H. Philippe et N. Barsalou : "Un actif vaut ce qu’il rapportera dans le futur"
Décideurs. Dans un contexte de pandémie et après une mise à l'arrêt de l'économie pendant plusieurs semaines, comment évalue-t-on une société en 2020 ?
Henri Philippe. Après l’éclatement de la bulle Internet des années 2000, puis la crise des subprimes de 2008, l’univers économique a connu en vingt ans sa troisième crise majeure. Heureusement, quelques leçons ont été tirées du passé : la méfiance vis-à-vis des outils d’évaluation exotiques qui amplifient les bulles ; la défiance face à un coût de l’argent anormalement bas ; des multiples sectoriels qui engendrent des comportements moutonniers et court-termistes. Au total, ces crises nous ont rappelé que la valeur d’un actif reposait sur des bases simples : un actif vaut ce qu’il rapportera dans le futur. Dans le contexte actuel, répondre à cette question, c’est avoir une vision économique à long terme et construire plusieurs scénarios de développement possibles, là où un seul pouvait suffire avant la crise. Comme souvent, les événements nous rappellent brutalement les principes fondamentaux de l’économie, que l’on a tendance à oublier en période de bulles. Ils nous enseignent aussi l’humilité face à l’incertitude.
Dans quelle mesure le cabinet s'implique-t-il sur des dossiers à composante fiscale ?
Nicolas Barsalou. Depuis son origine, notre société accompagne les dirigeants de grands groupes, de fonds, d’entreprises familiales dans leurs décisions stratégiques : transactions, contentieux, situations de retournements, ou réflexions opérationnelles. Naturellement, ces missions nous ont conduits à assister nos clients dans leurs discussions avec les administrations fiscales, aussi bien en France qu’à l’étranger. Plus récemment, nous avons participé également à l’évolution des réflexions sur la taxation des grandes firmes multinationales, particulièrement dans les secteurs les plus mondialisés et dématérialisés, dont la taxation est un enjeu considérable pour les États. Or, les administrations ont fait évoluer sensiblement leurs positions sur les modalités de taxation de ces groupes, en particulier grâce aux travaux de l’OCDE sur le sujet : il s’agit aujourd’hui de taxer ces groupes là où ils prennent des risques, développent des actifs, bref, là où ils créent de la valeur. Dans ce contexte, notre capacité à conduire de manière intégrée à la fois des analyses stratégiques de la chaîne de valeur, des analyses financières d’entités comptables sophistiquées et des évaluations de leurs actifs, notamment incorporels, est clé pour répondre à ces nouveaux enjeux fiscaux.
"Les événements nous rappellent brutalement les principes fondamentaux de l’économie"
Qu'est-ce qui vous distingue fondamentalement d'un cabinet de type Big 4 ?
Henri Philippe. Dès notre création, nous avons choisi de créer un cabinet totalement indépendant et intégré, détenu entièrement par ses associés, libre de toute incompatibilité ou conflit d’intérêt potentiel liés à l’exercice d’une mission réglementée. Notre organisation souple, sans silo, permet à nos consultants d’œuvrer au quotidien dans des équipes mêlant des compétences adaptées à des missions complexes qui requièrent des talents divers (finance, ingénierie, comptabilité, data science, etc.). Notre environnement concurrentiel est d’ailleurs bien plus large que les cabinets d’audit.
Vous avez ouvert un nouveau bureau à Hongkong en 2019. Quelles sont vos prochains axes de développement à l'international ?
Nicolas Barsalou. Notre priorité aujourd’hui est double. D’une part il s’agit de consolider nos ouvertures des dernières années, notamment en Asie. D’autre part, la continuité logique de la croissance de notre bureau de Montréal est de développer notre bureau de Toronto pour lequel nous avons effectué nos premiers recrutements.
Quelles sont vos ambitions en matière de développement d’offre ?
Nicolas Barsalou. Au moyen de recrutements ciblés et d’un intense effort de formation, nous approfondissons en permanence notre offre au-delà de notre cœur historique de compétences en finance et en économie. On peut citer les exemples suivants qu’il s’agisse de gestion de projets d’infrastructure, d’assistance aux enquêtes financières, d’analyse et de traitement de données massives, ou encore d’économie des prix de transfert.