Président de l’Association Française du Family Office (AFFO), Jean-Marie Paluel-Marmont a vu les premiers pas du métier de family office en France. De nombreuses structures se sont positionnées sur ce segment au cours des dernières années. Retour d’expérience.

Décideurs. Comment percevez-vous le récent mouvement de création de family offices ?

Jean-Marie Paluel Marmont. Les familles comprennent aujourd’hui que pour s’inscrire dans la durée elles auront absolument besoin d’un family office. Bien entendu, il n’est pas nécessaire de créer un single family office d’emblée dans les cas où les conditions optimales ne sont pas réunies. Dès lors, le modèle du multi family office trouve toute sa place. Dans les deux cas, il s’agit d’envisager la gestion du patrimoine dans le cadre d’une vision de long terme. Les multi family office se développent beaucoup en raison de l’émergence de nouveaux entrepreneurs qui, lors de la cession de leur entreprise, décident de continuer une aventure familiale. Ils s’appuient alors au départ pour la plupart du temps sur un multi family office surtout pour des aspects de structuration de patrimoine. Ici remarquons que la part du private equity augmente considérablement car c’est une classe d’actifs très adaptée aux familles entrepreneuriales mais qui nécessite un savoir-faire très précis ainsi qu’une distance par rapport à l’entreprise familiale.

En comparaison avec les singles, quelles spécificités présentent les multi family offices ?

Les multi family office sont des entreprises qui doivent avoir un véritable business model. Toute la difficulté consiste donc à trouver l’équilibre entre les services offerts et une rémunération souvent liée à la taille des actifs confiés. Le modèle du MFO permet aussi de mutualiser les coûts et parfois même favoriser des co-investissements.

Les multi family offices français sont-ils précurseurs de leur métier ?

La France ne dispose pas d’une profondeur de marché historique en la matière. Cela part davantage d’un phénomène mondial. Le modèle collectif a vu le jour dans les pays anglosaxons avec par exemple certains single family offices anglais qui se sont ouverts à d’autres familles. Mais aujourd’hui le fort développement en France des multi family offices s’explique, comme déjà dis, par l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs, qui tous à des moments différents, se découvrent les mêmes besoins. Il est donc logique que des familles puissent se regrouper entre elles. Le socle étant composé de deux données indissociables l’une de l’autre : avoir une vision de long terme et le partage de valeurs communes. Cela permet aux familles de donner du sens à leurs actions dans les différents secteurs qu’elles couvrent.

Le modèle idéal du multi family office est-il celui du syndicat d’entrepreneur ?

C’est en effet un modèle attractif, mais il n’est pas le seul à adopter. Ce set up correspond bien aux habitudes de travail des entrepreneurs plus jeunes. L’aspect de mutualisation des couts et des services y est prépondérant, mais c’est l’affectio générationnel qui est déterminant dans cette configuration. Les fortunes récentes sont des entrepreneurs dans l’âme et peuvent apprécier l’idée de collaboration avec leurs pairs.

A quels écueils les multi family offices doivent- ils prêter une attention particulière ?

Un multi family office n’existe que si la transparence de la rémunération est totale. C’est un des éléments essentiel pour toute adhésion à l’AFFO. Rappelons que nos membres signent une charte dans laquelle ils s’engagent à facturer au moins 75 % en honoraires et à rendre transparent toute rétro-commission. Ceci afin d’éviter tout conflit d’intérêts.

Propos recueillis par Yacine Kadri

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