Pensions Europe est un groupe de lobby auprès de la Commission européenne basé à Bruxelles représentant l’industrie des fonds de pension européen, pesant environ 5 trillions d’euros d’actifs sous gestion et plus de 100 millions de personnes. Décideurs Magazine a rencontré son Secrétaire général, Matti Leppälä, lors de l’Asset Management Summit organisé le 28 novembre dernier.

Décideurs. Qu’est-ce qui vous a motivé à intervenir à l’Asset Management Summit ?

Matti Leppälä. Les fonds de pension ont une réelle interaction avec les gérants de fonds. Il est très important, en tant que représentant de fournisseurs de solutions de pension de retraite d’échanger avec eux, que je fasse la connexion et que je puisse bien avoir à l’esprit les sujets les plus importants et pertinents pour eux.

Comment est abordé le sujet des fonds de pension en Finlande ?

Dans tous les pays européens, les systèmes de retraite sont différents. Cela tient aux racines historiques des systèmes de sécurité social propres à chacun de ces pays. En Finlande et dans les pays nordiques d’une manière plus générale, il y a un niveau très élevé de financement des retraites ce qui suppose des politiques basées sur un consensus. Les choix politiques en matière de pension de retraite de long terme sont d’ailleurs indépendants de l’issue des élections parlementaires, comme cela peut être le cas dans beaucoup d’autres pays de l’Union européenne. En Finlande, c’est un consensus entre partenaires sociaux, c’est-à-dire employeurs/employés, qui négocient et aboutissent à ces politiques de long terme. Ce fonctionnement est respecté et enrichi par les législations des gouvernements successifs, et ce depuis plus de 50 ans. En Suède, les partenaires sociaux jouent également un rôle central et ont aussi un comité pluripartite qui organise les réformes des pensions de retraite. Là encore, les issues de ces réformes sont respectées.

"Pour financer les pensions de retraite le bon fonctionnement des marchés des capitaux est vital"

Allons-nous aujourd’hui vers une apocalypse des systèmes de fonds de pension en Europe ?

Il est en effet vital que les Européens commencent à mettre de l’argent de côté, à épargner pour leur retraite parce que, comme nous le savons, la population européenne vieillie. Le nombre de personnes âgées dépendantes du système augmente de drastiquement. Ce n’est plus soutenable. Les finances publiques sont au cœur des débats des retraites depuis plus de vingt ans. La sécurité sociale et le paiement des retraites a été réformé dans plusieurs pays et les finances publiques recherchent plus de durabilité. Les premières conséquences se sont fait sentir dans certains pays où les pensions de retraite ont été réduites. Le marché du travail évolue également et beaucoup de personnes n’ont plus accès aux systèmes classiques de retraite des entreprises. Pour financer les pensions, le bon fonctionnement des marchés des capitaux est vital.

Quels sont les avantages du nouveau produit d'épargne retraite paneuropéen (PEPP) ? Qu’attendez-vous de ce produit ?

Le produit d'épargne retraite paneuropéen, ou PEPP, est le dernier produit du plan d’action du marché de capitaux de l’Union européenne. Le but est d’accroître la taille de ce marché en Europe et d’assurer des opportunités d’épargne retraite plus importantes notamment pour les travailleurs mobiles, mais aussi pour ceux qui ne bénéficient pas d’un produit d’épargne personnel pour quelque raison que ce soit. Ceci est un projet que nous, Pensions Europe, soutenons particulièrement. Le succès ou non de ce dispositif va dépendre en grande partie des détails et de la transposition de la réglementation. Un des enjeux, par exemple, porte sur les frais de gestion de 1% des actifs sous gestion. L’industrie de la gestion d’actifs pense qu’il sera très difficile, voire impossible, de rendre un conseil légalement obligatoire en dessous d’1% de frais de gestion. Si les gestionnaires d’actifs ou les autres prestataires ne sont pas capables d’infléchir leur position, j’ai bien peur que le PEPP ait des difficultés à se développer. Mais j’espère que nous trouverons rapidement un terrain d’entente pour que le lancement de ce produit, à l’été prochain, soit un succès. Un autre enjeu réside dans le traitement fiscal de ce PEPP. En effet, ce sont les États qui décideront de la taxation de ce produit. Quand la régulation sur le PEPP a été adoptée, la Commission européenne a recommandé aux États membres de donner à ce PEPP le meilleur traitement fiscal possible mais cela reste à l’appréciation de chacun d’eux. Combinées, ces questions vont déterminer si le PEPP est finalement un succès.

Propos recueillis par Clémentine Nicolas.

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