Les professionnels de la place financière ont vu les marchés subir la crise liée à l’épidémie de la Covid-19. Et pour cause, entre restrictions monétaires et inflation, les pays émergents seront sûrement les plus longs à se remettre de cette période. C’est ce qu’explique à Décideurs Delphine d’Hautefort, directrice de Priorités Patrimoine.

DÉCIDEURS. Nous anticipons un assouplissement de la politique monétaire en Chine, qu’est-ce que cela implique ?  

Delphine d’Hautefort. L’assouplissement de la politique monétaire en Chine est justifié par le ralentissement significatif de la croissance ainsi que par les défis posés par les épidémies de la Covid-19, notamment dus à leur politique "Zéro Covid" et des périodes de confinement strictes. De plus, et en conséquence de l’épidémie, les contraintes d'approvisionnement limitent la croissance de l'industrie manufacturière chinoise.  

"Il faudra cinq ans à l'Argentine et à l'Afrique du Sud pour retrouver leur richesse de la fin 2019"

Quelles conséquences pour les pays émergents face à l’inflation ? 

La crise de 2008 avait été plus dure à traverser pour les pays riches que pour les émergents. Celle de la Covid-19 pourrait produire le scénario inverse. Pour l'OCDE, les quatre pays qui mettront le plus de temps à retrouver leur niveau de PIB d'avant crise sont tous des pays émergents : il faudra cinq ans à l'Argentine et à l'Afrique du Sud pour retrouver leur richesse de la fin 2019, et quatre ans à l'Arabie saoudite et au Mexique. De plus, l'inflation devrait rester élevée jusqu’à fin 2022, en partie due aux pressions continues sur les prix des denrées alimentaires, des matières premières (notamment le pétrole) et des dépréciations monétaires, créant ainsi un nouveau fossé entre les pays du Nord et ceux du Sud. Plus généralement, nous assistons à des ruptures d’approvisionnement poussant les prix à la hausse, comme cela a été le cas pour le sucre en Russie et pour de nombreux produits de base en Afrique. 

"L’Inde est vouée à devenir une civilisation de premier plan"

Quels sont les marchés à surveiller pour 2022 ?  

Les actions d’Asie hors Japon ont connu une année mouvementée en 2021. Les actions chinoises en particulier se sont heurtées à un certain nombre de difficultés et les retombées de la crise devraient se faire sentir en 2022. Les opportunités d’investissement en Chine s’amenuisent à mesure que l’implication de l’État dans les entreprises privées augmente. En revanche, les valorisations des actions indiennes semblent élevées, mais un fort courant de nouvelles introductions en Bourse pourrait créer de nouvelles opportunités. Enfin, l’Inde est vouée à devenir une civilisation de premier plan et influente grâce à sa démographie et sa capacité en ressources humaines à produire un nombre important de médecins, de scientifiques, d’ingénieurs et de professionnels de l’informatique. 

Quel accompagnement est proposé de votre part sur ces marchés ? 

La construction de portefeuille reste axée sur le maintien d’un bon niveau de diversification et nous ne pouvons pas négliger les sociétés asiatiques qui sont des leaders mondiaux dans leur niche respective. D’ailleurs, nos clients le comprennent et apprécient nos conseils de diversification.  

Propos recueillis par Marine Fleury 

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