Plus que de dons, l’État a besoin de mécènes privés pour pérenniser patrimoine et création. Et il entend bien le faire savoir.
« L’État ne peut pas tout », déclarait Lionel Jospin. Plus que jamais, il a besoin de financement. Et pour coordonner l'action publique et privée, il s’est doté depuis 2003 (loi Aillagon) d’une mission mécénat au sein des ministères de la Culture et de l’Écologie. Son objectif : rapprocher les acteurs et les sources de financement et « en finir avec le vieux monde où l’État encaisse des recettes et les réinvestit », ironise un spécialiste rue de Valois. Désormais, « la gestion de l’intérêt collectif et la générosité doivent être partagées ».
Pour cela, l’État développe depuis 2008 un outil privilégié de mécénat, le fonds de dotation. Il est aussi simple à créer qu’une association et se finance comme une fondation. Du CHU de Nîmes au Musée Picasso, de Marseille à Paris, son succès est incontestable.
Autre outil : la fondation d’entreprise. Créée à l’initiative commune des ministères, des chambres de commerce et d’industrie, des notaires et des experts-comptables, elle regroupe plusieurs dizaines d’entreprises régionales (Mécène et Loire, Mécènes Catalogne, Mécènes Caen Normandie…) qui souhaitent participer au « rayonnement et au développement économique de leur territoire ».

Le chiffre : 2000 fonds de dotation ont été créés entre 2008 et 2015 

Focus : UN FONDS DE DOTATION À LA MAIRIE DE PARIS

Déjà testé à Marseille en 2013 avec « Patrimoine et art contemporain », le fonds de dotation arrive à la mairie de Paris. Anne Hidalgo s’explique : « Depuis vingt-cinq ans, les financements privés complètent les financements publics. Je souhaite développer les modes de financement innovants en faisant appel au mécénat. »
Totalement autonome et tourné vers la préservation du patrimoine et de la culture, ce fonds, « et non cette fondation », précise-t-on en interne, permet d'encourager le mécénat privé. Il allie la simplicité de constitution et de fonctionnement de l’association à la capacité juridique étendue d’une fondation – recevoir dons et legs.
Les projets identifiés profiteront de cette mixité de financements à travers des fonds versés à la ville ou au département qui feront l’objet d’une affectation spéciale et définitive. Quant à la gouvernance du fonds, il sera assuré par un conseil d’administration et présidé, selon toute vraisemblance, par une ancienne collaboratrice de Laurent Fabius devenue directrice de la communication de Bertrand Delanoë, Anne-Sylvie Schneider.

Julien Beauhaire 
Visuel © Luc Viatour

Retrouvez l'entretien de Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication « Il est hors de question que l’État se désengage de la politique publique de mécénat »

Cet article fait partie du dossier : Quand le mécénat réinvente la générosité 





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