Le directeur du Cevipof revient sur les enjeux et les risques pour Manuel Valls.
Décideurs. Quels sont les enjeux du vote de confiance du 16 septembre prochain ?

Martial Foucault. Le vote de confiance n’est pas un acte anodin, c’est même un acte profondément politique dans une démocratie non parlementaire comme la France.
L’actualité de défiance politique, notamment au sein des organisations politiques présentes au Parlement et surtout à l’Assemblée nationale, fait craindre que la loyauté et la discipline politiques ne volent en éclat. Toutefois, aucune grande surprise n’est à attendre, hormis des discussions houleuses au parti socialiste. N’oublions pas que Manuel Valls dispose encore d’une majorité absolue, même si son parti a besoin d’un ancrage plus large [la majorité absolue à l’Assemblée nationale est 289 voix, les socialistes représentent 290 voix, parmi lesquelles de 30 à 50 frondeurs, NDLR]

Le seul véritable risque est que, d’une part, le nombre de députés insatisfaits à gauche augmente et que, d’autre part, plus de soixante d’entre eux s’abstiennent lors de ce vote. Dans ce contexte, Jean-Christophe Cambadélis, rue de Solférino, et Bruno Le Roux, à l’Assemblée, ont un vrai rôle à jouer. À eux de faire entendre raison aux députés, de les convaincre de ne pas s’abstenir et de ne pas voter contre le plan de politique générale du Premier ministre.

L’ultime question est celle de savoir si les députés socialistes sont dès à présent prêts à être défaits de leur mandat local ou s’ils préfèrent attendre 2017. La gauche a déjà démontré par le passé qu’elle savait jouer avec les instruments de la Ve République, notamment sous Michel Rocard, lorsque les centristes agitaient l’article 49-2 de la Constitution engagement de responsabilité du gouvernement pour tester le gouvernement.


Décideurs. La dissolution est-elle alors la dernière arme disponible pour Manuel Valls ?

M. F. La dissolution est un vrai sujet, mais stérile en l’espèce. L’évoquer aujourd’hui reviendrait à voir la vie politique actuelle de façon très cynique : comme un jeu avec les institutions de la Ve République, qui protège et expose les gouvernements en place. Cela irait de pair avec une révision totale des institutions.

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