Dans un contexte réglementaire qui ne cesse de se complexifier, le métier des conseillers en gestion de patrimoine peut parfois s’avérer être un vrai casse-tête. Ambitieux, innovants et engagés, les associés d’Honoré Gestion Privée ont pris le problème à bras-le-corps pour répondre à cette problématique grâce à leur application "Must Compliance", créée en association avec quinze professionnels du patrimoine.

Décideurs. L’interprofessionnalité est porteuse d’affaires mais pas seulement. Quels en sont les avantages ?

Fabien Cabezon. L’interprofessionnalité permet d’échanger, confronter et comparer nos idées afin de débattre des meilleures stratégies pour nos clients sur les angles civils, comptables et fiscaux. Cette association de différentes composantes métiers nous permet d’offrir un conseil à haute valeur ajoutée pour une clientèle exigeante.

Comment fonctionne l’interprofessionnalité avec une clientèle étrangère ?

Christophe Lacroix. La gestion internationale du patrimoine est une matière complexe qui implique d’associer le droit international privé et la fiscalité. Les traités, conventions, règlements sont nombreux, la complexité de cette approche impose une collaboration entre professionnels du droit et de la fiscalité, en France mais aussi en relais avec des correspondants étrangers. L’interprofessionnalité sur les dossiers patrimoniaux ayant une problématique internationale est incontournable.

Avec quelle typologie d’acteurs travaillez-vous ?

F. C. Nous avons développé des synergies avec des avocats surtout fiscalistes, experts-comptables, notaires et, de manière traditionnelle, avec des sociétés de gestion.

"La rigueur et l’exigence sont des valeurs que nous souhaitons retrouver chez les personnes avec qui nous travaillons"

Nous recherchons des acteurs qui soient indépendants, à taille humaine et agiles. La rigueur et l’exigence sont des valeurs que nous souhaitons retrouver chez les personnes avec qui nous travaillons.

Dans quelle mesure la complémentarité entre les différents acteurs du patrimoine a-t-elle ses limites ?

F. C. Le maitre-mot est le respect des compétences propres. Notre rôle en tant que CGP est d’être au cœur du moteur et de centraliser afin de réunir toutes ces compétences pour en réaliser la synthèse à destination du client.

C. L. Accompagner le client impose d’harmoniser les réflexions stratégiques entre professionnels.

La conformité est une composante phare de votre métier, quels sont aujourd’hui les plus gros défis ?

C. L. Nous devons parfaitement maîtriser les évolutions en matière de conformité parce que cela évolue régulièrement. Garder un équilibre constant entre la relation client et la multiplication des tâches réglementaires n’est pas chose facile. La réglementation est indéniablement nécessaire pour le client et pour le métier, mais elle n’en demeure pas moins lourde, pesante et croissante, nous devons veiller à en assurer la fluidité pour ne pas détériorer la qualité de la relation client.

Et en ce qui concerne la conformité dans l’ère numérique ?

C.L/F. C. Nous apportons dès 2022 une réponse métier par la création d’un outil "Must Compliance", fruit d’une collaboration avec quinze confrères et destiné à l’ensemble de la profession. L’application regroupe trois fonctionnalités :

- La première, sous la forme d’une aide au suivi du parcours client et des procédures du cabinet,

- La deuxième permet l’émission ou l’édition en moins de cinq minutes, dans la charte graphique et avec les variables de chaque cabinet, de toute la documentation réglementaire d’avant-vente, à savoir le DER, la lettre de mission, le rapport de mission et/ou de conseil avec le match d’adéquation et la gouvernance produit pour tous les produits et producteurs référencés en bibliothèque,

- La troisième concerne le pilotage économique et commercial du business et du chiffre d’affaires. Les fichiers de commissions des producteurs sont agrégés dans un format unique permettant ainsi de générer instantanément le Fracif annuel, de répondre aux enquêtes ACPR et aux contrôles des chambres.

Notre offre étant complémentaire de celle de notre partenaire Harvest, afin d’éviter les redondances de saisie, une API permet de puiser directement dans O2S les données client.

Quelles sont les attentes des investisseurs cette année ?

F. C. Au-delà des solutions proposées à nos clients, nous essayons nous-mêmes d’y répondre en étant membre de l’association "1 % pour la planète". Cependant, les normes ISR et ESG ne correspondent pas toujours aux attentes clients qui veulent avoir un impact grâce à leurs investissements. Nous avons développé une offre qui vient répondre aux convictions des clients grâce à des thématiques très précises misant sur les enjeux sociétaux actuels. Cette volonté est croissante chez nos clients et ne se fait pas au détriment de la performance. C’est un cercle très vertueux lorsque nous nous y intéressons vraiment.

Le private equity est une classe d’actifs montante, quels sont les atouts de cette solution d’investissement ?

C. L. Le marché s’est un peu ouvert, ce qui le rend plus accessible pour les clients, et donc apporte une offre qui s’agrandit. Investir dans l’économie réelle est un atout, avec parfois une traduction directe par la création d’emplois par exemple. Dans la présentation et le contrôle de gestion, le client visualise son investissement et la raison de son investissement. Cela reste une classe d’actifs réservée à une clientèle avertie mais peut-être plus simple à comprendre malgré tout. 

"Investir dans l’économie réelle est un atout"

F. C. Au-delà de la visibilité des actifs, nous avons accès à l’équipe de gestion, ce qui est agréable dans la communication et permet également des moments d’échanges autour de la stratégie. Enfin, l’aspect décorrélation des marchés dans un contexte très volatil valorise cette classe d’actifs.

Propos recueillis par Marine Fleury

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