C. Olive et M. Pigeon (Osborne Clarke) : "Comment la RSE irrigue le droit et ses acteurs ?"

Décideurs. L’édition 2023 du Baromètre des Entreprises, réalisé par Eurogroup Consulting pour BFM Business, montre cette année encore que la RSE est un des sujets qui occupent le plus les acteurs économiques. Qu’en est-il pour vous ?

Catherine Olive. C’est un sujet profondément structurant pour notre cabinet parce qu’il irrigue l’ensemble de notre stratégie en France comme au niveau du réseau ­international.
Nous en avons fait l’un  des socles de notre croissance raisonnée et responsable, et, dès la fin de l’année 2020, de notre offre aux entreprises à travers notre stratégie 3D.

Pouvez-vous nous expliquer votre stratégie 3D et en quoi répond-elle à des objectifs de RSE ?

Maxime Pigeon. La stratégie 3D est une approche des besoins de nos clients au travers de trois des grands enjeux de transformation sociétale  :

- transformations liées à la transition numérique (digitalisation) ;
- transformations liées aux nouveaux modes de vie et d’organisation urbaine (dynamiques urbaines) ;
- transformations nécessaires à la transition énergétique et au changement climatique (décarbonation).
Nous avons été assez précurseurs en proposant notamment des services et compétences dédiés aux enjeux de ­décarbonation.
Nous avions alors la profonde conviction que ces enjeux allaient irriguer tous les sujets de développement de l’entreprise : investissement, RH, gouvernance, supply chain, distribution, fiscalité, immobilier…
Nous avons la chance d’accompagner des entreprises très innovantes et des entreprises plus traditionnelles avec lesquelles nous dialoguons sur ces enjeux ­sociétaux.

C’est en cela que vous dites que les sujets RSE irriguent votre quotidien dans toutes les directions ?

Catherine Olive. Exactement, comme celui de nos clients, dans la perspective aussi aujourd’hui de la transposition de la Directive CRSD (Corporate Sustainability Reporting Directive) du 14 décembre 2022 et du rapport de durabilité qui s’imposera peu à peu à bon nombre d’entreprises et de cabinets d’avocats. Nous sommes dans un dialogue permanent avec nos clients sur leurs enjeux et leurs innovations. Les solutions juridiques que nous construisons ensemble nous passionnent et nous interrogent également en tant qu’entreprise du droit. À ce titre, il est clé pour nous que nos équipes soient réellement parties prenantes de cette réflexion. Nous avons lancé l’année dernière un concours interne auprès de nos collaborateurs pour réfléchir aux offres clients autour de notre stratégie 3D (décarbonation, digitalisation et dynamiques urbaines). Neuf groupes de travail composés d’avocats multi-expertise ont ainsi imaginé et développé chacun une offre spécifique en s’emparant des enjeux de transformation et de RSE. Cela a débouché sur des propositions structurées en lien, notamment, avec l’évolution des obligations de reporting, l’économie circulaire ou encore le métavers.

Ces sujets nous poussent à remettre en question les modèles et les acquis et à être curieux et créatifs. Ils donnent aussi beaucoup de sens à notre travail au quotidien. Cette quête de sens est précisément un des enjeux du monde du travail aujourd’hui et les cabinets d’avocats n’y échappent pas !

 

"Nous sommes dans un ­dialogue permanent avec nos clients sur leurs enjeux et leurs innovations. Les solutions juridiques que nous construisons ensemble nous passionnent et nous interrogent également en tant qu’entreprise du droit"

 

Donc vous vous appliquez à vous-mêmes les solutions que vous élaborez avec vos clients ?

Catherine Olive. Nos clients nous challengent et nous inspirent, c’est certain. Dans cette recherche d’innovation et de transformation, notre gouvernance internationale a accueilli en 2022 un nouveau CTTO (Chief Technology and Transformation Officer) qui structure et coordonne les efforts de nos équipes informatiques, de développement d’interfaces clients (OC Solutions) et plus largement de conduite du changement, pour développer et mettre en œuvre des initiatives qui optimisent notre efficacité opérationnelle à l’échelle internationale.

Par ailleurs, nous sommes particulièrement concernés par la décarbonation de nos activités. Nous sensibilisons nos équipes aux enjeux de la décarbonation, notamment via notre comité RSE et les actions autour de notre bilan carbone. Notre activité n’est pas la plus énergivore, mais nous avons toujours des marges de progression. Nous avons ainsi mis en place des actions très concrètes, telles que le tri des déchets, le recyclage et achats responsables, la rationalisation des déplacements et  la mise en place d’une flotte de vélos partagés. Nous réfléchissons également aux bonnes pratiques de décarbonation du numérique.

S’agissant du volet humain et gouvernance de la RSE, nous sommes là aussi dans une dynamique vertueuse entre l’interne et l’externe. Nous assistons nos clients sur leurs chartes, leur gouvernance et leurs politiques structurantes en la matière.

Et nous-mêmes, associés d’Osborne Clarke, n’envisageons notre cabinet que comme une structure ouverte qui s’enrichit de cultures et personnalités fortes de leur diversité. Nous cultivons la transversalité, les complémentarités et l’intelligence collective.

Concrètement qu’est-ce que cela implique au-delà des paroles et déclarations d’intention ?

Maxime Pigeon. Nous sommes très attentifs à ce que nos orientations en matière de RSE s’incarnent dans des actions et réalisations tangibles et mesurables.

Ces exigences prennent donc corps dans plusieurs programmes, notamment de sensibilisation, formation, progression et globalement gestion des carrières.

Les questions relatives à la diversité, l’inclusion, l’équité et l’égalité des chances sont au cœur de nos préoccupations. Nous avons, à ce titre, mis en place plusieurs actions parmi lesquelles :

Diversité & Inclusion (D&I) :

- Nous avons lancé en septembre un cycle de formations D&I à destination de l’ensemble du cabinet dont la première thématique traitée a été celle des biais ­inconscients.

Égalité des chances :

- Dans le cadre du Google Legal Summer Institute, nous accueillons un étudiant en stage pendant deux mois. Ce programme a pour objectif d’offrir un stage à des étudiants en droit venant de milieux sociaux sous-représentés dans les professions juridiques et faisant preuve de plus de difficultés dans l’accès à l’emploi.

- Nous avons créé, en partenariat avec la direction juridique de l’un de nos clients, un programme d’ateliers à destination d’étudiants d’une faculté peu représentée dans les grands cabinets. Ces ateliers visent à accompagner les étudiants sélectionnés dans leur recherche de stage et leurs choix universitaires/de carrière.

Parité :

- Nous avons mis en place au sein du cabinet un guide de bonnes pratiques autour de la parentalité afin de nous assurer que la maternité et la paternité soient accompagnées avant, pendant et après le congé.

- Chaque année, deux avocates counsels de notre bureau participent au Women Talent Pool Leadership Programme de l’association Women in Leadership. Il s’agit d’un programme de dix-huit mois dont l’objectif est de développer les compétences en leadership des avocates de notre cabinet, élargir leur réseau et créer des opportunités business.

Enfin, nous attachons une importance particulière à la formation de nos collaborateurs en accord avec les valeurs et la culture ­Osborne Clarke. Nous souhaitons mettre à leur disposition tous les outils nécessaires pour les accompagner dans leur progression de carrière. Ainsi, nous avons déployé cette année un programme de formations très étoffé notamment pour nos seniors et counsels.  Accompagner et faire grandir nos talents est notre priorité. Nous avons à cœur de créer un environnement qui motive chacun à donner le meilleur dans le respect des différences et des aspirations, au bénéfice de nos équipes et de nos clients.