L’incertitude liée aux conséquences de la pandémie Covid-19 rend difficile la valorisation du réassureur PartnerRe, détenu par la famille Agnelli. Covéa se retire donc des négociations de rachat entamées le 9 février dernier.

À l’issue du feuilleton juridique qui entourait le rachat du réassureur français Scor par Covéa, la maison mère de la Maaf, de la MMA et de la GMF, avait annoncé avoir porté son dévolu sur PartnerRe. Le réassureur appartient alors à Exor, holding de la famille Agnelli, également détentrice de la majorité du capital de Fiat-Chrysler, de Ferrari et de la Juventus de Turin. Covéa aurait donc signé, le 3 mars, un memorandum of understanding, MoU, accordant les deux parties sur une valorisation de neuf milliards de dollars pour PartnerRe.

Covéa tente de renégocier, sans succès

« Au vu des conditions actuelles sans précédent et des importantes incertitudes pesant sur les perspectives économiques mondiales, Covéa a indiqué à Exor que le contexte ne permet pas de réaliser le projet d'acquisition de Partner Re selon les termes initialement envisagés », explique, le 12 mai, Covéa dans un communiqué de presse. Pourtant, la version d’Exor diffère quelque peu de celle du français. La société d’investissement dénonce que « Covéa n’a jamais suggéré l’existence d’un ‘material adverse change’, y compris le risque de pandémie, ou soulevé d’autres problèmes chez PartnerRe qui pourraient expliquer son refus d’honorer ses engagements pris dans le cadre du MoU ». Le groupe d’assurances français aurait donc tenté de revoir à la baisse la valorisation du réassureur, ce que la famille Agnelli n’aurait pas accepté estimant ne pas s’attendre à ce que « PartnerRe soit impacté significativement par l’épidémie de Covid-19 ».

Covéa perdant sur ce coup, Exor sur le deal PSA-FCA

Cette pandémie fait donc échouer une transaction majeure de l’écosystème français. Après avoir failli au rachat de Scor, Covéa devrait une nouvelle fois sortir perdant de ce retrait, puisque les accords prévoient « un dédommagement pour le vendeur de 175 millions de dollars en cas de rupture des négociations », selon Il Sole 24 Ore.

La famille Agnelli, de son côté, voit le projet de fusion de Fiat-Chrysler avec PSA menacé par l’environnement économique actuel. Les deux constructeurs auront pour responsabilité de soutenir l’ensemble de la filière automobile, aujourd’hui à l’arrêt. Les lignes devraient donc bouger et rien n’indique que le memorandum of understanding, signé en décembre par les deux groupes, mette toujours d’accord les deux groupes, à l’issue de la crise. « Les fondamentaux de l'opération sont toujours présents, mais les évolutions respectives des cours de Bourse montrent que les marchés subodorent une révision des termes de l'opération, à la faveur relative des actionnaires de PSA », explique aux Échos Thomas Besson, analyste chez Kepler Cheuvreux.

Baptiste Delcambre

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