En s’appuyant sur le réseau de la deuxième plus grande cryptomonnaie, Ethereum, la Banque européenne d’investissement lance la toute première émission d’obligations digitales. Une nouveauté qui s’inscrit dans le cadre du projet de monnaie centrale numérique mené par la Banque de France.
La blockchain séduit de plus en plus d’institutionnels. Le 16 avril, Axa Suisse annonçait à ses clients la possibilité de payer les primes de tous les produits non-vie en bitcoins. Deux semaines plus tard c’est au tour des institutionnels publics d’emboîter le pas au géant mondial de l’assurance : une émission obligataire de 100 millions d’euros de la BEI en partenariat avec la Banque de France reposant sur des titres numériques. Des petites révolutions qui confirment la confiance croissante de l’ensemble des acteurs dans les cryptomonnaies, la technologie de traçage indélébile de la blockchain. " C'est la même évolution qui a eu lieu quand nous avons cessé de nous envoyer des lettres pour passer aux e-mails ", a déclaré au Figaro Jean-Marc Stenger, dirigeant de Forge, la filiale de la Société générale dédiée aux cryptomonnaies. Un parcours qui n’est pas sans rappeler celui de la "monnaie papier", devenue une monnaie à part entière malgré l’absence de la valeur intrinsèque des billets. Pour s’élever à ce rang, il a fallu que l’ensemble des agents économiques reconnaissent que la signature des banques centrales sur des bouts de papiers était digne de confiance. L’histoire se répétera peut-être pour les cryptomonnaies.
 

Un test grandeur nature

L’émission de titres entièrement numériques n’en est qu’à ces balbutiements. En volume, les 100 millions d’euros émis semblent en effet assez faibles si on les rapporte à l’ensemble du programme d’investissement de la BEI qui atteint 60 milliards d’euros pour 2021. La portée de l’opération de la Banque européenne d’investissement est avant tout historique. La mise en place d’un tel processus était en effet jusqu’ici cantonnée aux expérimentations en interne effectuées par différente banques. " L’innovation à la BEI va au-delà des projets que nous soutenons. Ces obligations numériques joueront un rôle en donnant à la Banque un accès plus rapide et plus rationalisé à d'autres sources de financement afin de stimuler le financement de projets à travers le monde. " explique Mourinho Félix, vice-président de la BEI.

Pour mener à bien cette opération inédite, Société générale, Santander et Goldman Sachs ont agi en qualité de joint lead managers. De son côté, la Banque de France profite de l’opération pour avancer ses pions dans son projet d’ "euro numérique", prévu pour 2025, en fournissant une monnaie numérique de banque centrale expérimentale (MNBC). L’ensemble des transactions pourront être suivies sur le réseau de la blockchain Ethereum. Les souscripteurs de ces obligations à maturité courte (2 ans) se verront remboursés en cash.

Sandy Andrianabiby


Conseils juridiques :

  • Allen & Overy a conseillé Société générale, Santander et Goldman Sachs (joint lead managers) ainsi que Société Générale – Forge (joint structuring manager)
     
  • Linklaters a conseillé la BEI (émetteur)

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