Les professionnels de la gestion d’actifs s’investissent de plus en plus sur les questions sociales et environnementales. Entre prise de conscience généralisée et durcissement des réglementations, voici comment le secteur s’adapte à ce paysage vert.

Longtemps considéré comme une mode réservée à une clientèle particulièrement engagée, l’investissement responsable tend à devenir incontournable, voire impératif. Cette transformation est notamment liée à la reconnaissance accrue des données environnementales, sociales et de gouvernance, essentielles pour combiner intégration des critères extra-financiers et rendement.

Plus qu’une niche

Amundi Asset Management, leader de la gestion d’actifs en France, est l’un des rares acteurs de sa taille à avoir inscrit la finance durable comme pilier de la société dès sa fondation en 2010. Concrètement, les gérants s’appuient sur une approche dite hybride dans la collecte d’informations extrafinancières. "Nous disposons d’un outil élaboré par nos équipes de recherche afin de construire des scores environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance (ESG) avec une méthodologie d’analyse propriétaire. Nous collectons certes des informations extra-financières auprès de quatorze fournisseurs différents,mais l’évaluation d’Amundi et son référentiel reposent in fine sur une combinaison de données extrafinancières externes et d’analyses et vues qualitatives internes.", explique Timothée Jaulin, responsable du développement ESG chez Amundi AM.

Cette stratégie, de prime abord restrictive, a un impact positif sur la croissance du groupe. Amundi AM est passé de 378 milliards d’euros d’encours responsables fin 2020, à plus de 802 milliards neuf mois plus tard. Croissance naturelle des encours et plan d’actions en trois ans ont su faire la part belle à la planète.

Prise de conscience

L’urgence climatique et la crise sanitaire incitent épargnants et investisseurs à s’impliquer. Nombreux sont les gestionnaires d’actifs prêts à aider leur clientèle à associer durabilité et responsabilité. Aujourd’hui, de jeunes talents souhaitent porter leurs convictions haut et fort. Mais, en dépit d’une prise de conscience généralisée, ils se trouvent parfois désemparés sur la façon dont leur capital pourrait être déployé. Parmi les références de la "gestion verte", le family office à impact Kimpa propose d’investir en tenant compte des objectifs environnementaux de l’ONU définis en 2015. Selon Vincent Piche, cofondateur de la structure, "le climat est une thématique qui revient très souvent et nous convions nos clients à suivre un atelier appelé La fresque du climat qui est une association française dont l’objet est d’apporter une meilleure compréhension des liens de cause à effet des actions de l’Homme sur la planète et des changements climatiques qui en découlent". Ces investissements font sens lorsque les plans d’action des régulateurs et les objectifs environnementaux des pouvoirs publics s’alignent.

Naissance de la RegTech

L’accélération du développement de la finance durable s’accompagne de son lot de nouvelles contraintes réglementaires toujours plus exigeantes. Transparence, préservation des marchés, greenwashing… Les lois ISR se multiplient, complexifiant au passage le paysage et donnant aux professionnels l’impression de marcher sur des sables mouvants. De quoi donner naissance à un nouveau secteur, celui des RegTechs, contraction de "regulatory" et "technology". Sa mission ? Aider les institutions financières dans leurs processus de mise en conformité. Ces RegTechs permettent également de protéger les investisseurs et d’encourager les sociétés à dépasser l’obstacle que représente le magma réglementaire. Flexibilité et adaptabilité semblent être les prochains défis de la finance durable.

Marine Fleury

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