Un an après son lancement, le label Relance s’est fait un nom auprès des sociétés de gestion. Paul-Simon Bénac, adjoint au chef du bureau Épargne et marchés financiers au Trésor et porte-parole du label, revient sur cette offre diversifiée qui permet aux épargnants de participer à la relance de l’économie en répondant aux besoins de financement des sociétés françaises.

Décideurs. Pouvez-vous nous rappeler le fonctionnement du label Relance ?

Paul-Simon Bénac. D’importantes réformes ont été mises en œuvre ces dernières années dans le but de réorienter l’épargne vers des placements contribuant au financement d’entreprises, notamment dans le cadre de la loi Pacte. Le label Relance, l’une des mesures prises dans le cadre du plan de relance, prolonge ces efforts. En octobre 2020, ce label est lancé à la suite d’un constat de surabondance de l’épargne, marginalement investie dans les entreprises françaises, alors que la pandémie a augmenté leurs besoins de financements. Face à ce constat, le label vise à valoriser les fonds d’investissement, majoritairement accessibles par des supports d’épargne grand public, qui investissent significativement en fonds propres dans les entreprises françaises, notamment des PME et ETI. Il permet ainsi aux Français de donner du sens à leur épargne en la plaçant dans des produits qui renforcent la capacité des entreprises françaises à investir et à créer des emplois en phase de reprise.

"Le label permet de donner du sens à l’épargne des Français en la plaçant dans des produits qui renforcent la capacité des entreprises françaises à investir"

Quels sont les critères d’attribution de ce label ?

Toutes les sociétés de gestion peuvent déposer leur demande auprès de la Direction générale du Trésor. Nous garantissons un retour rapide après vérification du respect des critères de labellisation. Pour obtenir le label Relance, un fonds doit respecter plusieurs règles. Tout d’abord, il est essentiel d’investir significativement en fonds propres ou quasi-fonds propres dans les entreprises françaises, et notamment dans les PME et ETI. De plus, il faut prendre en compte un ensemble de critères ESG dans la gestion, que ça soit dans l’accompagnement des entreprises ou lors de l’investissement, notamment en améliorant le score ESG du portefeuille et en excluant les entreprises liées au charbon. Enfin, il est nécessaire d’apporter de l’argent frais aux sociétés par la participation à des introductions en Bourse ou à des augmentations de capital.

Avons-nous une estimation du besoin en financement des entreprises françaises ?

À l’automne 2020, les analyses économiques menées par la Direction générale du Trésor avaient évalué les besoins de financements en fonds propres suscités par la crise de 10 à 20 milliards d’euros pour les PME et ETI françaises. S’ajoutent des besoins préexistants : la Banque de France évaluait ainsi dans une étude publiée en mai 2021 que 20 % des PME pouvaient être considérées comme sous-capitalisées. Si les mesures sans précédent prises à la suite de la crise sanitaire ont permis aux entreprises de traverser la pandémie, le besoin de soutien de l’économie est donc toujours présent. Il est en outre essentiel que les épargnants, tout particulièrement dans ce contexte de taux très bas, diversifient leurs placements afin de bénéficier d’une rémunération intéressante. Il y a donc un réel besoin sur le long terme de réorienter cette épargne et le label relance peut y contribuer.

"Le besoin de soutien de l’économie est toujours présent"

Un an après son lancement, quel bilan pouvez-vous faire ?

Le bilan est positif. Nous avons dépassé les 200 fonds labellisés, distribués par plus de 110 sociétés de gestion, représentant 22,4 milliards d’euros d’encours sous gestion. La dynamique est très satisfaisante car elle permet de mettre à disposition des épargnants une offre de placements suffisamment importante et diversifiée en termes de risque et de liquidité pour que chacun puisse trouver un produit d’épargne qui répond à ses attentes.

A-t-il vocation à s’inscrire dans la durée ?

Pour le moment, le label peut être octroyé à de nouveaux fonds jusqu’à fin 2022 pour une durée de quatre ans. Le soutien aux entreprises doit s’inscrire dans la durée mais il est trop tôt de se poser la question d’une prolongation du label, qui a, tout comme la relance, une vocation temporaire.

Finalement, peut-on parler d’une réussite ?

L’intérêt pour le label Relance est fort, l’implication des 110 sociétés de gestion peut en témoigner. Les assureurs, qui sont depuis plusieurs années dans une dynamique de montée en puissance de la part des contrats dédiée aux unités de compte, peuvent s’appuyer sur le label pour orienter leur clientèle vers des placements qui ne bénéficient pas d’une garantie en capital mais qui sont plus rémunérateurs. De plus, nous observons une demande croissante des épargnants qui souhaitent donner du sens à leur épargne, en soutenant la transition écologique et solidaire de l’économie. Notre engagement en faveur de l’économie française et de sa transition constitue dès lors un véritable atout dans la commercialisation et la crédibilité du label en général. Nous devons désormais poursuivre notre effort de communication auprès des distributeurs de produits financiers qui soutiennent également la relance à travers leurs offres commerciales.

Propos recueillis par Juliette Woods

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