Spécialiste de la thématique des dividendes, Jorik Van Den Bos, responsable de l’équipe actions à dividende élevé chez Kempen Capital Management, la branche de gestion d’actifs de la banque privée Van Lanschot Kempen, revient sur l’activité de ses équipes.

Décideurs. Pourquoi Kempen Capital Management a-t-elle choisi de se spécialiser sur le terrain des dividendes à haut rendement ?

Jorik Van Den Bos. Notre équipe, constituée de six personnes, travaille ensemble depuis 2000.  Ainsi nous possédons un long track record. Chez ING Investment Management - actuellement NN Investment Partners - dès 2000, j’ai commencé à mettre en place une stratégie portée sur les dividendes. Ce n’était pas la période idéale, au regard de conditions de marché défavorables. Mais notre approche était différente du marché, et peu d’investisseurs accordaient du crédit à la pérennité de notre stratégie. À partir de 2003, le marché a évolué de manière positive, et nous avons fait mieux que le benchmark. Ensuite, les choses se sont accélérées. Nos track records étant devenus excellents, les investisseurs se sont tournés vers notre stratégie. Ainsi, les 100 millions que nous gérions en 2000 sont devenus 5 milliards en 2005. C’était un succès considérable en termes de performance pour ING. Avec nos deux collègues, nous avons rejoint Kempen, car notre approche était orientée vers les entreprises à capitalisation boursière moyenne. Kempen considérait qu’une bonne stratégie était d’avoir avoir une capacité maximale limitée, ce qui constituait un préalable important pour nous . Modèle auquel nous adhérions totalement. 

Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?  

Peu d’équipes en ce secteur travaillent ensemble depuis aussi longtemps que la nôtre. Les fonds Kempen (Lux) Global High Dividend Fund et Kempen (Lux) European High Dividend Fund ont un track record d’une douzaine d’années. En conséquence, notre long track record, constitue une véritable force. De plus, notre approche égalitaire nous différencie. Pour le fonds global nous avons une centaine de noms et un taux de défaut de 1 %. Notre capacité à comprendre les fondamentaux d’une entreprise nous permet de constituer un portefeuille diversifié.

Quelles sont les différences entre le fonds global et le fonds européen ?

Global Funds possède une centaine de noms, alors que le fonds européen n’en comprend qu’une cinquantaine. Ce dernier est plus concentré, est composé uniquement d’actions. Notre politique consiste à n’avoir que des actions à dividendes élevés. Nous sélectionnons les entreprises qui maintiennent une rigoureuse gestion de leur capital parmi les nombreuses sociétés distribuant des dividendes élevés chaque année. Pour un fonds global, chaque entreprise de notre portefeuille doit avoir un rendement du dividende estimé supérieur à 3 % pour les douze prochains mois. Le produit européen est identique, cependant le seuil de déclenchement est fixé à 2,5 %. Si le rendement du dividende tombe en dessous de ces seuils, la position sera vendue. Cette différence s’explique par notre volonté de diversifier le fonds européen, et d’éviter d’avoir un portefeuille uniquement composé de valeur financières et d’immobilier.

Pourquoi avoir une politique aussi stricte ?

Ce seuil de rendement de dividende de 3 % minimum - ou de 2,5 % pour la stratégie européenne - est mis en place afin d’éluder les titres qui seraient trop chers. En moyenne, le rendement des titres de nos portefeuilles se situe autour de 5 %.

Quelles entreprises répondent à vos critères ?

Lorsque l’on s’intéresse à une entreprise, nous étudions trois paramètres. Tout d’abord, une donnée déterminante concerne la stabilité des dividendes de la société. Notre politique consistant à investir dans des entreprises ayant un rendement supérieur à 3 %, est mise en place afin d’obtenir des dividendes sur le long-terme, et pas uniquement la première année. La stabilité du dividende peut sembler être une question relativement simple, mais en pratique elle dissimule d’autres interrogations plus fondamentales concernent, par exemple, la stabilité du cashflow. La stabilité des actions à dividendes élevés permet également de mieux comprendre les grands fondamentaux de l’entreprise dans laquelle on souhaite investir. Ensuite nous étudions la valorisation. Cette donnée a pris de l’importance au cours des cinq dernières années. Pour ce faire, nous avons développé notre propre modèle d’évaluation. Cela nous distingue de nos concurrents. Enfin, nous considérons l’allocation du capital. En effet, les entreprises sur lesquelles nous nous concentrons font du profit ainsi que du dividende, mais nous ne voulons pas que les sociétés allouent le capital de manière inefficace . Il est important pour Kempen d’avoir connaissance de l’utilisation faite du free cashflow, si elles l’utilisent pour payer leur dette, chose que nous apprécions. Ou au contraire s’il est utilisé pour des acquisitions très coûteuses, chose qui doit être évalués avec un certain recul. Nous nous engageons auprès des sociétés dans lesquelles nous investissons pour comprendre leur stratégie , leur manière de penser, et l’importance qu’elles accordent au long terme dans leur investissement.

Propos recueillis par Yacine Kadri

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