurs, le gouvernement, lui, entend bien en tirer profit.

Un peu à la manière d’un toréador qui, banderille après banderille, s’applique à épuiser son adversaire, la majorité présidentielle multiplie les messages, alternant vœux d’évolution sociétale et promesses d’apaisement.

Diviser pour (mieux) régner

Le gouvernement en est persuadé : minoritaires dans l’opinion publique, ces « révoltés du dimanche » divisent à droite autant qu’ils resserrent les rangs à gauche. Politiquement, l’analyse a de quoi séduire. Présentés par la majorité comme d’odieux réactionnaires flirtant ouvertement avec les thèses de l’extrême droite, ces manifestants sont devenus infréquentables pour une large partie de l’opposition.

C’est néanmoins un jeu dangereux auquel se prête l’Élysée. Souffler sur les braises conservatrices d’une partie de l’opinion, surfer sur sa réaction excessive pour finalement l’accuser de fascisme et la priver de toute vertu républicaine, voilà résumée la stratégie du parti socialiste.

Nul besoin d’être un génial politologue pour en mesurer les effets sur l’électorat. À quelques mois des échéances municipales et européennes, la majorité semble déterminée à gonfler les rangs du Front national afin de priver l’UMP – son adversaire naturel - de toute victoire lors de ces élections intermédiaires.

La pertinence politicienne de cette stratégie imaginée par François Mitterrand n’est plus à démontrer. Pas plus qu’à trop jouer avec le feu, certains finissent par se brûler. Premier secrétaire du PS lors de la débâcle du 21 avril 2002, François Hollande aurait tort de l’oublier.

Pierre Netter
Rédacteur en chef

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