Lancée en 2018, Seyna est la deuxième assurtech à obtenir l’agrément de l’ACPR pour des activités d’assurance-dommages. Philippe Mangematin, son co-fondateur, revient sur la création et les ambitions de cette nouvelle compagnie d’assurance.

Décideurs. Quelle est la genèse de Seyna ?

Philippe Mangematin. Seyna est née de la volonté de trois professionnels de l’assurance : Guillaume d’Audiffret, Jean Nicolini et moi-même. Au cours de nos carrières respectives, nous avons fait un constat sur l’évolution des usages et les modes de consommation. Aujourd’hui, l’économie de partage se développe davantage et les achats sur internet sont plus fréquents. De nouveaux modes de déplacement sont prisés à l’instar des trottinettes électriques. Ces usages font naître des nouveaux besoins d’assurance avec un mode d’interaction qui inclut la participation des clients tournés désormais vers le numérique. L’idée est donc née d’un constat de marché avec la volonté d’y apporter des solutions directes, innovantes et simples d’utilisation. Et pour ce faire, l’idéal était de devenir assureur.

Le marché de l’assurtech est désormais atomisé. La concurrence est rude. De quelles armes disposez-vous pour y faire face ?

La majorité des assurtech s’organise en plateformes de courtage. En tant que compagnie d’assurance, nous sommes positionnés à leur égard comme des partenaires et non comme des concurrents. Le développement de ce marché constitue donc une source d’opportunités pour nous car tout courtier a besoin d’un assureur pour fournir ses prestations.

Vous vous positionnez sur l’assurance-dommage. En quoi votre offre se distingue- t-elle de celles des assureurs traditionnels ?

Le marché de l’assurance est très vaste, notamment celui de l’assurance-dommage. De façon générale, les assureurs traditionnels sont positionnés sur les principaux besoins en la matière. À l’inverse, nous développons des produits spécifiques et sur-mesure pour couvrir des risques émergents nés des nouveaux usages. Par exemple, nous proposons une offre d’assurance de caution locative pour les étudiants qui n’ont pas de garantie parentale. De plus, nos produits sont vendus en marque blanche en B2B par le biais des réseaux tiers de distributeurs ou en B2C directement au client final.

Vous êtes passé d’assurtech à compagnie d’assurance au bout d’un an d’activité. Comment expliquez-vous cette ascension ?

L’obtention de ce précieux sésame n’est pas un fait anodin. C’était le but principal que nous nous sommes fixés à la création de Seyna. L’équipe fondatrice a été structurée autour de cet objectif notamment avec Jean Nicolini, un ancien membre de l’ACPR et expert de la réglementation des activités assurantielles. Ensuite, nous avons rapidement pris contact avec le régulateur. Il s’en est suivi des échanges réguliers sur ses attentes et ses exigences afin de lui soumettre au moment opportun un dossier solide. C’est cette démarche stratégique qui nous a permis de devenir une compagnie d’assurance si rapidement.

Quelle est la prochaine étape de votre développement ?

La phase post-agrément est pleine de défis. Aujourd’hui, notre offre s’articule autour de cinq produits : l’assurance billetterie, la couverture contre le retard d’avion, la garantie de caution locative, la perte financière sur les dommages de véhicules en leasing et l’assurance de smartphone. À court terme, nous envisageons le lancement de nouveaux produits aussi émergents et le renforcement de notre effectif. Nous sommes actuellement une équipe de douze personnes et nous visons le seuil des quinze collaborateurs d’ici à la fin de l’année. Enfin, la prochaine étape est d’asseoir notre crédibilité en tant que compagnie d’assurance.

Propos recueillis par Yannick Tayoro

 

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