Entretien avec Rodolphe Carle, cofondateur et président de Babilou, premier réseau privé de structures d’accueil petite enfance en France, avec plus de trois cents crèches.
Décideurs. Quels moyens avez-vous utilisés pour financer votre croissance durant les premières années d’existence ?
Rodolphe Carle.
J’ai cofondé Babilou avec mon frère en 2003. Dans ce secteur, les dépenses d’investissement en capital sont importantes. Comme nous souhaitions garder 100 % du capital de notre entreprise, nous avons réalisé un endettement bancaire en nous portant caution personnelle. La banque publique d’investissement nous a également beaucoup aidés en nous servant de garantie bancaire. Par la suite, nous avons utilisé tous les véhicules créés par BPI France.

Les cinq premières années ont été difficiles car nous avons été amenés à modifier notre modèle économique. Malgré cela, les banques n’ont jamais perdu confiance en notre P&L (compte de pertes et profits). En 2007, nous n’avions pas de fonds propres et une dette de quatre millions d’euros. Cette situation ne pouvait pas durer éternellement, d’autant plus que nous voulions accélérer notre croissance en réalisant quinze ouvertures en 2008.

« Nous avons utilisé tous les véhicules créés par BPI France »

Décideurs. Quelle solution de financement avez-vous alors choisie ?
R. C.
Nous nous sommes tout de suite orientés vers les fonds d’investissement. C’était la suite logique de notre développement. Lorsque nous avons commencé à les approcher, la France était en pleine crise financière. Pour autant, nous avons réussi à trouver un fonds très rapidement. En cinq semaines, nous avons conclu un accord avec Nicolas Macquin d’Alpha Private Equity. Au-delà de l’aspect financier, la relation de confiance a été très importante. Il a tout de suite compris notre état d’esprit : grandir vite tout en maintenant un service de qualité dans nos crèches. Le fonds a ainsi joué un grand rôle dans notre stratégie d’acquisition (Iziy-Les enfants d'abord!, Tout Petit Monde, Garderisettes et La Ronde des Crèches).

Décideurs. Après cette opération, comment se répartissait le capital ?
R. C
. Nous détenions alors 70 % du capital de Babilou. Rester majoritaire a toujours été une priorité. Nous envisageons notre société comme un groupe familial. D’ailleurs, même après les deux opérations complémentaires de financement, nous détenions 55 % du capital, Alpha Private Equity détenant le reste. Nous avons levé un peu de dette, mais nous avons gardé des niveaux de levier raisonnables. Au-dessus de trois, j’estime que cela engendre un risque trop important.

Décideurs. En 2013, Alpha Private Equity décide de sortir du capital…
R. C.
Oui, cela faisait déjà cinq ans que le fonds nous suivait, il était logique qu’il sorte. Nous avons profité de l’occasion pour remonter au capital. Avec le management, nous détenons désormais 60 % de Babilou. Il me semblait important d’intégrer nos cadres dirigeants dans l’aventure. Le reste est détenu par deux nouveaux actionnaires : Cobepa, société d’investissement belge, et la Société générale. Nous avons profité de l’opération pour réorganiser la dette. Nous avons alors organisé un pool autour de BNP Paribas et Banque populaire, deux banques qui nous suivent depuis nos débuts. Grâce à ce nouvel actionnariat, nous allons pouvoir accélérer notre développement à l’international. Nous sommes déjà présents en Allemagne et en Belgique. Notre ambition est mondiale : en 2015, nous allons ouvrir sur un nouveau continent.

Propos recueillis par V. P.

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