Cette année le Medef aborde en session plénière de son université d’été l’épineux sujet de l’égalité. Retour sur un panel de haute volée qui s’est tenu mercredi 28 août à l’hippodrome de Longchamp.

« Il n’y a pas une égalité mais des égalités. Cette notion se décline par l’accès du citoyen à la justice », explique d’emblée maître Dupont-Moretti, qui démontre que certaines inégalités restent nécessaires et ne reflètent pas forcément des injustices. Illustration en est faite de la personnalisation de la peine dans notre système judiciaire, qui implique, pour des faits identiques, un épilogue différent au regard du parcours de chacun. Une marque d’évolution du système qui s’accompagne d’un glissement « d’une justice de classe à une justice de classe parfois à rebours ».

Alors que les puissants donnent parfois l’impression d’échapper à la justice, aujourd’hui, ils sont, selon lui, plus souvent maltraités que les autres justiciables en raison de leur position. À ses yeux, le regard porté sur tous les manquements au droit évolue. La fraude fiscale est désormais sur le podium de la gravité des infractions. Dans une période économiquement difficile, le corps social tolère de moins en moins cette transgression. « Quand j’étais gamin, la fraude fiscale était le sport national ; aujourd’hui, c’est l’infraction parmi les infractions », souligne le pénaliste. Traiter un fraudeur fiscal aussi sévèrement qu’un meurtrier, accentue la subjectivité de la notion d’égalité.

L’égalité au sein du triptyque de la devise nationale

Pour certains, le problème se trouve ailleurs que sur la notion même d’égalité, à tel point que Frédéric Beigbeder souhaite « réécrire notre devise dans l’ordre alphabétique. La fraternité y figurerait au centre, ce qui est normal car elle est la condition d’existence des deux autres ». L’importance de recentrer la devise nationale, telle que formulée à l’origine par Robespierre, a été abordée par l’écrivain qui considère indissociables l’égalité et la fraternité. « L’égalité n’existe pas dans la littérature. En tant que citoyen, je suis pour l’égalité, mais en tant que romancier, je suis pour la différence. »

Une soif d’engagement

À l’ordre du jour, l’une des priorités est de rendre plus humaine la société et le capitalisme. L’intérêt commun tend vers une égalité des chances, qui doit être pensée à la fois individuellement et collectivement. Avec le système scolaire le plus inégalitaire des pays de l’OCDE, selon Natacha Polony, la France voit ses inégalités se creuser et fragiliser la démocratie. L’origine sociale ne doit pas décider du destin d’un individu. La solution ? Investir sur l’humain. « L’État n’a plus le monopole du bien commun », affirme Muriel Pericaud avant d’ajouter : « La soif d’engagement des entreprises n’a jamais été aussi forte. Cette ambition humaine ne s’oppose pas à l’économie ». Frédéric Beigbeder en appelle à retrouver les valeurs sociétales disparues : « Les chefs d’entreprises doivent avoir une morale », conclut-il, car « le vrai pouvoir n’est pas politique mais celui de l’économie et des consommateurs qui poussent les sociétés à se comporter de manière plus responsable ».

Inès Giauffret

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