Pionnier du secteur, Ecofi Investissements renforce l’investissement socialement responsable et s’implique dans l’intelligence artificielle. Retour sur l’actualité de cette société de gestion engagée avec Pierre Valentin, président du directoire.

Décideurs. Quelles sont les actualités d’Ecofi Investissements ?

Pierre Valentin. L’actualité principale d‘Ecofi Investissements a trait à l’investissement socialement responsable (ISR). Nous sommes déjà l’une des principales sociétés de gestion actives dans ce type d’investissement, notre objectif est désormais que l’intégralité de nos fonds soient, à terme, conformes aux exigences ISR. La seconde actualité du groupe concerne l’innovation dans les processus de gestion. Ecofi Investissements a déjà recours, pour trois de ses fonds, à un process fondé sur de l’intelligence artificielle. Nous souhaitons mieux faire connaître ces processus de gestion, et faciliter leur acceptabilité en montrant qu’ils ne sont pas aussi opaques que certains le prétendent.

Quelle est votre conception de l’intelligence artificielle dans le métier d’asset manager ?

Nous ne souhaitons pas substituer la gestion artificielle à la gestion humaine, mais au contraire les faire dialoguer. L’intelligence artificielle, telle que nous la concevons, laisse aux gérants la possibilité d’avoir accès aux informations relatives au fonctionnement de l’algorithme. Pour certains fonds, nous suivons le conseil issu du processus informatique de manière presque systématique. Pour d’autres, ce conseil n’est qu’une source d’information complémentaire.

2018 a été une année compliquée sur les marchés, quelle thématique serait à même de capter de la performance à long terme ?

Bien que l’année 2018 ait été une période compliquée pour les gérants d’actifs, nous avons confiance dans la stabilité des processus de gestion et des équipes. De plus, nous conservons une approche fondamentale portée par l’idée qu’à la longue les marchés donnent raison aux approches les plus rationnelles. L’un de nos fonds, baptisé « Ecofi Enjeux futurs » est un fonds actions internationales qui investit dans des entreprises agissant sur les thématiques du développement durable liées à l'homme et à son environnement. Il porte sur six thématiques, dont une moitié se rapporte au développement durable et l’autre au développement humain qui comprend l’éducation, la santé et les services à la personne. Nous avons identifié ces thématiques comme porteuses de croissance à long terme, et, effectivement, le fonds a obtenu sur le long terme de belles performances.

Comment jugez-vous l’état de la concurrence actuelle sur votre marché ?

La concurrence est extrêmement forte, sauf peut-être sur le compartiment monétaire, où le contexte à la fois de taux et réglementaire n’attire guère les sociétés de gestion. En revanche, on voit de plus en plus de sociétés de gestion attirées par l’ISR !

L’ISR : un phénomène de mode ou une réelle conviction ?

L’ISR constitue depuis de nombreuses années un enjeu majeur pour Ecofi Investissements. Ecofi a lancé son premier fonds ISR en 2000. Nous pratiquons l’ISR avec une réelle conviction, non seulement parce que nous sommes conscients de notre responsabilité sociale en tant qu’investisseur, mais aussi parce que nous avons constaté que cela permet une approche plus fine des risques auxquels les entreprises sont confrontées, et donc sur le long terme une performance financière plus solide ! Nous pensons que l’ISR n’est pas un simple phénomène de mode, mais prendra indubitablement une importance croissante. Nous pensons notamment que les investisseurs responsables ne vont pas se contenter d’analyser les entreprises du point de vue environnemental, social et de gouvernance, mais vont de plus en plus s’engager, à travers le dialogue et le vote, ce à quoi la réglementation les invite (je pense à l’article 173 de la loi sur la transition énergétique). C’est ce que nous faisons en votant à plus de 300 assemblées générales d’actionnaires et cela de façon très active : il est fréquent que lors des délibérations nous votions contre certaines résolutions proposées par le management, et nous avons un pourcentage de votes « contre » beaucoup plus élevé que la moyenne des sociétés de gestion.

Quels sont d’après vous les éléments auxquels il faudra apporter une attention particulière dans les mois à venir dans le secteur de la gestion d’actifs ?

Au-delà des fluctuations des marchés, qui influent évidemment sur la situation des sociétés de gestion, il y a des grandes tendances dans l’industrie de la gestion d’actifs. Je crois qu’il est important que le phénomène de consolidation que connaissent aujourd’hui les sociétés de gestion ne fasse pas disparaître la diversité entre les sociétés. Je ne pense pas que la performance financière et l’innovation auraient pu atteindre le niveau actuel si le marché était composé uniquement de grandes sociétés de gestion. Pour assurer cette diversité il est nécessaire d’avoir un fort renouvellement des sociétés de gestion et un écosystème où coexistent différentes tailles.

Propos recueillis par Yacine Kadri

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