Le groupe Rothschild se porte bien. Orientation future, recrutements, opérations récentes, Grégoire Chertok, associé-gérant, fait le point sur la banque de réputation mondiale.

Décideurs. Les Trophées des leaders de la finance furent un véritable plébiscite pour vos équipes puisque vous avez été lauréat dans trois catégories. Quelles sont les raisons du succès de votre maison ?

Grégoire Chertok. Je vois trois principales raisons à ce succès. La première tient à mon sens à nos équipes. Depuis vingt-cinq ans, la qualité de notre recrutement et la fidélisation des talents qui composent notre maison sont notre principale préoccupation. À ce jour, nous disposons d’une équipe de 140 professionnels parmi les meilleurs de la place. La seconde raison est liée au choix que nous avons fait d’accompagner nos clients sur le long terme. Lorsque nous estimons qu’une opération n’est pas en accord avec les intérêts de nos clients, nous n’hésitons pas à les dissuader de la réaliser. Un positionnement qui met en lumière notre approche « médecin de famille ». La troisième raison est en quelque sorte la synthèse des deux premières. Durant les années de crise du M&A entre juillet 2007 et décembre 2013, un grand nombre de nos concurrents anglo-saxons ont réduit la voilure en France et baissé sensiblement leurs effectifs. Rothschild & Cie a fait le choix inverse de conserver un effectif constant et même de continuer à recruter. Nous avons également tout mis en œuvre pour entretenir un dialogue continu avec nos clients. Ainsi, lorsque le marché est reparti en 2014, il y avait une forme de logique à ce que ces entreprises nous fassent confiance pour les accompagner dans leurs projets. Cette stratégie est en réalité intimement liée à notre logique de privilégier le long terme, et ce, aussi bien avec nos équipes que dans le rapport que nous avons établi avec nos clients.

 

Décideurs. Un accent particulier a également été mis sur le développement des métiers de conseil en equity advisory et debt advisory.

G. C. Effectivement, en parallèle de notre activité dédiée aux opérations de fusions-acquisitions, nous avons développé une practice de conseil en financement dette et equity, et sur les questions de rating. Cette activité est aujourd’hui conduite par cinq associés gérants basés à Paris : Anne-Laure Kiechel, Vincent Danjoux, François Wat, Arnaud Joubert et Éric de Lacroix-Vaubois. Ces différentes expertises et notre statut de maison indépendante nous permettent de maintenir un échange avec les entreprises à tout moment de leur vie. Les opérations de M&A étant, à l’inverse et par définition, plus rares.

 

Décideurs. Quel dossier met particulièrement en lumière votre capacité à accompagner les entreprises sur le long terme ?

G. C.  Tous nos clients peuvent témoigner de notre esprit de long terme. Par exemple, alors même que le rapprochement entre Publicis et Omnicom ne s’est pas concrétisé, les liens de confiance et de fidélité que nous avons bâtis avec Publicis nous ont permis d’intervenir sur le rachat par le groupe français du spécialiste américain du marketing numérique Sapient.

 

Décideurs. Un autre dossier a animé l’année 2014 : celui du rapprochement entre Lafarge et Holcim. Quelles ont été les principales spécificités de l’opération ?

G. C. Avec le dossier Alstom-General Electric, cette opération conduite par Grégoire Heuzé et François Wat est assurément la plus emblématique de 2014. Ce rapprochement entre les deux firmes est intéressant à plus d’un titre. Elle fait en effet l’objet d’une fusion entre deux sociétés de tailles équivalentes. Ces opérations de fusion entre égaux sont toujours délicates. Un équilibre devait être trouvé dans la gouvernance du nouvel ensemble mais aussi entre les intérêts de deux États : la France et la Suisse. La fusion a, en outre, soulevé de nombreuses questions relatives au droit de la concurrence avec des cessions d’actifs majeurs réalisées en un temps record. Le tout en prenant en compte le fait qu’il s’est écoulé de nombreux mois entre l’annonce et la réalisation de l’opération.

 

Décideurs. Au-delà de cette actualité florissante, quel futur se dessine pour Rothschild & Cie ?

G. C.  Le groupe Rothschild se porte très bien. Avec près de 900 banquiers dans le monde, il occupe une des premières places mondiales dans le conseil en fusions-acquisition et le conseil en financement. Notre modèle de banque indépendante de long terme voulue par David et Alexandre de Rothschild est sorti renforcé des crises de la période 2007/2013. Nous avons pris des positions clés dans les pays émergents, notamment en Chine, au Brésil et en Russie. Nous cherchons à développer notre présence nord-américaine.

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