Aude Plus-Valard, associé fondateur chez Aramis Finance se projette sur le monde d’après. Pour elle, la finance verte sera l’un des moteurs essentiels de la transformation de notre société.

DÉCIDEURS. La finance verte sera-t-elle un moteur de transformation de notre société ? Que peut-elle apporter ? Quelle place va-t-elle prendre ?

AUDE PLUS-VALARD. À mon sens, il faut partir d’un constat, la dégradation de l’environnement. Dans ce cadre, différents enjeux s’imposent à nous : le changement climatique, l’épuisement des ressources, la dégradation de l’écosystème et les atteintes à la santé humaine.

Nous allons devoir y apporter des réponses ciblées. La solution transversale à tous ces enjeux est sans aucun doute la finance verte qui sera un levier pour faire évoluer notre société et orienter les capitaux
vers une économie durable. Pour ce faire, nous disposerons d’un socle légal et de mesures spécifiques pour appuyer nos axes de réflexion. L’intégration des critères extra-financiers sera systématique dans la structuration des réponses apportées. Finalement, l’ensemble des projets sociétaux vont nourrir la vision d’une finance verte qui posera les fondations d’un système plus solidaire et éthique, et ainsi plus viable à long terme. La finance verte fait partie intégrante de toutes les réflexions menées à l’occasion de projets financiers. Qu’importe leur niveau, sa place sera centrale.

« Les valeurs locatives ne seront pas réévaluées d’ici 2024 »

Accélération du télétravail, besoin d’espace, fuite des transports en commun… Comment se dessine l’avenir de l’immobilier ?

Le télétravail aura un impact sur le marché de l’immobilier. Des études récentes indiquent que le télétravail pourrait vider, à l’horizon 2030, 11 millions de mètres carrés de bureaux. C’est l’équivalent de 20 % du parc immobilier en Île-de-France. En réalité, si nous prenons en compte l’impact de « dédensification » qui va se produire dans la réorganisation des postes de travail, cela compensera à hauteur de 80 % l’impact du télétravail. À court terme, ce n’est pas tant le travail à domicile qui aura un impact sur l’occupation des locaux mais les conséquences de la crise sanitaire et économique qui seront délétères sur le marché de bureau de par la destruction d’emplois. Dans un délai beaucoup plus court, d’ici à la fin 2021, il pourrait y avoir 1,3 million de mètres carrés vacants
liés aux suppressions d’emplois.

La conséquence directe sur le marché de l’immobilier sera une augmentation du taux de vacance entre 12 % et 15 %. Nous pouvons ainsi estimer que les valeurs locatives ne seront pas réévaluées d’ici 2024. Le phénomène de vacance renforcera le phénomène de primo prime avec une accélération de l’obsolescence de certains immeubles. Cela impliquera un phénomène clivant d’immeubles extrêmement recherchés et d’autres complètement dégradés. In fine, la valeur vénale des biens sera impactée.

Quel sera le rôle des métiers de la gestion de patrimoine et de la gestion d’actifs dans ces changements ?

Finalement, je considère que les gestionnaires de patrimoine et d’actifs devront tenir un rôle pédagogique et psychologique auprès des clients et des épargnants. L’ensemble du corps législatif et réglementaire d’une part et des produits d’autre part, devra être décortiqué par les professionnels sur le plan de la structuration. Nous aurons un rôle important dans l’exégèse du monde d’avant et d’après. En définitive, les secteurs économiques seront complètement différents. Le gestionnaire de patrimoine devra remettre au coeur de la relation le conseil dans
sa globalité. Aujourd’hui, le contexte financier et sociétal est en pleine mutation.

Cela constituera un vrai choc pour le client, notre devoir sera de le guider dans ces changements. Nous en revenons à cette dimension, qui m’est très chère, du rôle du conseil en gestion de patrimoine assimilable à celui d’un médecin de famille.

Chloé Buewaert

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