Arsene super Taxand à la conquête de la planète fiscale
Le cabinet parisien ultra-spécialisé en fiscalité se démarque de ses concurrents par un esprit de cohésion des équipes et un tissage unique à l’international, grâce au réseau Taxand. Ainsi, la firme déploie sa clientèle à une vitesse impressionnante avec, en point d’orgue, un département prix de transfert fortement reconnu sur le marché.
Des avocats caricaturés en superhéros. Voilà la carte de vœux 2011 du cabinet Arsene Taxand (Les associés). Un concept original, non dénué d’humour, pour une équipe hyperspécialisée en droit fiscal. Ce savant mélange d’autodérision et d’expertise semble faire partie des ingrédients du succès de cette jeune et déjà solide maison. Mais ce ne sont pas les seuls.
Tout d’une grande
Créée en 2004 par Frédéric Donnedieu de Vabres et Olivier Vergniolle, la petite structure parisienne a aujourd’hui tout d’une grande : 60 avocats, dont 17 associés, et un chiffre d’affaires dépassant un million d’euros par partner. Son histoire, récente, mais riche en événements, est au cœur de l’identité d’Arsene.
Deux ans après la fusion d’Ernst & Young avec Andersen France, Frédéric Donnedieu de Vabres, son dirigeant, et Olivier Vergniolle, associé expert en fiscalité des transactions, décident de s’associer pour créer leur propre cabinet. Arsene est né, volontairement éloigné des Big - les géants anglo-saxons du conseil juridique. L’expérience les ayant dissuadés de toute tentative de globalisation des compétences, ils veulent une entreprise fondée sur l’intuitu personae, le collectif et l’esprit d’équipe. Comme business model, «?nous avons dessiné un mouton, pas un loup?» selon les mots d’Olivier Vergniolle.
Une construction millimétrée
Le premier à rejoindre le duo Arsene en septembre?2004 est Roland Schneider, fiscaliste de formation qui a également fait ses armes chez Andersen. Dans une démarche de développement d’une offre globale de leur spécialité, le cabinet a ensuite accueilli Alain Recoules, grand spécialiste en fiscalité indirecte. Puis, François Lugand, expert en fiscalité immobilière, a pris les rênes du département immobilier et y consacre une pratique transactionnelle et contentieuse. L’activité regroupe ainsi le conseil et l’accompagnement des fonds, des SIC, des promoteurs, et pour une large part des investisseurs internationaux. Stratégiquement, tous les associés connaissent la fiscalité du patrimoine, mais aucun d’entre eux ne lui est dédié.
Antoine Glaize, spécialiste en prix de transfert (lire l'encadré), les rejoint en 2006 pour compléter l’offre de services aux clients. Au même moment, Michel Taly, énarque, quitte Landwell et prend en charge l’offre de services de stratégie et de contentieux fiscaux. En mars?2010, Nicolas Jacquot, lui aussi précédemment chez Landwell, vient renforcer les équipes contrôle et contentieux, énergie et environnement et le conseil aux dirigeants. Sa qualité de conseiller en charge de la fiscalité au sein des cabinets des ministres de l’Économie, des Finances et du Budget entre?2004 et?2007 fait de lui un fiscaliste généraliste de pointe. Les deux dernières recrues en septembre?2010 sont Mirouna Verban et Frédéric Teper, également anciens d’Andersen. La première complète l’offre fusions-acquisitions et restructuration du cabinet. Le second est un spécialiste de la fiscalité du private equity et des fusions-acquisitions.
Synergies inespérées
Avec les six cooptations successives depuis 2004, les équipes sont composées aussi bien de généralistes que de spécialistes et tendent à un équilibre entre les différents domaines du droit fiscal. Les deux associés-fondateurs sont experts en fusions-acquisitions pour l’un et fiscalité internationale pour l’autre. Pour construire leur entreprise, ils ont ajouté les composantes fiscales essentielles en fonction des évolutions du marché et des opportunités : immobilier, prix de transfert, fiscalité indirecte, private equity. Puis, la structure s’est développée sur le marché de manière autonome, en bénéficiant de synergies inespérées des autres cabinets qui, reconnaissant son expertise, recommandent Arsene à leurs clients.
