L’inclusion, pilier social de la finance responsable, est de plus en plus utilisée par les managements comme effet de levier afin de renforcer la culture d’entreprise. La Financière Responsable est la seule société de gestion à avoir créé une solution d’investissement en rapport avec cette thématique. Stéphane Prévost, CEO, répond à nos questions sur son fonds.
S. Prévost (La Financière Responsable) : "Accepter et intégrer la différence suppose une ouverture d’esprit"
DÉCIDEURS. Pouvez-vous nous parler de votre stratégie LFR Inclusion Responsable ISR ?
Stéphane Prévost. C’est une idée qui nous est venue en commun avec les équipes de Mapfre, assureur espagnol au capital de La Financière Responsable. Nous souhaitions développer un fonds social en favorisant l’inclusion des personnes handicapées, à la fois par une bonne compréhension du métier de l’entreprise et par une bonne vision sur ces sujets. Nous ne voulions pas nous baser seulement sur le nombre de salariés en situation de handicap au sein d’une société, mais également sur sa politique d’inclusion dans son ensemble pour y voir une qualité et une capacité à créer de la valeur.
Pourquoi investir sur cette thématique ?
La thèse d’investissement est de démontrer que nous pouvons utiliser la politique handicap d’une entreprise comme révélatrice de sa qualité et de son aptitude à faire face aux défis futurs. Accepter et intégrer la différence supposent une ouverture d’esprit, une communication plus importante, une sensibilisation à ces problématiques, et cela favorise la mobilisation, la créativité et la flexibilité. Ce sont autant de facteurs clés de succès. Ce n’est pas le fruit du hasard si nous voyons de plus en plus de sociétés aller vers des politiques plus inclusives. Je ne vous cache pas que, lorsqu’en 2018 nous avons lancé ce fonds, peu de fonds axés sur la donnée sociale existaient bien que ce soit un pilier de la finance responsable.
Quelle est votre stratégie de gestion ?
Grâce à une analyse stratégique des entreprises et à la compréhension du métier, les analystes ont décelé un lien entre les indicateurs sociaux et la qualité des entreprises. La stratégie de gestion repose sur deux bases de données propriétaires : l’une sur les critères extra-financiers collectés sur notre plateforme "L’Empreinte Eco-Sociale®" avec plus de de 170 indicateurs et l’autre, plus spécifique, appelée "Inclusion Indicators Database®", rassemblant 67 indicateurs. Ces données sont collectées via deux questionnaires consacrés à l’ESG et au handicap.
Vous travaillez avec une politique d’exclusion ?
Nous éliminons 70 % de l’univers européen au travers de l’inclusion, ainsi que 30 sociétés de plus sur nos cinq critères d’exclusion ESG. La grille d’analyse interne classe ensuite les structures sous quatre grands groupes : les entreprises leaders sur la question du handicap, les engagées, les prometteuses et les naissantes. Ce dernier groupe n’appartient pas à notre scope d’investissement. Aujourd’hui, le portefeuille est composé à 74 % d’entreprises leaders et engagées.
Quel est l’univers d’investissement ?
Sept piliers constituent l’épine dorsale du handicap au sein d’une entreprise. D’abord, nous regardons les données quantitatives des sociétés sur l’inclusion. Au risque de vous étonner, toutes les structures ne donnent pas le détail du nombre de salariés en situation de handicap. Ensuite, nous regardons la formalisation des politiques, l’accessibilité et l’ergonomie, le recrutement et l’intégration, la rétention de ces employés, sujet majeur au sein des entreprises, les initiatives et enfin le lien avec le secteur protégé. Ce dernier point englobe l’ensemble des activités sous-traitées ou confiées à des sociétés disposant d’agréments spécifiques dans l’emploi de personnes en situation de handicap. Ce fonds se révèle être un franc succès… Il y a un vrai intérêt des investisseurs dans la mesure où il n’y a pas de solution équivalente sur le sujet. Ce qui plaît aux clients est l’aspect progressiste et positif de l’approche, ainsi que la très forte sélectivité sur des critères extra-financiers. Depuis son lancement, nous tenons le pari de la performance en battant le marché sur trois ans glissants.
Propos recueillis par Marine Fleury
