Le marché des CGP est en pleine consolidation. Patrimmofi, groupe issu du spin off d’avec Primonial en 2016, sait en tirer le meilleur en conjuguant croissance externe et croissance organique. Son président, Georges Nemes, revient sur les acquisitions des derniers mois, nous livre sa vision de l’interprofessionnalité et dévoile ses ambitions à moyen terme.

Décideurs. Pouvez-vous nous présenter en quelques mots le groupe Patrimmofi ?

Georges Nemes. Patrimmofi est un groupe de conseillers en gestion de patrimoine de près de 70 collaborateurs, fort de plus de vingt ans d’expérience. Lors de notre spin off fin 2016 d’avec Primonial et la reprise de notre activité historique, notre croissance ne s’est pas démentie. Alors que nous réalisions à l’époque 16 millions d’euros de collecte - financière et immobilière -, nous espérons aujourd’hui atteindre les 150 millions d’euros de collecte pour 2020. À cette croissance organique intense s’est adjointe une politique de croissance externe ambitieuse. Nous avons par exemple fait l’acquisition de 70 % du capital de l’Institut du patrimoine au deuxième semestre 2018 avant d’en devenir le seul actionnaire début 2020.

Et cela continue : après avoir concrétisé en début d’année les acquisitions et prises de participation des cabinets Solon Entrepreneur Office et Arnaud Dubois Associates, vous venez de racheter 51 % du capital du cabinet de CGP basque Valorial. Pourquoi avoir porté votre choix sur ce cabinet ? Les associés restent-ils dans la structure ?

Le critère financier n’est évidemment pas étranger au choix de ce rachat mais il n’est ni le seul ni prépondérant. C’est l’équipe en place qui a emporté notre conviction. Elle a démontré ses compétences, son expertise et ses savoir-faire. Tout comme les équipes de Solon Entrepreneur Office ou d’Arnaud Dubois Associates qui nous ont rejoints il y a peu, ces femmes et ces hommes ont une mentalité d’entrepreneurs, ils sont brillants et représentent le futur du métier de CGP. Bien entendu, les associés de Valorial restent en place.

Le groupe Patrimmofi s'est récemment associé avec le cabinet d'expertise comptable Axens Audit pour créer l'Institut du patrimoine Rhône-Alpes. Quelle forme prend ce rapprochement ? Quelle est l'ambition de cette nouvelle structure ?

Cette association constitue la première marche d’un très grand projet interprofessionnel dans le monde de l’expertise comptable que nous espérons mener à bien. Après un an et demi de partenariat opérationnel, nous avons transformé l’essai en décidant de nous associer. L’idée est simple : ensemble, nous voulons présenter au secteur du chiffre notre exemple et servir de source d’inspiration et de modèle que nous pourrions dupliquer avec leurs confrères à l’avenir. Ainsi, outre la création d’une filiale commune à parité entre nous et un cabinet d’expertise comptable, nous offrirons une exclusivité territoriale à nos nouveaux associés. Ce projet est l’un des axes de développement majeur pour le second semestre et sera l’objet de toutes nos attentions. Il est la preuve que nous envisageons notre croissance à la fois sous l’angle interne et externe.

"Pour notre prochaine acquisition, nous regardons notamment du côté des produits retraite"

Comment sont structurées et financées ces différentes acquisitions ? De quels moyens financiers disposez-vous encore pour concrétiser vos velléités de croissance externe ?

L’essentiel des dernières acquisitions a été financé sur fonds propres. Lorsque j’ai cédé ma participation au capital de Primonial à Bridgepoint, j’ai employé une partie de ces fonds pour développer Patrimmofi. En revanche, pour le rachat de Solon Entrepreneur Office, nous avons procédé à l’investissement en utilisant le levier de la dette. C’est d’ailleurs un moyen de financement qui devrait être davantage utilisé pour les prochaines acquisitions de Patrimmofi, en complément de l’apport de fonds propres.

Quel sera le profil de votre prochaine acquisition ?

Pour atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé de disposer de plus d’un milliard d’euros sous gestion et de réaliser 200 millions de collecte à l’horizon 2023, il n’y a pas de miracle. Nous allons poursuivre nos prises de participation. Nos choix se porteront sur des portefeuilles d’actifs importants, gérés par des personnalités dont les valeurs correspondent aux nôtres et dont les savoir-faire spécifiques compléteraient ceux dont nous disposons déjà. Ce fut par exemple le cas avec Arnaud Dubois Associates dont l’expertise en investissement artistique a complété la palette de services que nous proposons tout comme avec Solon Entrepreneur Office pour le conseil aux chefs d’entreprise.  Pour notre prochaine acquisition, nous regardons notamment du côté des produits retraite. Une chose est certaine, la localisation est secondaire : nous n’avons pas d’ambition de maillage territorial ou de volonté affichée de créer un axe géographique déterminé.

Quels sont vos projets à plus moyen terme ?

Mon projet majeur est de pérenniser le groupe au-delà de la figure de son dirigeant. Pour cela, j’entends faire monter en puissance mes différents associés et, pourquoi pas, en trouver de nouveaux. L’objectif est d’adosser Patrimmofi à un ou plusieurs autres acteurs du secteur ou même à des fonds d’investissement, ce qui permettra au groupe de franchir de nouvelles étapes dans son développement. Pour l’heure, nous préservons notre indépendance capitalistique mais l’avenir demeure très ouvert.

Propos recueillis par Sybille Vié

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