Contre toute attente, Bruno Le Maire pourrait bien mettre en grande difficulté Nicolas Sarkozy dans la course à la présidence de l’UMP. Voire le devancer.
« Un jus d’orange pressé. Avec de la glace », précise au garçon de café l’homme qui arbore un sourire enjoué et des traits qui ne laissent nullement paraître la fatigue des déplacements à travers la France. Bruno Le Maire est ce matin-là détendu et plus déterminé que jamais. Résolu à prouver que seule la présidence de son parti, l’UMP, l’intéresse.
L’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin devenu secrétaire d’État et ministre sous Nicolas Sarkozy est en campagne depuis le début du mois de juin dernier – avec un budget compris entre 130 000 et 150 000 euros. Cinq mois après, et concurrencé depuis quelques semaines par Nicolas Sarkozy, le député de l’Eure aime à dire qu’il s’appuie désormais sur le soutien de cinquante-trois parlementaires et douze mille parrains. De quoi tordre le cou à tous ceux qui ne le voyaient pas dépasser la barre des 10 %.

Retour de Sarkozy
Si, à près d'un mois du congrès de l'UMP, Nicolas Sarkozy demeure en tête des sondages – 68 % des sympathisants de l'UMP souhaitent son élection à la tête du parti (Ifop-JDD du 5 octobre) –, Bruno Le Maire arrive en deuxième position (18 %). Quant à Hervé Mariton, il ne recueille que 1 % des intentions de vote. Mais passé l’effet d’annonce de son retour, c’est surtout le recul de sept points de la cote de l’ancien Président qui rassure l’entourage de l’outsider.
Rien n’est plus acquis à Nicolas Sarkozy, d’autant que ce sont bien deux fillonistes, Gérard Larcher et Bruno Retailleau, qui ont récemment été élus face aux sarkozystes Jean-Pierre Raffarin et Roger Karoutchi, respectivement à la présidence et au groupe UMP de la haute assemblée.

La dynamique du renouveau
« J’y crois plus que jamais ». L’affirmation de Bruno Le Maire est reprise en choeur par les membres de son équipe qui assurent que leur positionnement n’est nullement « anti-Sarkozy » et que ce qui importe c’est la dynamique du renouveau incarné. À 45 ans, ce père de quatre enfants veut en effet créer la surprise. Il refuse la figure de l’homme providentiel et préfère la « transparence » d’un « contrat de confiance » avec les militants. Un pied de nez à l’obscurantisme financier de son parti et aux enquêtes judiciaires qui éclaboussent certains de ses caciques.
Pour son ancien conseiller, Sébastien Lecornu, devenu maire de Vernon, Bruno Le Maire est surtout « honnête, intelligent et sincère ». Un avis quasi unanimement partagé par ceux qui l’ont côtoyé. Mais à creuser un peu, on le dit aussi « impatient, têtu et coriace », voire parfois « trop sensible et trop affectif ».
Bien né, féru de littérature, normalien, agrégé, diplômé par la suite de Sciences-Po et de l’ENA, Bruno Le Maire est-il le nouveau « meilleur d’entre nous » ? Réponse le 29 novembre prochain. Et après.


Pour aller plus loin : 
Bruno Le Maire : « Je ne serai pas la caution d’un retour raté de la droite au pouvoir »
Politique et écrivain... et l'inverse


Julien Beauhaire & Camille Drieu


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Ce qu’ils pensent de lui :

Ses amis
Franck Riester (député UMP) : « Bruno est authentique. C’est un homme de parole. Il a cette sincérité dans l’engagement qui est sa marque de fabrique. Une force l’anime et le pousse à prendre ses responsabilités. C’est une personne déterminée qui a une force intérieure incroyable. Il peut créer la surprise, car il y a un vrai besoin de renouveau. Sa stratégie est claire : que la droite républicaine soit en ordre de marche en s’attachant à la transparence et à la bonne gestion des finances. »

Damien Abad (député UMP) : « Audacieux, sincère et moderne, il incarne le renouveau de la classe politique française. Sa campagne a une chance de l’emporter car elle répond à une aspiration : changer la politique et donner un nouvel élan. »

Anne Grommerch (députée UMP) : « C’est un homme entier, rigoureux et novateur dans ses idées. Sa campagne se fait sur le terrain, partout en France et au plus près des gens qui veulent une politique différente, avec un discours simple et clair. »

Ses ennemis
Nicolas Sarkozy : « Quand il apparaît à la télé, les Français changent de chaîne. Il écrit des livres en allemand que personne ne comprend et il donne des leçons à tout le monde sans même avoir été Premier ministre. »

Brice Hortefeux (eurodéputé) : « C’est une ordure qui nous crache à la gueule alors que, sans Nicolas, il n'aurait jamais été ministre. »

Laurent Wauquiez (député UMP) : « L’enjeu pour la présidence de l’UMP, ce n’est pas une question de marketing politique et de slogan, mais de valeurs. Nous avons besoin d’une droite qui assume fièrement ses valeurs. (…) Le problème de la droite en France c'est qu'on doit en dire moins et en faire plus. C'est ce que les Français attendent. »


photo © Catherine Hélie - Éditions Gallimard

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