Le cabinet Galembert Avocats, piloté par Noémie de Galembert, affiche une croissance de 25 % sur l’année 2022. Respectant une ligne directrice clairement définie – le contentieux d’actionnaires et le contentieux lié à la gouvernance des entreprises –, les six avocats de la maison interviennent chaque année sur une cinquantaine de dossiers. Principalement pour le compte d’investisseurs. Entretien.

Décideurs. Quels sont les événements qui ont marqué la vie de votre cabinet en 2022 ?

Noémie de Galembert. Notre implication dans chaque dossier porte ses fruits. La preuve : nos clients nous recommandent régulièrement. Si bien que notre cabinet affiche cette année, comme les années précédentes, une très belle croissance. Nous avons d’ailleurs dû recruter un nouvel avocat et j’ai promu un collaborateur clé au rang de counsel. Notre cabinet croît, mais uniquement de façon organique. C’est, à mon sens, le seul moyen de s’agrandir de manière saine et pérenne. Il n’est en effet pas question de mener une quelconque politique de croissance externe qui pourrait déséquilibrer la structure. C’est une stratégie qui, pour l’instant, nous réussit et qui nous permet d’envisager de recruter un nouvel avocat junior au premier semestre 2023.

Sur quels types de dossiers intervenez-vous ?

Nous traitons des dossiers présentant des enjeux financiers stratégiques, uniquement dans le cadre de contentieux de haut de bilan. Une discipline qui compte à la fois le contentieux d’actionnaires, le contentieux M&A et le contentieux autour de la gouvernance des entreprises. Nos clients sont des investisseurs, dirigeants ou non, minoritaires ou majoritaires. Nous intervenons également en représentation de collectifs de managers investisseurs dans les opérations de LBO. En somme, nous intervenons dès lors qu’une situation conflictuelle est identifiée dans le capital de l’entreprise ou en amont/aval des opérations d’acquisitions. Nous avons l’intention de conserver ce positionnement pour continuer à avoir une activité clairement définie et lisible pour les acteurs de ce marché qui nous font confiance. Ce positionnement nous a permis d’intervenir sur une cinquantaine de nouveaux dossiers dans le courant de l’année 2022.

Dans chaque dossier, cherchez-vous toujours à transiger ?

Le contentieux est un outil, rarement un objectif pour nos clients. Dans de nombreux dossiers sur lesquels nous intervenons, nous arrivons à désamorcer le conflit avant saisine des juridictions. Dans tous les autres cas, il faut effectivement introduire ou défendre une procédure judiciaire mais les intérêts et positions des parties évoluent dans le temps et de nouvelles fenêtres de négociations apparaissent. Lorsque le conflit s’enlise, les clients que nous accompagnons peuvent être personnellement affectés par la situation ; il faut tenir compte de la capacité de chacun à supporter un litige au cours duquel seront débattues les questions de loyauté, de transparence, de performance ; ce n’est jamais complètement neutre. Il existe par ailleurs certains cas, rares, dans lesquels le temps est un atout pour le dossier.

Intervenez-vous également pour des fonds d’investissement ?

Nous accompagnons quelques fonds ou certaines de leurs sociétés en portefeuille, mais de façon plus résiduelle. Il s’agit pour la plupart d’acteurs que j’ai eu l’occasion de croiser dans le cadre de dossiers, parfois de l’autre côté d’ailleurs ! Ils savent donc comment je travaille et connaissent l’ADN de notre cabinet. Ce qui est certain, c’est qu’ils sont aujourd’hui très présents sur le marché et me paraissent moins frileux aux contentieux qu’ils ne pouvaient l’être il y a dix ans.

La présence grandissante des fonds d’investissement sur le marché limite le nombre de contentieux post-acquisition. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Les acteurs industriels, lorsqu’ils réalisent une opération de M&A, attendent de réelles synergies sur le plan industriel. Les fonds d’investissement, de leur côté, savent qu’ils prennent un risque. Leur “money time” n’est pas le même et ils peuvent mieux supporter les effets déceptifs d’une acquisition dans un portefeuille qui en compte plusieurs. Ils doivent aussi préserver leurs relations dans une industrie qui compte des acteurs qui se retrouvent souvent sur les opérations. Par ailleurs, ils ne consentent ou n’exigent presque pas d’engagements post-closing de type ­“garantie de passif ”. À l’exception des désaccords sur les ajustements de prix qui se règlent en expertise, les opérations entre fonds d’investissement génèrent par conséquent moins de contentieux. 

L’année 2022 a été divisée en deux temps sur le marché du M&A et du private equity. Le premier semestre s’est avéré particulièrement dynamique. Le second, plus tempéré. Avez-vous également vécu une année à deux vitesses ?

J’ai effectivement observé un début d’année très dynamique et un deuxième semestre moins actif en raison, notamment, des difficultés de financement et de l’instabilité générale de l’économie. Mais cela n’est pas de nature à bousculer notre activité. Il existe un décalage entre le moment où le marché se tend et le moment où un conflit éclate. Le contentieux intervient toujours avec une certaine inertie. Quoi qu’il en soit, toute période d’instabilité sur le plan économique a un impact sur notre activité. Lorsqu’il y a beaucoup de liquidités sur le marché, les acteurs montrent un certain appétit. Et plus il y a d’opérations, plus il y a de sources de conflits. De la même façon, dans les périodes plus tendues pendant lesquelles les situations financières se tendent, les problématiques de gouvernance émergent. C’est en réalité lorsque le marché est tempéré, sur un régime de croisière, que les conflits sont moins ­nombreux. 

Les experts prévoient un marché atone en 2023 et une situation économique globalement délicate… Est-ce également votre avis ? Cela risque-t-il de bousculer votre activité ?

Nous risquons effectivement de voir plusieurs contentieux naître dans les douze prochains mois. Les financements seront a priori beaucoup plus difficiles à obtenir et la dette plus difficile à servir. Ce qui risque d’engendrer des situations de crise, notamment en cas de liquidité contractuellement prévue en 2023. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose que le marché se calme. Les entreprises doivent pouvoir aussi gérer leur activité, notamment en temps de crise, sans avoir comme première préoccupation l’optimisation de la sortie de leur actionnaire.

Nous n’aurions de toute façon pas pu continuer sur la lancée de 2021 et de 2022. ­Plusieurs éléments vont venir bousculer la vie des entreprises en 2023. Je pense, entre autres, au coût de la matière première ou de l’énergie qui vont, dans certains secteurs ­davantage que dans d’autres, nécessairement affecter durablement leurs résultats ­opérationnels. 

 

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