Plateforme d’échange régulée d’indices de cryptomonnaies, Trakx permet aux investisseurs de se diversifier en achetant ou vendant des indices développés en interne suivant certaines thématiques. Lionel Rebibo, cofondateur et CEO de Trakx, et Caroline Jacquard, responsable communication, présentent les opportunités et les freins d’un marché en pleine puissance.

Décideurs. Quelles tendances observez-vous sur le marché des cryptomonnaies ?

Caroline Jacquard. Cette classe d’actifs qui représente près de 2 trillions de dollars ne peut plus être ignorée. Elle prend de l’ampleur et se partage entre les Millennials qui achètent des bitcoins, des coins ou des tokens en direct, et les institutionnels qui s’y intéressent réellement.

Lionel Rebibo. Cet intérêt grandissant pour les cryptomonnaies se mesure par différentes matrices : la création de cryptomonnaies, le nombre de comptes sur les plateformes de trading centralisées, les volumes de trading... Tout ceci démontre la croissance du marché qui arrive à maturité. D’ailleurs, les investisseurs comprennent et distinguent davantage les différents produits disponibles. Alors que la partie retail représentait historiquement la majorité du secteur (85 %), on observe dorénavant une institutionnalisation accrue, avec l’arrivée sur ce segment des family offices et hedge funds.

Quelles sont les opportunités actuelles ?

C. J. Au niveau macroéconomique, compte tenu du contexte actuel d’inflation et de perte de valeur générale des actifs, les investisseurs ont tout à gagner à diversifier leur portefeuille avec des cryptomonnaies.

"Les investisseurs ont tout à gagner à diversifier leur portefeuille avec des cryptos"

L. R. Ceux qui cherchent à se couvrir contre le risque d’inflation ou d’événements macroéconomiques peuvent se tourner vers le bitcoin qui reste un instrument de choix et une opportunité évidente. L’Ethereum est le team maker des crypto-actifs émis et représente l’opportunité au sens large d’adhérer à l’adoption grandissante de la blockchain. Les alternative coins sont également très intéressants : le marché découvre les jetons émis par des protocoles qui résolvent divers problèmes. Il existe enfin une réelle opportunité sur le thème de la finance décentralisée.

La volatilité et le manque de réglementation sont deux freins majeurs observés sur ce marché. Êtes-vous du même avis ?

C. J. Pour certains investisseurs, la volatilité peut être vue comme un frein alors que pour d’autres ce sera, au contraire, une opportunité. Les marchés sont actuellement volatils sur toutes les classes d’actifs et il est intéressant d’allouer une partie de son portefeuille sur les cryptomonnaies. Cette volatilité peut être remise en perspective à court ou moyen terme. Concernant l’aspect réglementaire, ce sujet se trouve au cœur de l’actualité et représente un frein majeur à l’entrée pour de nombreux investisseurs. Trakx a opté pour la réglementation AMF-ACPR sur quatre licences qui lui permettent d’opérer comme plateforme d’échange, d’assurer les services de conservation d’actifs et d’échanger les actifs numériques entre eux et contre une monnaie à cours légal. Le processus d’enregistrement auprès des autorités financières est long mais devrait être adopté par de plus en plus de sociétés. Par ailleurs, dans le contexte actuel de guerre en Ukraine ou les cryptomonnaies pourraient être utilisées par certains pour contourner des sanctions économiques, les gouvernements vont renforcer leur attention sur la réglementation.

"L’institutionnalisation permet de réduire la volatilité"

L. R. Ces freins majeurs se dissipent désormais. L’introduction de produits dérivés – options et futures – permet de mettre en place des forces de rappel et de comprimer cette volatilité. Par ailleurs, il y a une action grandissante des institutionnels qui disposent d’une capacité d’investissement plus importante que les investisseurs particuliers. Investissant dans le long terme, ils créent plus de stabilité dans les flux. L’institutionnalisation permet donc de réduire la volatilité. A contrario certains redoutent le jour où elle deviendra faible car cette instabilité constitue une opportunité. Concernant la réglementation, tous les régulateurs avancent sur le sujet, notamment en Europe avec le projet de règlement Markets in Crypto-Assets (MiCA), qui entrera en vigueur l’an prochain pour définir un cadre clair sur cette classe d’actifs. Aux États-Unis, Joe Biden est resté vague sur le sujet mais il en ressort que les Américains vont avancer sur le sujet pour rassurer les investisseurs.

Y a-t-il d’autres freins actuellement ?

C. J. Le manque de connaissances représente un frein majeur à l’entrée, il faut avancer sur la sensibilisation des investisseurs aux cryptos.

L. R. Selon moi, l’infrastructure est le plus gros frein mais de nombreux professionnels travaillent sur le sujet. L’infrastructure est la partie dépositaire qui techniquement pose un problème à quasiment tous les plus gros investisseurs.

Les cryptomonnaies : valeur refuge au même titre que l’or ?

L. R. Non, on ne peut pas parler de valeur refuge pour toutes les cryptomonnaies car les cryptodevises ne représentent qu’une faible part de l’ensemble des crypto-actifs. Le bitcoin représente un peu plus de 50 % de la capitalisation de l’ensemble des actifs digitaux. Il est considéré comme valeur refuge pour les investisseurs lors d’événements macroéconomiques ou géopolitiques.

Quel horizon d’investissement viser lorsque l’on investit en cryptomonnaies ?

L. R. Cela dépend du type de crypto-actif. Le bitcoin, lorsqu’il est intégré dans l’allocation long terme du portefeuille (comme l’immobilier ou l’or), est un bon élément de diversification. L’Ethereum est plus adapté à une stratégie sur le moyen/long terme pour jouer sur la blockchain. Les autres jetons émis ont des profils différents et sont globalement traités sur du plus court terme.

Propos recueillis par Juliette Woods

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