V. Piche (Kimpa) : "Notre conception de la finance à impact est pionnière sur le marché des family offices"
Décideurs. En quoi Kimpa se différencie des autres sociétés de gestion sur les thématiques ISR et ESG en 2021 ?
Olivier Rieu. Avant 2015, les choses étaient assez simples. La plupart du temps, les sociétés de gestion proposaient soit des produits dits traditionnels, soit des produits liés à l'Economie Sociale et Solidaire mais avec peu de promesses de rendement. À partir de 2015, il y a eu une prise de conscience très forte dans la société sur ces sujets, qui s’est notamment traduit par l’adoption par les nations unies de 17 objectifs de développement durable à atteindre d’ici 2030. C'est à ce moment-là que la finance durable est passée à un autre stade et que le concept d’investissement à impact s’est accéléré. Cependant, malgré toutes ces évolutions vertueuses, nous pensons chez Kimpa que la démarche n’allait pas encore assez loin.
Le spectre de la finance durable est encore trop large avec des contours pas toujours bien définis. En effet, certains projets se contentent de limiter les préjudices à l'environnement. C'est bien, mais cela ne règle rien à long terme. Chez Kimpa, nous préférons les projets contributifs. Ici, l’objectif est d'avoir un impact positif sur la planète soit en apportant un bénéfices aux parties prenantes, soit en contribuant aux solutions par l'investissement.
"Pour les nouvelles générations, l’impact environnemental est une notion-clé"
Comment vous organisez-vous chez Kimpa pour atteindre vos objectifs d’impact ?
Julien Lescs. Avant toute chose, cela dépend de la typologie de clients que l'on aborde. Par exemple, dans une famille entrepreneuriale, le projet doit s'inscrire au sein de plusieurs générations avec des valeurs familiales communes. Ensuite nous construisons un modèle en fonction des éléments que nous avons recueillis notamment par la structuration d’une thèse d’investissement à impact au prisme des différents cercles de la famille, des actionnaires familiaux et de l'entreprise. Pour les nouvelles générations, l'impact environnemental est une notion-clé. Elles regardent donc l'entreprise familiale sous ce prisme. Nous faisons donc un travail en amont, résolument émotionnel, pour aider la famille entrepreneuriale à se rassembler autour de projets communs. En outre, nous n’oublions pas la vocation primordiale d'un family office qui est de conjuguer l’harmonie familiale avec la protection du patrimoine.
En quoi votre modèle est-il unique ?
Vincent Piche. Notre singularité prend plusieurs formes. D’une part, notre ADN à impact est pionnier sur le marché des family offices. Nous avons la capacité et la volonté de nous engager avec plusieurs générations. Ainsi, nous sommes capables de faire coïncider les points de vue du patriarche de la famille avec ceux des plus jeunes. D’autre part, nous mettons à disposition de nos clients, une interface digitale : le portefeuille augmenté. Avec ce dispositif, notre client retrouve les performances de ses investissements, sur différentes classes d’actifs, en mesurant facilement si les objectifs d'impact ont été réalisés ou non. In fine, cela va lui permettre de prendre les bonnes décisions.
Travaillez-vous en architecture ouverte ?
O. R. Oui. Nous travaillons avec les banques de nos clients ou via des appels d'offres. Nous aimons penser que nous ne leur vendons pas des produits, mais plutôt que nous les achetons pour eux. Ce qui fait toute la différence ! Aux questionnaires réglementaires traditionnels, nous ajoutons un questionnaire d’ impact. Cela fait notre singularité en termes de gestion conseillée ou de gestion sous mandat. Par ce biais, nous sélectionnons nos partenaires sur leur capacité à intégrer la dimension durable, ou encore mieux, à impact. Depuis peu, nous avons des partenaires qui sont capables de nous proposer des mandats de ce type, parmi eux Lombard Odier, Neuflize OBC, Sanso IS. On aime co-créer des solutions avec ces partenaires, qui ont, en définitive, le même ADN que nous.
"Nos trois valeurs sont l’authenticité, la co-création et l’impact"
Quelle est l’approche de Kimpa sur le private equity ?
V. B. Nous proposons des clubs deals pour atteindre nos objectifs de diversification. Les projets démarrent à partir de 500 000 €. Nous créons des véhicules dédiés ad hoc. Les derniers en date ont permis de contribuer pour l’un à donner une seconde vie à l’utilisation de batteries de voitures électriques à destination des pays émergents et pour l’autre de développer un projet d’agriculture verticale quasiment sans eau et en milieu urbain.
Que signifie pour Kimpa le terme “d’Iterative impact” ?
V. B. C’est en quelque sorte un voyage vers l’impact. Nous sommes dans une démarche de progrès par nature. Le monde est circulaire. Pour atteindre nos objectifs, nous mesurons, d’une part, l’impact de nos investissements, grâce à notre portefeuille augmenté et, d’autre part, nous élaborons des “reality-check” entre ce que nous avons accompli et ce que nous voulions vraiment réaliser au départ.
J. L. Dans le prolongement de la loi Pacte, Kimpa est devenue une entreprise à mission environnementale et sociale dès sa création. C'est-à-dire que nous ne pouvons pas revenir en arrière. Cette notion est inscrite dans nos statuts et scelle nos trois valeurs que sont l’authenticité, la co-création et l’impact. Nous sommes d'ailleurs l’une des premières sociétés à mission dans le domaine du family office. En outre, nous attendons également la certification B CORP « Benefit Corporation », qui nous installera comme une société labellisée et reconnue pour avoir des effets bénéfiques sur le monde, tout en étant rentable !