Le président de la Bpifrance, Nicolas Dufourcq, revient sur les performances de sa banque et exprime ses ambitions pour cette année.

 

Décideurs. 1,5 milliard d’euros ont été investis par Bpifrance en 2014. Qu’en est-il pour 2015 ? Quelles sont vos ambitions pour l’année 2016 ?  

Nicolas Dufourcq. Bpifrance est la banque de l’hypercroissance. Nos encours auront crû de plus de 50 % entre 2013 et 2015. En 2014 en effet, les chiffres sont éloquents : 86 000 TPE, PME et ETI financées, 12,5 milliards d’euros de crédits pour l’investissement matériel et immatériel, 1,1 milliard d’euros pour l’innovation, 7,8 milliards d’euros de prêts des banques garantis, sept participations à des introductions en Bourse et une ETI sur trois cliente. C’est tout à fait comparable à l’activité PME d’une grande banque à réseau. Cette croissance s’est confirmée en 2015 : nous annoncerons prochainement des niveaux historiques d’activité. La marque Bpifrance est désormais bien installée dans le paysage bancaire français et ses solutions appréciées des chefs d’entreprise mais aussi de tous nos partenaires, établissements financiers, collectivités territoriales et professionnels avec qui nous travaillons en collaboration étroite.

L’année 2016 est cruciale pour l’établissement, pleine de défis inédits : mise en place d’une offre complète de financement et d’accompagnement à l’international avec la création de Bpifrance Assurance Export, l’activité garantie publique gérée précédemment par Coface, montée en charge de l’accompagnement en conseil de nos clients et participations et mise en place de nouveaux fonds d’investissement…

 

Décideurs. Pensez-vous avoir eu un impact dans le tissu économique français ?

N. D. Oui. Car tout ce que nous faisons, nous le faisons avec nos partenaires privés : banques et fonds d’investissement. Le retour que nous font les chefs d’entreprise lors de  nos manifestations comme BIG, Bpifrance Innovation Génération, en juin dernier ou encore les Rencontres de la Niaque le 20 janvier dernier à Lyon, nous encouragent à aller toujours plus loin. Les travaux de recherche et d’évaluation montrent également que notre rôle de déclencheur de l’initiative privée est essentiel. En matière de crédit nous n’intervenons qu’en cofinancement, souvent sur la partie immatérielle, plus risquée, laissant à la banque le financement des investissements matériels et de l’immobilier. Une grande partie des crédits accordés à la création, l’innovation ou le développement par les banques seules ne le serait pas si le risque n’était pas couvert par des fonds de garantie publics gérés par Bpifrance. L’innovation est un autre exemple : dans la partie financements et subventions, il y a très peu de fonds privés. Dans la partie fonds propres, c’est un peu différent mais le rôle d’un établissement comme le nôtre reste essentiel. Dans l’amorçage, nous participons en moyenne à 55 % des levées de fonds pour 45 % pour le privé. Au niveau du capital-risque, Bpifrance participe pour 30 % aux levées avec 70 % de contreparties privées. De l’argent public il y en a assez. Du privé ? Il en manque encore. Nous couvrons donc des failles de marché réelles sans coût pour les finances publiques.

 

« De l’argent public il y en a assez. Du privé ? Il en manque encore. »

Décideurs. Vous avez récemment annoncé vouloir soutenir les entrepreneurs. Comment comptez-vous faire ?

N. D. Les dirigeants de PME sont trop souvent seuls. Leurs plans stratégiques visent parfois seulement 2 % de croissance annuelle. Pour penser en mode conquête, il faut s’arrêter, réfléchir, quitter sa bulle un instant. D’où le service Initiative Conseil, lancé en 2013 : tout chef d’entreprise peut demander un audit stratégique, assuré par un partenaire extérieur et pris en charge à 50 % par la banque. En 2015, 200 patrons de PME en bénéficient, cette année, 400. Si, par exemple, ce conseil préconise la croissance externe, Bpifrance offrira alors ses services d’appui aux fusions-acquisitions. Depuis le printemps 2013, une petite équipe se charge de faire le lien entre PME et banques d’affaires régionales. Mais l’offre d’accompagnement est variée et favorise avant tout la mise en relation : avec les pairs au sein du réseau Bpifrance excellence, qui réunit 3 000 entrepreneurs ambitieux, mais aussi, autre exemple, avec les grandes entreprises et l’écosystème de l’innovation pour les start-up, PME et ETI engagées dans nos différents accélérateurs. Nous souhaitons vraiment contribuer à casser les barrières entre PME et donneurs d’ordre, mais aussi ouvrir des fenêtres à des entrepreneurs trop souvent solitaires.

 

Décideurs. Quel type de mesures peut-on attendre de la BPI cette année pour favoriser l’innovation ?

N. D. Nous restons ambitieux dans le financement de l’innovation malgré les très fortes contraintes budgétaires pesant sur les dotations publiques finançant les aides individuelles et subventions. Nous mobiliserons au maximum les ressources du Feder pour l’innovation, mais également celles des nouvelles régions et du Programme des investissements d’avenir (PIA). Nous allons également accélérer sur les prêts d’innovation sans garantie qui devraient croître de 50 % par rapport à 2014.

 

Décideurs. Quels sont les secteurs d’activités qui accueilleront le plus de vos investissements cette année ?

N. D. D’abord, je dois dire que nous sommes très actifs dans l’industrie. L’innovation et les start-up attirent beaucoup la lumière, mais elles ne sont pas du tout majoritaires dans notre action. De même, notre implication est remarquablement répartie sur tout le territoire. Nous finançons donc tous les secteurs d’activité, à quelques exceptions près comme la presse ou les infrastructures. Nous accompagnerons donc tous les projets des entreprises françaises, de la start-up à la grande entreprise, en France et à l’étranger, et ça c’est nouveau. Elles doivent profiter de la reprise en cours pour moderniser leurs équipements, innover et se lancer à l’international si leur activité s’y prête, mais qu’elles hésitent encore. Notre mission, c’est d’accompagner non pas des secteurs mais des champions. C’est ainsi que nous « servons l’avenir ».

 

Propos recueillis par Richard Trainini.

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