Pour le directeur général de Schelcher Prince Gestion il est clair que la BCE et la Fed sont en train de se livrer à une guerre des taux. Un duel qui devrait selon toute vraisemblance favoriser la stabilisation de la parité euro dollar.

Décideurs. 2015 a été marquée par un affaiblissement de l'euro face au dollar. Cette parité est-elle amenée à se stabiliser ?

Sébastien Barbe. La Fed et la BCE sont en train de se livrer une guerre des taux. Leur objectif est peut-être de laisser la parité de change euro dollar au niveau actuel. Deux forces puissantes s'opposent en zone euro. D'un côté, une tension à la baisse engendrée par les très importantes sorties de capitaux obligataires, supérieures à 500 milliards d'euros en 2015. De l'autre côté, une tension à la hausse tirée par les 350 milliards d'euros d’excédents de balances courantes. Jusqu'à alors seule l’Allemagne se démarquait par ses exportations. La France elle-même a su redresser sa balance courante. Aujourd'hui ce que j'appellerai la ligne Draghi, c'est-à-dire une parité d'un euro pour 1,15 dollar, est un seuil que la BCE ne souhaite pas franchir. Dès qu'elle s'en approche, la Banque centrale n'hésite pas à réagir. À l'inverse, lorsque la parité se rapproche d'un euro pour 1,05 dollar, ce sont les Américains qui ripostent. Les intérêts des deux banques centrales vont à la stabilisation de la parité euro dollar. Cet environnement n'est cependant pas une très bonne nouvelle pour l'ensemble des actifs financiers. L'une des raisons de la bonne tenue des marchés de la zone se trouve dans la baisse de l'euro face au dollar. Sans ce moteur de performance, on va voir qu'il est difficile de créer de la valeur sur les marchés.

 

Décideurs. Faut-il se tenir éloigné du marché des obligations à haut rendement américain ?

S. B. Comparativement au marché du haut rendement européen, le marché américain est plus mauvais en termes de rating. En Europe, nous n'avons pas d'inquiétude profonde sur le cycle économique et sur une éventuelle dégradation des bilans des entreprises. Pour autant, nous n'irons pas sur ce marché la fleur au fusil. Un ralentissement économique aux USA aura nécessairement des incidences sur le marché européen. Nous restons, en conséquence, prudents sur la maturité des emprunts obligataires et privilégions les durées inférieures à trois ans.

 

Décideurs. Les obligations convertibles sont-elles une classe d'actifs pertinente pour les investisseurs qui feraient le pari d'une remontée des marchés actions ?

S. B. Chaque année, je fais partie de ceux qui critiquent les obligations convertibles : elles sont toujours soit trop chères, soit concentrées sur les secteurs ou les valeurs qu’on n’a pas forcément envie d’acheter.  Malgré tout, depuis 20 ans, lorsque l'on regarde la performance glissante sur cinq ans, on s'aperçoit que l'indice convertible fait aussi bien que de bons fonds flexibles. C'est une grande leçon. Cela donne une idée du coût implicite d’opportunité induit par la promesse client d’un fonds flexible : protéger quand ça baisse et faire le mieux possible quand ça monte. Du coup, le potentiel de performance de cette classe d'actifs, en relatif, est réel, surtout pour un gérant sachant détecter les belles opportunités. De nombreuses émissions sont attendues début 2016. Des émissions primaires j’espère particulièrement intéressantes si elles offrent une décote significative aux investisseurs. En 2015, les marchés européens des convertibles ont signé une performance proche de 6 % (autant que les actions). Attention cependant à ne pas aller sur ce marché uniquement pour leur rendement car celui-ci est désormais souvent négatif. 

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

Retrouvez la suite de cet entretien dans l'édition 2016 du supplément « Gestion de patrimoine & gestion d'actifs » de Décideurs Magazine.

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