Les belles anciennes ont toujours la cote, les youngtimers se démocratisent et le marché se stabilise. Tous les signaux sont donc au vert pour se lancer dans la collection. Encore plus que les conseils avisés de professionnels, la condition d’un achat réussi demeure le plaisir de conduire ces voitures d’exception.

« La nostalgie est un refuge. » Pour Alain Guillaume, président de la Fédération française des véhicules d’époque (FFVE), la principale motivation d’un collectionneur tient à son histoire et à ses références personnelles. « C’est pour retrouver la voiture de leur jeunesse ou celle qui a bercé leur enfance que les acheteurs sautent le pas », analyse l’expert. La mode du vintage, qui sévit depuis plusieurs années, ne fait que renforcer le phénomène. L’engouement pour les youngtimers en est l’exemple éclatant. Produites dans les années 1980 et 1990, ces « jeunes anciennes », comme le coupé 406 Peugeot fabriqué par le célèbre carrossier Pininfarina ou certaines Renault R5, séduisent les quadras et les quinquagénaires. Souvent moins chères que leurs ainées, trop jeunes pour être qualifiées de véhicules de collection, certaines d’entre elles deviendront les incontournables de demain. 

La carte grise de collection, le sésame

Seuls les engins cumulant certaines caractéristiques sont susceptibles d’être qualifiées de véhicules de collection. « Il faut que la voiture ait été construite ou immatriculée pour la première fois il y a plus de trente ans, qu’elle ne soit plus produite et qu’elle ait été préservée dans son état d’origine », résume Alain Guillaume. Exit donc les youngtimers, trop jeunes par définition. Loin d’être anecdotique, le bénéfice de la qualification de voiture de collection ouvre la possibilité, pour le propriétaire du véhicule, d’obtenir la carte grise dite de collection. Ainsi, l’engin entre dans le patrimoine industriel automobile et son propriétaire s’interdit de l’utiliser autrement que pour le loisir. Mais les avantages de cette carte grise sont nombreux pour son propriétaire. « Il n’est pas soumis aux restrictions de circulation à Paris, il peut rouler avec des plaques d’immatriculation à fond noir, il bénéficie d’un contrôle technique allégé tous les cinq ans et, en cas d’accident, le véhicule ne peut pas être déclaré économiquement irréparable », explique le président de la FFVE. Surtout, le sésame leur permet d’être exonéré de la taxe de luxe sur les automobiles de plus de 36 chevaux fiscaux.

Un placement sûr

Le ralentissement récent  ̶  et relatif  ̶  du marché des voitures de collection est d’ailleurs un excellent signal envoyé aux amateurs. Finies les années euphoriques au cours desquelles certains prix s’envolaient au risque de transformer l’achat d’un bolide en un placement spéculatif. Désormais, le marché se stabilise. Les pièces exceptionnelles continuent logiquement de prendre de la valeur alors que celles moins rares mais en bon état se vendent à leur juste prix. Dans ce contexte, les voitures de collection constituent à n’en pas douter un placement sûr. À condition de bien acheter. Pour ce faire, point de miracle : le conseil s’impose. « Il est souhaitable de contacter des experts, par exemple le réseau Classic Expert, de se renseigner dans les revues spécialisées ou de se rapprocher de clubs », énumère Alain Guillaume. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que la possession et l’utilisation d’une voiture engendre des frais annexes : restauration éventuelle, entretien, assurance, alarme, gardiennage, etc. « L’assurance responsabilité civile coûte une vingtaine d’euros environ par an. Bien entendu, si le propriétaire opte pour une couverture incluant les risques de bris de glace, d’incendie et de vol, la police sera plus onéreuse mais elle demeurera toujours bien inférieure à celle souscrite pour une voiture neuve », explique-t-il.

Éternels classiques

Pour être certain de ne pas se tromper au moment de faire son choix, la stratégie la plus simple reste encore de miser sur les classiques. « Les modèles emblématiques, considérés comme exceptionnels dès leur naissance, le demeurent avec le temps comme la Type E ou la 2 CV », confirme Antoine Mahé, spécialiste chez Artcurial. « Une marque de prestige, la signature d’un grand carrossier ou d’un célèbre restaurateur sont d’excellents indices », illustre Alain Guillaume. Mais la règle d’or demeure celle de se faire plaisir. En effet, personne n’est à l’abri des fluctuations de cotes. « Les Porsche, très à la mode, sont victimes de leur surnombre.  De même, la Testarossa qui valait 50 000 € il y a cinq ans, a grimpé à 100 000 euros deux ans plus tard pour finalement retomber à 80 000 € aujourd’hui », prévient-il. 

Sybille Vié

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