Peltier Juvigny Marpeau & Associés constitue une référence pour les avocats français traitant des dossiers financiers. Frédéric Peltier ­revient sur les évolutions du cabinet et les grands enjeux qui traversent la profession. Son rôle est centré aujourd’hui sur la transmission de son expérience à ses associés et à ses collaborateurs.

Décideurs. Comment votre cabinet évolue-t-il depuis sa création?

Frédéric Peltier. Peltier Juvigny Marpeau & Associés a été créé en 2014. Nous avions l’ambition de devenir une boutique de référence sur les enjeux stratégiques des sociétés – notamment sur les opérations de concurrence-concentration, d’actionnariat, de haut de bilan et de financement, ainsi que sur le restructuring. Il s’agit d’étapes sensibles dans la vie d’une société et de son développement. Très vite, le bien-fondé de notre positionnement a été reconnu et nous avons acquis une certaine notoriété. Aujourd’hui, les clients font appel à nous sur l’ensemble de ces sujets, mais également sur le volet droit social, une compétence de notre cabinet depuis l’arrivée d’Aurélie Fournier. Nous intervenons aussi régulièrement sur des dossiers de M&A pour de grands groupes et pour les levées de fonds des licornes françaises avec Julie Herzog.

Qu’est-ce qui distingue votre cabinet de ses concurrents?

C’est la forte culture contentieuse que nous avons développée. Cela se traduit dans nos activités de conseil par le fait de privilégier la prévention des contentieux. Il existe « deux gènes forts » dans notre ADN. Le premier est axé sur la résolution des conflits. Notre objectif est de « sortir de l’étau judiciaire » et de régler les problèmes en empruntant autant que faire se peut la voie transactionnelle. Cela étant dit, il n’est pas toujours possible d’éviter le recours au contentieux. Le second gène de notre cabinet, c’est la prévention du conflit. Notre priorité est toujours celle-ci : que pouvons-nous faire pour que la situation ne dégénère pas ? Par exemple, dans l’ensemble des dossiers M&A, il ne suffit pas de protéger les intérêts immédiats de notre clientèle dans une négociation, il faut aussi s’interroger sur les scénarios possibles en se questionnant sur la solution à privilégier en cas d’échec, c’est-à-dire si ça ne se passe pas aussi bien que prévu.

Nous essayons également de ne pas être dépendants d’un secteur économique ou d’un type de client. Nous faisons attention en choisissant nos dossiers à ne pas nous retrouver en situation de dépendance ou bien de conflit d’intérêts de type économique. Nous cultivons notre indépendance.

Pensez-vous que la pandémie ait accru le recours aux voies non judiciaires?

Au cours des premiers mois de confinement et de ceux qui ont suivi, il y a eu en effet un recours accru à d’autres modalités de résolution des conflits, les tribunaux étaient confinés eux aussi… Plusieurs de nos dossiers ont été solutionnés par la voie transactionnelle. Depuis, la tendance est de tenter systématiquement la résolution des conflits à travers la médiation ou la conciliation. C’est une évolution qui me va très bien. Nous pouvons certes affronter rudement les conflits au tribunal, mais nous préférons recourir à la solution amiable lorsque l’autre partie se trouve dans le même état d’esprit.

« Notre objectif est de "sortir de l’étau judiciaire" »

Comment s’est développé votre réseau de « best friends » à l’international?

Notre réseau s’est développé grâce aux dossiers que nous avons traités avec des avocats que nous avons choisis. La force du mécanisme des « best friends » repose sur des intérêts communs centrés sur les clients, leur dossier, et non pas sur la firme. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la création de Peltier Juvigny Marpeau & Associés. Je ne souhaitais pas voir ma capacité d’argumentation limitée par des considérations internes à mon cabinet. Aujourd’hui, nos confrères sont principalement situés en Belgique, au Luxembourg, en Italie et en Espagne également.

Comment recrutez-vous vos associés et vos collaborateurs?

Aujourd’hui, je laisse les associés du cabinet se choisir entre eux et j’apporte principalement un avis consultatif. Quant à moi, j’ai toujours sélectionné des confrères que j’estimais professionnellement et humainement. Il faut évidemment des personnes très investies dans leurs dossiers, mais il faut surtout d’autres qualités essentielles : le respect de l’autre, la reconnaissance de l’indépendance de chacun et de ses choix propres à son épanouissement.

Et les départs?

Plusieurs de nos collaborateurs ont quitté le cabinet pour exercer en entreprise ou bien au sein d’autorités administratives indépendantes (AAI). Ce sont des motivations compréhensibles dans une carrière. Aujourd’hui, l’on passe facilement d’avocat à juriste d’entreprise, deux métiers qui sont devenus équivalents.

« La force que vous devez ­déployer est celle de vos ­arguments »

Pourquoi êtes-vous devenu avocat?

Je suis devenu avocat en 1996, après quelques années passées au sein du groupe BNP en qualité de responsable des activités de haut de bilan à la direction juridique. J’ai eu l’opportunité à l’époque de pouvoir intégrer la banque Rothschild. Mais mon sentiment était qu’il fallait que je devienne avocat. Le critère qui a alors été déterminant pour prendre ma décision, et qui m’a été révélé après une rencontre avec David de Rothschild, fut la robe associée à l’avocat. Je voulais plaider. Ce qui m’intéresse dans mon métier, c’est de développer une force de conviction, de chercher des solutions pour résoudre des conflits et de convaincre un tribunal ou un tiers ­facilitateur. J’estime avoir beaucoup de chance, parce que je fais un métier qui me passionne.

Un conseil à donner aux jeunes avocats?

Je leur dirais qu’être avocat c’est encaisser un stress important et parfois être confronté à la violence des enjeux de ses clients. Pour autant, il ne faut pas reproduire cette violence avec ses confrères et la laisser à l’écart des discussions. Le conseil à donner, c’est celui-ci : toujours penser à respecter ses pairs, même si vous voulez que la cause de votre client l’emporte. La force que vous devez déployer est celle de vos arguments, ça peut être un combat rude, mais sans ­violence.

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