Sans détour ni langue de bois, Benoist Lombard porte un regard critique et constructif sur les évolutions qui affectent la profession de conseiller en gestion de patrimoine. Il nous livre par ailleurs son plan de route pour son second mandat à la tête de la CNCGP. Première partie.

Décideurs. Le soulagement doit être de mise pour les conseillers en gestion de patrimoine au regard de l’avancement des discussions autour de la directive sur les marchés financiers dite MIF 2  et celle sur la distribution d’assurances (DDA) ?

Benoist Lombard. Ces deux directives ont été adoptées et, effectivement, les craintes que l’on avait se dissipent. Concernant DDA, le terme d’intermédiation a été remplacé par celui de distribution. Ce changement est très important dans le sens où, désormais, quels que soient les canaux de distribution des produits d’investissements assurantiels, les mêmes règles devront s’appliquer. Sur MiFID2, la complexité des textes est telle que Jonathan Hill, le commissaire européen à la Stabilité financière, aux Services financiers et à l’Union du marché des capitaux, a demandé un report d’un an pour son entrée en application, initialement fixée en janvier 2017. En concertation avec nos régulateurs, la CNCGP travaille actuellement à la préparation de la transposition de ces directives en droit interne. À ce stade, la poursuite de nos actions de lobbying s’avère fondamentale.

 

Décideurs. Malgré vos nombreux appels à candidature, vous êtes le seul à vous présenter à votre propre succession à la tête de la Chambre nationale des conseils en gestion de patrimoine. Comment expliquez-vous l’absence de listes concurrentes ?

B. L. Le poste requiert un investissement personnel conséquent. Je comprends les craintes que cela peut inspirer. J’ose espérer aussi que les travaux accomplis sous ma mandature ont pu satisfaire mes confrères. Ils savent également que la présidence de la CNCGP nécessite l’organisation d’actions de lobbying importantes, une bonne connaissance des arcanes bruxelloises et une parfaite maîtrise de la construction des textes européens. L’attrait fort que j’éprouve pour la matière, liée entre autres à ma formation de juriste et mon expérience des affaires publiques, m’offre et la volonté et le bagage technique pour m'immiscer dans ces sujets. À ce titre, je me suis fortement impliqué en faveur de l’arrivée de Guy de Panafieu, ancien inspecteur des finances, au sein de la CNCGP. C’est un homme du sérail maîtrisant tous les circuits de compétences et de pression propres aux réseaux des affaires publiques. Et nous formons une équipe à la forte connivence, ce qui s’avère, bien entendu, indispensable.

 

Décideurs. Quelless sont vos ambitions pour ce second mandat à la tête du syndicat professionnel ?

B. L. La liste que je présente se nomme « Une ambition renouvelée ». Alors, je conserve mon ambition pour la CNCGP et je renouvelle aussi mon équipe puisque 40 % de mes colistiers se présentent pour un premier mandat. Mon programme est bâti autour de cinq axes forts. Le premier vise à la poursuite de notre lobbying gagnant, notamment lors des étapes de transposition des directives MiFID2 et DDA. Le second porte sur la création d’une task force. Je souhaite, en effet, bâtir une véritable force opérationnelle pour notre écosystème. Notre travail a déjà permis de fédérer l’ensemble des associations qui représentent notre profession, de la distribution à la création des produits d’investissement en passant par les épargnants. Des liens privilégiés ont ainsi été notamment noués avec la Fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite (Faider), l'Association française de la gestion financière (AFG), ainsi que la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA). Nous sommes ravis d’être aujourd’hui la courroie de transmission entre toutes ces associations et souhaitons poursuivre dans cette voie.

Notre troisième objectif concerne les questions liées aux affaires publiques et à la communication externe. Notre profession doit être connue et reconnue par nos responsables politiques et la haute administration. Il n’est pas normal que certains responsables politiques ne sachent pas ce qu’est un conseiller en gestion de patrimoine (CGP) ou un conseiller en investissements financiers (CIF), ou en aient seulement une vague idée. Les épargnants doivent par ailleurs mieux nous connaître. Pour cela, nous allons lancer des actions de communication auprès du grand public avec l’aide d’une agence de communication. Le quatrième axe de développement a trait au passage du statut de CIF-CGP à celui de CGP-CIF. Je m’explique. L’ADN du CIF comporte une anomalie, il regroupe deux métiers distincts qui n’ont pas de lien particulier. Ainsi, une partie des CIF pratique une activité de conseil en M&A tandis que l’autre réalise une activité de conseil aux particuliers. Autre question fondamentale, la reconnaissance des compétences acquises par nos collaborateurs dans le cadre du compte personnel de formation (CPF). Pour être éligible au CPF, les formations doivent remplir des conditions strictes dont l’une est leur validation par une structure paritaire. Or, tant pour les formations CIF que pour les formations IOBSP, l’absence d’organisation en branche professionnelle est un frein significatif à leur inscription au CPF. La reconnaissance de notre métier de CGP par la voie paritaire sociale nous semble, notamment pour cette raison, indispensable. 

 

Propos recueillis par Aurélien Florin 

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