Un an après avoir été nommé Directeur du bureau français de Fidelity International, Jean-Denis Bachot dévoile ses ambitions pour la société de gestion et revient sur l’actualité des marchés financiers, notamment en Europe et aux États-Unis.

Décideurs. En fin d’année 2015, Fidelity International a choisi de faire évoluer son organisation. Pouvez-vous revenir sur les différents mouvements qui ont eu lieu ?

Christophe Gloser qui était jusqu’alors Directeur des bureaux français et suisse est devenu responsable de la distribution pour toute l’Europe continentale et l’Amérique latine. En parallèle, il y a eu la création de deux lignes de métier. Celle consacrée au métier wholesale, qui a été confiée à Christophe Gloser, et celle dédiée aux institutionnels dont Steven Edgley est devenu le responsable. L’idée est de traiter la clientèle institutionnelle avec une force commerciale spécifique et pleinement adaptée à ses besoins. Nous avions aussi ressenti la nécessité de mieux coordonner les activités entre les différents pays d’Europe continentale. Cette nouvelle organisation nous permet de faire émerger plus facilement les best practices. À la suite de ces différents mouvements, j’ai donc été nommé directeur du bureau français et j’ai pris la présidence de notre société de gestion locale, FIL Gestion.

Il serait cohérent de rééquilibrer nos actifs sur le fixed income, l’immobilier et les fonds diversifiés

 

Quelles sont vos ambitions pour le bureau français ?

Le bureau français s’adresse à deux segments de clientèle spécifiques : les institutionnels et la distribution, autrement dit les intermédiaires (assureurs, banquiers, conseillers en gestion de patrimoine). Historiquement, Fidelity est reconnue pour son expertise sur les marchés actions. Nous bénéficions, en effet, d’une aura importante sur la partie equity, ce qui a pu éclipser quelque peu notre savoir-faire sur les autres classes d’actifs alors que celles-ci n’ont pourtant pas démérité  sur le plan de la performance. Tant et si bien qu’à ce jour, 80 % de nos encours sont positionnés sur les fonds actions. Nous souhaitons équilibrer cela. Dans un environnement marqué par une certaine aversion aux risques, il serait cohérent de rééquilibrer nos actifs sur le fixed income, l’immobilier et les fonds diversifiés afin d’être plus résilients à travers les cycles. C’est l’une de nos orientations stratégiques. Nous disposons d’outils de qualité et de gérants reconnus pour pouvoir passer ce cap. Elle répond également à un besoin de nos clients. Cette année, la collecte sur le marché fut de nouveau dirigée sur la partie obligataire et multi-asset. Les actions ne répondent peut-être plus parfaitement aux rendements ajustés du risque attendus par les investisseurs.

 

Votre offre à destination des conseillers en gestion de patrimoine est-elle amenée à évoluer ?

Nos clients souhaitent une approche plus ciblée pour ce qui est des services et des fonds. Nous leur présentons désormais une offre « focus » sur sept fonds, parmi les 190 OPCVM que nous distribuons en France. Cette liste ayant vocation à être réactualisée en fonction de l’actualité des marchés. Elle comporte trois fonds actions, deux produits multi-asset et deux OPCVM obligataires. Se focaliser sur un nombre de produits restreint nous permet de répondre aux besoins des clients et d’adapter nos solutions à l’environnement économique et financier. Les conseillers en gestion de patrimoine attendaient aussi de nous que l’on se positionne. En parallèle, nous mettons également en exergue des produits plus tactiques, actuellement un fonds immobilier et un fonds investi sur les pays émergents. Bien évidemment, les conseillers pourront continuer à investir sur les autres fonds. Nous avons fait le choix de développer une approche orientée solutions vis-à-vis de nos clients.

Le tissu économique aux États-Unis bénéficie d’une forte capacité d’innovation et d’un secteur technologique en pointe

 

Revenons également sur l’actualité des marchés financiers. À force de repousser sans cesse la hausse de ses taux, la Fed et l’économie américaine ne sont-elles pas en train de réduire drastiquement leurs marges de manœuvre en cas de retournement de leur cycle économique ?

Si les États-Unis arrivent en fin de cycle économique, il convient de ne pas oublier le rôle primordial qu’ont eu les banques centrales dans la résolution de la crise financière. Le travail a été bien fait. La situation économique américaine est très satisfaisante. Le chômage est notamment à un niveau extrêmement bas. Les différentes banques centrales me semblent avoir adopté la bonne politique de communication. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la situation de l’Angleterre aujourd’hui. Qui aurait cru qu’elle se serait aussi vite rétablie deux jours après le Brexit. Evidemment, toutes les interrogations ne sont pas encore levées. La Banque centrale anglaise (BoE) a choisi la voie de la croissance à tout prix en dévaluant sa monnaie. L’inflation en Angleterre sera donc une donnée à surveiller de près au cours des prochains trimestres. Quant à la BCE, elle a montré son incapacité à faire redémarrer l’économie réelle. Les importantes injections de liquidités ne se sont, en effet, pas transmises à l’économie. En Europe, nous allons donc devoir nous adapter à un environnement de taux bas encore quelque temps. La remontée des taux aux États-Unis, elle, se fera avec une très grande précaution de la part de Janet Yellen.

 

Attendu depuis plusieurs semestres, le rattrapage des marchés américains par les marchés européens n’est-il pas finalement une chimère ?

De toute évidence, les deux zones économiques ne sont aujourd’hui pas au même niveau. Si les États-Unis se trouvent en fin de cycle, je ne dirais pas la même chose de l’Europe. Reconnaissons toutefois que les niveaux de valorisation des sociétés américaines se trouvent au-dessus de leurs moyennes historiques. Je note par ailleurs une différence majeure entre l’Europe et les États-Unis. Celle-ci porte sur la croissance des bénéfices où le Vieux Continent affiche un net retard. Le tissu économique aux États-Unis bénéficie également d’une forte capacité d’innovation et d’un secteur technologique en pointe, deux vecteurs qui constituent des relais de croissance importants. Aujourd’hui, on note beaucoup de questions de la part des investisseurs au vu des valorisations. De là à parler de chimère ? Ce qui est certain, c’est qu’il y a un vrai retard des marchés européens.   

 

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

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