Les Français impliqués dans Panama Papers
Tout est parti du journal allemand Süddeutsche Zeitung qui a eu accès à 11,5 millions de documents de Mossack Fonseca, société spécialisée dans la création de sociétés offshore au Panama. Un véritable tremblement de terre qui vient remettre sur le devant de la scène mondiale les problèmes posés par des paradis fiscaux utilisés pour échapper à la fiscalité locale ou pour blanchir de l’argent sale. Nombre d'entre eux collaborent désormais avec les États pour prévenir des fraudes, notamment après les scandales Luxleaks et Swissleaks ou la pression de gouvernements exsangues suite à la crise de 2008. Mais à l’image du Panama, plusieurs maintiennent l'opacité. Une opportunité qui n’a pas échappé à des individus comme à des entreprises qui, grâce à Mossack Fonseca, se dissimulent derrière des sociétés écrans au montage complexe pour échapper à toute imposition. La société panaméenne, peu regardante, était réputée pour sa discrétion... jusqu'au piratage de ses données et leur divulgation.
Face à la masse d'informations couvrant la période 1977/2015, les journalistes se sont regroupés en consortium pour travailler dans la plus grande discrétion pendant plusieurs mois sur ces fichiers révélant des secrets financiers bien gardés. C’est le journal Le Monde qui au sein du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a débroussaillé le volet français et fait des révélations fracassantes le dimanche 3 avril.
Les politiques
Parmi les fraudeurs français du monde politique, on retrouve l’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac, propriétaire d’une société offshore aux Seychelles liée à des comptes au Panama. Le fonds d’investissement de Dominique Strauss Kahn, LSK, est aussi mis en cause pour évasion fiscale. Se retrouve également pris dans les mailles du filet le couple Balkani, qui n’aurait pas déclaré certains biens immobiliers à l’étranger ou le clan Guérini pour des dissimulations de surfacturations notamment. Quant au Front national, des personnes qui lui sont fortement liées à divers niveaux ou Jean-Marie Le Pen à titre personnel sont dans le viseur.
Les entreprises
Si le conglomérat Altice de Patrick Drahi est soupçonné d’avoir des activités financières douteuses au Panama, la cerise sur le gâteau vient de la Société générale. La banque est l’un des clients les plus importants de Mossack Fonseca : 979 sociétés offshore auraient été créées pour le compte de ses clients. De quoi dissimuler des sommes colossales au fisc français. Ses dirigeants ont d’ailleurs été prestement convoqués par le ministre des Finances, Michel Sapin, pour s’expliquer.
Parmi les autres sociétés françaises impliquées figurent la société lyonnaise GL Events, leader européen du secteur de l’événementiel, ainsi que les groupes d’exploitations pétroliers Geopetrol et Maurel & Prom.
Le sportif
Michel Platini apparaît parmi les dribbleurs fiscaux de Mossack Foseca. L’ancien patron de l’UEFA, déjà fortement impliqué dans une affaire de corruption au sein de la Fifa, est propriétaire d’une société offshore, Balney Enterprises Corp., domiciliée au Panama et créée onze mois après son élection à la tête de l’UEFA. S’il prétend avoir déclaré cette entreprise au régime fiscal helvétique, son activité n'en soulève pas moins quelques doutes.
Mais cette pratique ne concerne pas que les plus médiatiques fortunes hexagonales. Sur le millier de Français présents dans ces fichiers, 95 % ne sont pas connus du grand public... et ne le sont plus du fisc français ! L’État compte bien récupérer son argent et le gouvernement a pris la décision de remettre le Panama sur sa liste noire des paradis fiscaux.
R. T. et Q. L.