Pierre Moscovicidéputé PS de la quatrième circocription du Doubs

Pierre Moscovici
député PS de la quatrième circonscription du Doubs

Décideurs. Le résultat des élections régionales correspond-t-il à la victoire de la gauche ou à celle du Parti socialiste ?

Pierre Moscovici.
Il révèle aussi bien la victoire du Parti socialiste que celle de la gauche. Avec 54 % des suffrages exprimés recueillis par la gauche, le rapport de force qui en émerge est inédit sous la Ve République. Bien que le taux de participation ait été faible, l’abstention touche essentiellement la droite parlementaire. L’ensemble de ces éléments constitue un désaveu majeur pour Nicolas Sarkozy.

S’il s’agissait d’élections locales, leurs conséquences sont nationales et destructrices pour la droite parlementaire qui est poussée à la surenchère, comme l’illustre le débat autour du port de la burqa. Nicolas Sarkozy court derrière l’électorat perdu. Quant à la gauche et notamment le PS, elle est apparue comme le réceptacle naturel d’une alternative possible. J’y vois deux interprétations. La première est la récompense de la bonne gestion des élus locaux du PS. La seconde fait de la gauche l’espoir de ceux qui attendent le changement. Alors que la gauche était dite morte, elle amorce un rétablissement spectaculaire. Sachant que le résultat du PS a été deux fois plus élevé que celui d’Europe écologie, nous sommes en situation pour jouer le rôle de l’alternance. Je note que la dérision dont le PS a souffert est terminée. Tandis qu’à une époque, chaque propos ou idée du PS, même valable, était sujet à moquerie, l’intérêt renaît, les gens reviennent vers nous et sont curieux de nos propositions. Cela doit nous inciter à travailler encore plus dur. Pourtant, nous devons rester prudents : si Nicolas Sarkozy ne peut plus gagner les élections de 2012, nous pouvons encore les perdre.


Décideurs. Quelles sont les conditions pour transformer l’essai d’ici 2012 ?

P. M.
La première exigence est le projet. Il doit être rassembleur de toute la gauche et crédible. Cela exige de prendre en compte la situation des finances publiques. Ensuite, des primaires maîtrisées devront faire émerger un rassemblement autour d’un candidat qui porte nos couleurs et apparaît comme un président possible. Enfin, le pilotage intelligent d’une alliance doit assurer la constitution d’une majorité dont le PS doit être le porteur. Ces éléments incarneront le contraste avec un Président de la République, Nicolas Sarkozy, en perte de contact avec les citoyens et dont le charisme a été rompu.


Décideurs. Est-ce à dire que vous seriez enthousiaste à une nouvelle candidature de Nicolas Sarkozy en 2012 ?

P. M.
Aujourd’hui, il n’est pas le moins bon des candidats pour la gauche.


Décideurs. Les résultats des élections régionales, associés au processus des primaires, sont-ils de nature à faire émerger un candidat du PS pour 2012 ?

P. M.
Je suis confiant. De nombreux talents sont présents au PS. Une compétition aura lieu, mais nous avons la responsabilité de nous rassembler car nous partageons tous la volonté de l’emporter en 2012. L’état d’esprit de cette compétition ne sera pas celui de 2007 mais celui qui a prévalu chez les démocrates aux États-Unis pour désigner Barack Obama.


Décideurs. Comment envisagez-vous vos relations avec Europe écologie ?

P. M.
Certaines choses nous distinguent. Ce sont des partenaires difficiles quant aux négociations sur les questions de fond. Je ne crois pas que l’idée d’un candidat commun au premier tour soit la bonne. Je considère l’émulation suivie du rassemblement comme étant bien plus efficace.


Décideurs. Le rapport sur « le nouveau modèle économique, social et écologique » que vous venez de rendre est-il une forme de synthèse, une volonté de rassemblement ?

P. M.
Il s’agit de l’avant-projet pour 2012. Ce n’est ni un travail de courant, ni une vision personnelle. Il s’agit de porter une ambition de gauche permettant d’associer toutes les sensibilités.


Décideurs. Certains passages du rapport sont virulents. Comment envisagez-vous de réconcilier le PS avec le monde de l’entreprise ?


P. M.
Quels sont les passages auxquels vous pensez ?


Décideurs. Notamment un paragraphe qui critique les excès du marketing et la société de consommation.

P. M.
Le PS doit être le parti de l’innovation et de la création. À ce titre, nous critiquons la tyrannie de la finance et nous souhaitons créer les conditions de la discussion en entreprise, notamment pour réduire les écarts salariaux. Compte tenu du salaire médian en France, un rapport de un à vingt semble déjà énorme et nous paraît être le maximum raisonnable.


Décideurs. Le dossier des retraites ne risque-t-il pas de diviser le PS ?

P. M.
Tout est source de dissension car de débat. Mais l’envie d’avancer ensemble est bien présente au sein du parti, et cet état d’esprit prévaudra dans le cadre des propositions que nous avancerons.

Mai 2010

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