L’identité d’Arsene Taxand s’est donc construite sur une culture commune et une expérience partagée chez Andersen par les fondateurs. À ces valeurs viennent s’ajouter celles de l’entreprenariat, de méritocratie, de partage, et surtout de «?maverik?» : ce mot de vocabulaire propre aux anciens d’Andersen désigne le souci de rassembler de vraies personnalités qui, comme dans le film Le Cercle des poètes disparus, sont en mesure d’aborder sous un angle nouveau le sujet examiné. Olivier Vergniolle insiste sur le caractère d’exigence du partnership du cabinet : «?Chaque associé participe au modèle de croissance, notamment en termes de conseil sur lequel le cabinet a une vraie capacité à se développer.?»
Affirmer leur identité
Forts de leurs expériences et de leurs convictions, les associés d’Arsene cherchent à affirmer leur identité face à leurs nombreux concurrents sur le marché : les Big, l’institution CMS Bureau Francis Lefebvre et les cabinets d’avocats qui se sont dotés d’un département droit fiscal. D’avis d’initiés, Arsene rime avec pointure, hyperspécialisation et fiscalité tournée vers l’entreprise.
Pour Arsene, le défi demeure la prise du premier contact. Pour gagner du terrain, la structure développe le relais d’un associé à l’autre, ce qui mobilise beaucoup d’énergie et demande des efforts quotidiens fournis sans relâche. Cette approche pragmatique constitue un réel potentiel pour les années à venir. Mais déjà conforté par les succès de ses équipes, Olivier Vergniolle clame avec enthousiasme : «?Nous essayer, c’est nous adopter !?»
Le réseau Taxand
La réussite de la firme doit également beaucoup au développement de leur réseau, Taxand, créé par Frédéric Donnedieu de Vabres dix-huit mois après Arsene. Grâce aux liens constitués avec des cabinets du monde entier - plus de 2 000 fiscalistes -, 99?% des besoins du cabinet sont comblés. Taxand est «?la clé de développement de notre activité?», analyse Frédéric Donnedieu de Vabres.
L’accompagnement des clients participe à l’assise de la marque. Taxand permet à la firme de se distinguer de la démarche globale des Big. «?Notre positionnement est fondé sur le réseau Taxand, dans cinquante pays, avec cinquante cabinets, des équipes de coordination, des calls réguliers, des trainings et un business development en commun?».
Frédéric Donnedieu de Vabres défend son modèle : «?Les Big travaillent aujourd’hui grâce à un large réseau particulièrement fort sur le marché américain et anglais. Nous avons développé notre stratégie adaptée à leur force de frappe colossale?». L’organisation du réseau est solide, efficace, et permet d’apporter sur le marché une vision nouvelle du conseil fiscal. Peter Meredith, directeur fiscal Bouygues construction et client d’Arsene Taxand, témoigne de l’attractivité du réseau : «?Nous avons pris contact avec Antoine Glaize grâce au réseau Taxand qui nous conseille aux États-Unis sur une opération de construction à Miami. Aujourd’hui, Arsene Taxand nous assiste sur l’ensemble de notre politique de prix de transfert et nos obligations documentaires en France.?» Agrégés par la qualité, ses membres augmentent ainsi leur réactivité et leur force de frappe.
Superhéros
Le modèle équilibré de la structure a permis de rassurer rapidement les associés de l’opportunité de leur choix, et leur donne aujourd’hui raison. Rien qu’en 2010, le partnership a augmenté de 30?%. Le cabinet estime par ailleurs son chiffre d’affaires 2010 à 18,5?millions d’euros (pour 18,3 en 2009). Les associés souhaitent dépasser la barre des cents avocats, ce qui, ils en ont conscience, modifiera entièrement la physionomie du cabinet. L’essentiel reste de conserver la cohésion des équipes et la souplesse de fonctionnement, socle de la structure.
Dans cette optique, en 2008, le cabinet a renforcé ses fondations en s’implantant à Paris, rejoignant du même coup son barreau. Les superhéros sont désormais prêts à partir à conquête de la planète.